Un mélodrame bienveillant et subtil, lumineux et douloureux
Avec ce cinquième long métrage, Rebecca Zlotowski signe à la fois un très beau portrait de femme et une histoire d’amour où la bienveillance l’emporte sur la rivalité, où la masculinité accepte sa part féminine et où les archétypes se déconstruisent par un pas de côté. Avec l’intelligence qu’on lui connaît et une délicatesse plutôt nouvelle, la cinéaste interroge sur les liens du cœur aussi forts que ceux du sang, sur le besoin de maternité, sur les multiples façons de créer une famille, à travers le cas d’une fille simple et généreuse qui ne renonce jamais. Une histoire plutôt banale, mais la justesse des situations et la bienveillance des personnages la transforment en une fugue sentimentale follement touchante, avec une fois n'est pas coutume un rôle de belle-mère qui n'est ni caricatural ni secondaire, mais profond et bouleversant. On vibre à l’unisson des émotions de Virginie Efira, magnifique de talent et de volupté, d'une justesse désarmante, trois semaines après Revoir Paris, d'Alice Winocour, l'actrice touche à nouveau en plein cœur. En face d'elle, Roschdy Zem, joue, lui, un autre versant de la masculinité pour la cinéaste, après l’autorité et le charisme au cœur de son rôle de président de la République dans la formidable mini-série télévisée Les Sauvages. L’auteure l’envisage ici dans la pulsation paternelle et dans la sensualité tranquille, et l’alchimie entre les deux embrase l’objectif. Du premier au dernier plan, Rebecca Zlotowski, aussi inspirée quand elle met en scène l'ivresse sentimentale de ses personnages ou les dialogues entre l'héroïne et la fille de 5 ans de son amoureux, excelle à enregistrer ces petits riens qui font parfois les plus beaux films, et qui racontent notamment la mélancolie des rendez-vous ratés avec l'existence, mais aussi l'excitation des rendez-vous réussis avec le désir, l'érotisme et la joie consolatrice. Rebecca Zlotowski allie une grande maturité dans son travail et dans sa vision des fils qui unissent les êtres. L’élégance, la fluidité sans chichis de sa mise en scène, et la combinaison d’un classicisme formel avec un regard contemporain font tout le sel de ce film remarquable.