Remarquable fresque tragique sur la cupidité humaine
Killers of the Flower Moon est l'adaptation du livre de David Grann revenant sur la série de meurtres dont a été victime la communauté Osage dans les années 1920 en Oklahoma. Martin Scorsese y réunit pour la première fois derrière sa caméra ses deux grands acteurs fétiches, Robert De Niro et Leonardo DiCaprio, autour de l'impressionnante Lily Gladstone, le cœur émotionnel du film . À 80 ans, Martin Scorsese livre une œuvre poignante jonglant entre le polar, le western romantique, la tragédie horrifique, la fresque historique et le devoir de mémoire. Killers of the Flower Moon met en lumière le peuple Osage et le sort des stéréotypes, dont toutes les tribus indiennes ont été victimes historiquement et cinématographiquement parlant, pour les laisser raconter leur propre histoire. L'immense cinéaste explore ainsi la disparition d’une culture, voire son invisibilisation au fil des décennies, avec une incroyable ambition. Parallèlement, quand il filme l'extinction commanditée des Osage, il semble conter aussi l'extinction d'une forme de cinéma, celui qu’il veut préserver à tout prix des dérives hollywoodiennes. Car oui, le cinéma a cédé aux sirènes de l'argent, les grands studios préférant compiler les œuvres sans saveur plutôt que de prendre le risque qu'elles ne soient pas hyper rentables. Avec Killers of the Flower Moon, reposant sur une narration à l'opposé des préférences du grand public, Martin Scorsese prend tous les risques. Il déploie une fresque criminelle épique, violente, mais surtout amère et funèbre sur la cupidité et la cruauté humaine, en nous rappelant que le cinéma est un art et non une industrie d'abêtissement collectif. Robert De Niro, qui livre une grande performance, et Leonardo DiCaprio sculptent de leurs visages des masques grimaçants pour croquer toute l’ignoble cupidité de leurs caractères. Par contraste, Lily Gladstone, impériale, arbore une expression minérale, juste zébrée d'éclairs d'amour, de peur ou de dégoût. C’est sur les épaules de cette splendide figure féminine que repose Killers of the Flower Moon, Scorsese dénichant dans son regard silencieux et mélancolique le révélateur des terribles exactions dont sa communauté est victime, en miroir du massacre des populations autochtones sur lequel s’est construit l'Amérique.
Ci-dessous trois bandes-annonces différentes et complémentaires :