Droit dans le mur !
Le 11 mai dernier, Emmanuel Macron appelait, lors de sa présentation à l’Élysée du plan « Accélérer notre réindustrialisation », à une « pause » dans la réglementation environnementale européenne. C'était déjà hallucinant de bêtise et de déni. Hier soir, c’est au tour du Sénat, dominé par la droite, d’avoir opéré, non pas une pause, mais un coup brutal de rétropédalage, en rouvrant grand la porte aux pesticides. Entre autres mesures phares, le texte adopté permet au ministre de l’Agriculture de suspendre l’interdiction de pesticides décidée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Il autorise aussi la pulvérisation de produits phytosanitaires par drones (encore plus « efficaces » qu’un pulvérisateur terrestre) et propose de repousser de trois ans – jusqu’en 2025 – le moment où les menus des cantines devront proposer au moins 20 % de produits bio. Et pourtant, en 2012, le Sénat avait pointé les ravages des pesticides sur la santé dans le cadre d’une mission sénatoriale. Et pourtant, lundi 15 mai, une étude scientifique majeure démontrait que les pesticides et engrais, utilisés par l’agriculture intensive, sont entre autres LE premier facteur, devant le bouleversement climatique, de l’effondrement des oiseaux européens. En près de quarante ans, 60 % des populations des oiseaux des champs ont disparu. Les sénateurs ont décidé de fermer les yeux sur l’immense hécatombe en cours. Preuve, s’il en fallait, que la bataille face aux géants de l’agrochimie est loin, très loin d’être gagnée… Écœurant !