Une comédie policière élégante et ironique
A peine échappé de l’Allemagne nazie, Douglas Sirk signe un polar soigné, spirituel, porté par une direction artistique au cordeau. Ce film appartient à la période la moins connue de l’œuvre de Douglas Sirk, entre ses mélodrames allemands des années 1930 et ceux, flamboyants, tournés à la fin de sa carrière américaine (1954-1958). De 1942 , il venait d’arriver à Hollywood, à 1954, il toucha à tous les genres : le polar psy, le film de guerre, le péplum, la satire sociale… Il réalisa surtout ce Scandale à Paris, drôlissime fantaisie en costumes sous influence de Billy Wilder, dont il disait que c’était l'un de ses films préférés. Cette variation très libre sur la vie de Vidocq où il s’affranchit de tout réalisme lui permet, en effet, d’exercer sa divine ironie en abordant son thème de prédilection : le poids du passé et comment s’en libérer. George Sanders, interprète idéalement élégant, est moqueur et ambivalent à souhait. Avec ce film rocambolesque, caustique mais délicat, Douglas Sirk se replonge avec délice dans la vieille Europe, celle des jeux de masques, et y oppose le bien et le mal de manière pleinement symboliste. Ce Scandale à Paris, tout en arabesques et en ruptures de ton, évoque à la fois Max Ophuls et le Sacha Guitry des Mémoires d’un tricheur. L’Empereur de Paris, remake de Jean-François Richet, en 2018, avec Vincent Cassel dans le rôle de Vidocq, n’a pas le charme de cette version légère et mordante de 1946.
Scandale à Paris est à voir ici pour 9,99 €, un mois sans engagement à Molotov tv.