Magnifique série à fleur de peau
Tout commence comme dans n’importe quelle série adolescente : c’est le jour de la rentrée pour Sasha qui vient de déménager avec sa famille et fait son arrivée dans un nouveau lycée. Sur ce canevas bien identifié, la créatrice Yaël Langmann, également coréalisatrice, brode une histoire singulière et universelle qui bouleverse et galvanise. Chair tendre s’empare d’un sujet inédit en fiction française : Sasha est née intersexuée, c’est-à-dire dotée de caractéristiques physiques qui ne correspondent pas aux stéréotypes du masculin et du féminin. À mille lieues du film-dossier, Chair tendre, prix de la meilleure série française au dernier festival Séries Mania, ose le clair-obscur, y compris dans sa splendide photographie, déboussole avec bonheur par ses airs de chronique naturaliste à l’anglaise, réveille par son inventivité joueuse et son humour qui bataillent au coude-à-coude avec la souffrance. Entre sa volonté de pédagogie et un parti pris de mise en scène radical, Chair tendre maintient un équilibre qui tient du miracle. Il y a des séries comme ça, qui vous marque durablement par une très belle réalisation et des interprètes incandescents, notamment l’héroïne et sa jeune sœur, toutes deux remarquables, mais aussi les autres jeunes acteurs qui les entourent et les adultes. La série épouse très justement les humeurs et la violence verbale adolescente, passant de l'explosion de rire à la boule au ventre, tout en sachant être nuancée. Son sens du détail, son rythme, sa construction, tout est réuni dans cette série qui, sans escamoter la brutalité ni la complexité, parvient à partager un récit épidermique, osant avec vivacité, l’émotion et l’humour.
A voir ici ou sur le replay de France 5.