Passionnante traversée du surréalisme dans les arts
Avec près de 500 œuvres et documents, l'exposition Surréalisme au Centre Pompidou retrace plus de quarante années d’une exceptionnelle effervescence créative autour du surréalisme dans la peinture, la sculpture, la photographie mais aussi dans la littérature et le cinéma. Dans sa scénographie, l’exposition s’est inspirée des expositions historiques du surréalisme et de leur volonté d’émerveiller, faisant même appel à un magicien pour créer dès l’entrée une atmosphère onirique. De plus, Surréalisme montre enfin ces artistes femmes comme Léonora Carrington, Dorothea Tanning, Dora Maar et Léonor Fini qui, elles aussi, ont pris part au mouvement en créant de très belles œuvres. Il y a vingt-deux ans, lors du dernier accrochage consacré au mouvement, seules trois œuvres signées par des femmes y étaient alors exposées. Dès l'entrée de l'exposition, le Centre Pompidou nous plonge dans cet univers fantasque, bizarre, coloré, parfois drôle, parfois dérangeant, parfois poétique. Le long d’un parcours en spirale, treize chapitres se suivent, chacun défini par un thème (forêts, nuit…), un nom (Alice, Mélusine…) ou une notion (rêve, érotisme, cosmos…). Toute la diversité de l'art surréaliste est représentée pour les 100 ans du mouvement à travers ses plus grands artistes : Salvador Dali, Max Ernst, René Magritte, Giorgio de Chirico, Victor Brauner,... et les femmes citées précédemment. Ils font, de façons très diverses et changeantes, surgir des formes, des figures et des espaces tels qu’on n’en avait jamais vu auparavant, et continuent à dérouter et à magnétiser le regard des décennies plus tard. Ces artistes ont détourné les procédés habituels de la représentation picturale pour donner à voir ce qui n’existe que dans les songes, ils ont ouvert des territoires immenses et inventé des mondes, qu’ils ont arpentés jusqu’à leur mort. Pour se délecter de cette impressionnante exposition, il faut d’abord franchir les portes de l’Enfer, du nom du cabaret situé boulevard de Clichy, à Paris, où les surréalistes aimaient parfois se retrouver. Il avait pour façade la gigantesque gueule ouverte d’un monstre aux dents acérées, reproduite pour l’occasion. On ressort de Surréalisme avec le tournis tant la révolution orchestrée par les surréalistes a touché toutes les disciplines, générant à travers le monde une extraordinaire diversité de styles et de techniques. On réalise combien ce mouvement ouvert aux femmes, antitotalitaire et anticolonialiste, qui mettait sur un pied d’égalité cultures occidentales et non européennes, résonne encore avec notre époque.
Surréalisme est à voir au Centre Pompidou jusqu'au 13 janvier.