Un très bel album à la mélancolie tantôt dansante tantôt émouvante
Le prolifique Benjamin Biolay fait les grandes heures de la chanson française depuis deux décennies déjà, à travers son propre répertoire, ou celui qu’il écrit pour les autres. Personnel et sentimental, Saint-Clair est un disque cousu de sonorités rock, riche en riffs et en guitares qui font penser au groupe américain The Strokes, influence assumée par le chanteur, qui portent sa voix chaude et ses ballades aériennes. Titré en hommage à la ville de Sète, où il réside désormais la plupart du temps, après y avoir passé beaucoup de vacances enfant, Benjamin Biolay se fend de dix-sept titres qui rappellent par moments La Superbe, double album majestueux dans lequel il avait laissé tout son talent s’épanouir. Saint-Clair diffuse son charme notamment avec Les Lumières de la ville, titre où son sens mélodique surprend à nouveau, dans les petits décrochés d’un refrain qui ressemble à un chemin de traverse plutôt qu’à une autoroute pop. Mais aussi avec (Un)Ravel, la confession sans fard d’un homme qui doute toujours, De la beauté là où il n’y en a plus, tout en envolées classieuses, ou Santa Clara, un très beau duo en forme de western symphonique avec Clara Luciani. Sur l'ensemble de l'album, tout roule fenêtre ouverte, vers cette chanson rock dont il connaît les codes par cœur, qu’il s’amuse à travestir de disco, Pieds nus sur le sable, d’électro de fin de nuit, Numéros magiques et habille toujours de sa prose d’amoureux perpétuel, jouisseur invétéré ou écorché repenti. Benjamin Biolay a beau aimer la vitesse, on le suit d'ailleurs avec plaisir, c’est dans ses moments calmes qu’il nous emporte complètement. La puissance des mélodies, les arrangements audacieux, les refrains entêtants, les images véhiculées par les textes, et ce timbre voluptueux, Benjamin Biolay livre un excellent dixième album, enregistré en analogique, sans programmation ni ordinateur, qui oscille entre une belle énergie et une émotion dont il a le secret.