Retour intense, parfois irrespirable, de l'excellente série de Thomas Lilti
Encore plus tendue et chaotique que les deux précédentes saisons, celle-ci s’ouvre sur une séquence anxiogène où le docteur Alyson Lévêque, désormais membre de SOS médecins au début de cette saison, tente de sauver la vie d’un homme au cœur d’une cité HLM. Thomas Lilti, médecin de formation, continue de tirer la sonnette d’alarme sur l’état désastreux du service public hospitalier français, et son incapacité à accueillir correctement les plus défavorisés. Hippocrate est un brûlot politique, mais surtout une grande série après avoir été un grand film. Le scénariste réalisateur n’a plus besoin d’expliciter son propos. Tout passe par sa mise en scène, les images sidérantes qu’il convoque, si terrifiantes et absurdes qu’on passe sans cesse de l’incrédulité à l’angoisse, de la colère au rire. Réduite à six épisodes, cette saison est pourtant la plus émouvante, marquée par un sentiment d’urgence omniprésent que capte magistralement son intense troupe de comédiens. Cette puissante série pose au final une question : quand le système hospitalier ne peut plus remplir sa mission, les médecins doivent-ils entrer en rébellion ? Par ailleurs, le système narratif joue sur la question du tri des patients avec beaucoup d’empathie, et le cinéaste choisit très bien ses sujets, leur contemporanéité, dont le traitement des personnes âgées et la santé mentale des jeunes générations. Cette troisième saison est aussi celle d’après les applaudissements aux fenêtres du Covid, celle qui dit qu’il ne s’est finalement rien passé. Thomas Lilti donne ici le meilleur de lui-même avec un regard sans pitié sur la politique et la société.
Hippocrate saison 3, mais aussi les deux premières saisons, sont à voir ici pour 6,99€, un mois sans engagement à Canal+ séries à souscrire ici.