Fascinante comédie romantique intense, folle et imprévisible

Publié le par Michel Monsay

Fascinante comédie romantique intense, folle et imprévisible

Avec Anora, Palme d’or au Festival de Cannes, Sean Baker nous entraîne dans une odyssée sentimentale à travers les marges étincelantes de l’Amérique, où se mêlent l’amour et la fureur, les éclats de rire et les larmes. Sean Baker, cinéaste américain de 53 ans, s’intéresse depuis le début des années 2000 aux marginaux, dépeignant avec tendresse les personnages de la face cachée de l’Amérique. La beauté de ces œuvres réside dans le traitement humaniste de ses protagonistes, qu’ils soient migrants échoués, pauvres en galère, transsexuels, toxicomanes ou prostituées, et ce, loin de tout misérabilisme. En adoptant leur point de vue, Sean Baker aborde avant tout des déceptions sentimentales et des rêves de contes de fées, tout en explorant les enjeux de déclassement social. Visuellement, il équilibre les éléments sordides et scintillants, mettant face à face deux facettes de la société américaine. Dans Anora, il pousse encore plus loin les curseurs. La comédie est hilarante, la romance bouleversante, et le parcours de l'héroïne fascine. Il ne juge personne et favorise immédiatement l’empathie, respectant la complexité des personnages et creusant les clichés pour révéler leur humanité. Cette approche authentique passe par un juste équilibre entre l’humour et le drame, offrant de véritables moments de comédie. Inattendue, émouvante, qui survient par pointillés, cette comédie romantique déconstruit magistralement le rêve américain. Drôle et féroce, et c’est la prouesse du film, Sean Baker n’en oublie pas la violence, la tristesse de ces corps épuisés, sommés de se vendre pour s’acheter une place dans ce monde. Le film est porté par l’énergie d’un casting brillant qui donne tout, avec à sa tête une révélation, Mikey Madison, prodigieuse dans le costume d'Anora, révélant une créativité stupéfiante pour la facétie qui n'a d'égale que l'émotion qu'elle peut dégager dans les scènes les plus dramatiques. Citons aussi Mark Eydelshteyn, sorte de Timothée Chalamet burlesque et Yuri Borisov, droopy hilarant, que l'on avait beaucoup aimé dans Compartiment n°6. Anora donne un coup de projecteur bienvenu sur le cinéma indépendant américain qui connaît actuellement quelques difficultés. Ce conte de fées des temps modernes tout en énergie survoltée, entre Scorsese et les frères Coen, mâtiné de thriller et de comédie, est aussi une satire puissante du capitalisme.

Publié dans Films

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