Thriller fascinant dans la tête d'un tueur à gages
David Fincher réussit un film subtil et troublant, où excelle Michael Fassbender en génie du crime insensible et compulsif. Avec la promesse d’efficacité de son titre, The killer prend quelque peu le spectateur à contre-courant en s'affirmant comme un film d’auteur, échappant à l’étiquetage facile, et volontiers plus complexe qu'il n'y paraît. Tour à tour reptile et félin, ce tueur sans nom est un enfant du Samouraï joué par Alain Delon pour Jean-Pierre Melville, du Killer hong-kongais de John Woo ou encore du driver que filmait Nicolas Winding Refn dans Drive. Autant de corps blindés, de cerveaux mécaniques, de pros pour qui l'expression d'une quelconque humanité ouvrirait une faille dangereuse. Lumière glacée, cadrages très précis, montage carré et sans écueil… la mise en scène de David Fincher épouse avec classe et sobriété l'esprit mathématique de son personnage, avec aussi une fascination pour le geste méthodique et la solitude monacale de son tueur. À pas silencieux, l'ange de la mort infiltre toutes les strates de notre société, et à travers cet ouvrier indépendant du crime, le cinéaste nous raconte le monde d'aujourd'hui et son rapport au travail, son film étant comme le témoignage fascinant de l'ubérisation du meurtre. Avec ce thriller épuré à l’efficacité redoutable, millimétré comme son personnage principal à la voix off introspective déroutante, adaptation d’une bande-dessinée française, on peut voir une sorte d'autoportrait de David Fincher, connu pour ses obsessions, sa précision et sa cérébralité.
The killer est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.