Le beau langage viscéral et aquatique de la chorégraphe Blanca Li

Publié le par Michel Monsay

Le beau langage viscéral et aquatique de la chorégraphe Blanca Li

En 2023, Blanca Li mettait en scène Didon et Énée que le chef d’orchestre William Christie dirigeait avec son ensemble des Arts Florissants. Nommée cette année à la présidence de la Villette, la chorégraphe espagnole, qui a aussi bien travaillé avec Pedro Almodovar ou Daft Punk que Jean-Paul Gaultier et Beyoncé, a décidé de créer un an plus tard, une chorégraphie inspirée de cet opéra. Après Dijon, Arcachon, plusieurs villes espagnoles, Didon et Énée poursuit sa route après s'être arrêté quelques jours à l'espace chapiteaux de La Villette à Paris. Un corps à corps magnifique avec la musique et les émotions qu’elle dégage et qui irradie le corps des danseurs sur un plateau noir aquatique. Didon et Énée est une des œuvres les plus poignantes du répertoire baroque, racontant l'amour sincère mais tragique entre Didon, reine de Carthage, et Énée, futur fondateur de Rome. Blanca Li réinvente ce récit en créant un spectacle qui transcende les époques et mêle les styles entre classique, contemporain, hip-hop, ou poses fluides héritées de Pina Bausch. À l’ouverture, les dix danseurs se tiennent côte à côte dans un rectangle de lumière. Ils semblent jouer de la musique, instruments invisibles, mains qui tirent l’archet ou tiennent la flûte et c’est ainsi, musiquant en silence, que la spirale de Purcell prend leurs corps. Elle va les habiter d’un bout à l’autre de la pièce, et la matière de leurs dix corps différemment utilisés, va modeler et donner à voir tout l’univers de ce drame. Blanca Li semble s’être donné pour règle que la danse respire la musique : les corps se vrillent, s’élancent, se spiralent pris par cette rythmique particulière à Purcell, et la chorégraphe les assemble en ligne, en cercles, en diagonales. Quelques lignes de danseurs joliment arrangés en frise grecque donnent, ici et là, la note antique. D’autres, assemblés en étranges et monstrueuses pyramides, donnent corps aux sorcières. Didon, on le sait, est reine de Carthage, aux rivages baignés par les flots. Son amant Énée la quittera par la mer. L’eau est le seul accessoire que Blanca Li se permet. Peu après le premier tableau, la scène est arrosée et les danseurs vont une heure de rang évoluer dans des figures qui mêlent magnifiquement les glissades et les éclaboussures à la danse. Un spectacle très visuel pour illustrer le seul et très bel opéra de Henry Purcell, datant de 1689, où la subtile beauté des lumières en clair-obscur fait merveille, où l’eau miroite sensuellement sur scène, et où la grande qualité des dix interprètes nous emporte.

Didon et Énée est à voir le 13 février à Garges les Gonesse, le 19 mars à Saint-Germain en Laye.

Le beau langage viscéral et aquatique de la chorégraphe Blanca Li
Le beau langage viscéral et aquatique de la chorégraphe Blanca Li
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Publié dans Spectacles

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