Beauté et tragédie des Peuls du Sahel
Peuple millénaire et traditionnellement nomade, les Peuls représentent environ 35 millions de personnes, réparties dans une quinzaine de pays d’Afrique, majoritairement au niveau de la bande sahélienne. Pascal Maitre, photographe du temps long, spécialiste du continent africain, côtoie ces populations depuis de nombreuses années. Lauréat pour ce projet de l’édition 2020 du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière, en partenariat avec l’Académie des beaux-arts, il a passé deux ans à rencontrer les Peuls du Sahel, entre Mali, Niger, Burkina Faso et Bénin. Il expose à Paris, au Pavillon Comtesse de Caen, une quarantaine de photographies de ce projet. Un travail rendu possible grâce aux 30 000 euros de dotation et au financement de l’exposition, car dans certains pays comme au Niger, il était obligé d’avoir une escorte, ce qui lui coûtait 650 euros par jour. Avec trois thématiques : les fêtes, la vie quotidienne et les conséquences des tensions entre communautés, ces photos offrent un témoignage profond sur ces hommes et ces femmes se trouvant face aux turbulences terribles qui ébranlent la région du Sahel. Publié dans les plus grands magazines et quotidiens internationaux, à 67 ans Pascal Maitre s’est toujours attaché au reportage au long cours, à l’enquête géopolitique et au traitement d’une problématique dans son entièreté. Sorcier de la couleur, il documente de façon remarquable, toujours avec rigueur, une communauté qui a traversé les âges et qui se retrouve aujourd’hui confrontée au réchauffement climatique et aux tourments qui frappent cette région de l’Afrique, que lui-même qualifie de « bombe à retardement » avec le danger de la radicalisation djihadiste. Avec des textes et légendes détaillées, des cartes précises, il a voulu que cette exposition soit la plus complète et pédagogique possible.
Peuls du Sahel est à voir au Pavillon Contesse de Caen du Palais de l'Institut de France jusqu'au 4 décembre.