Bouleversante épopée dont on ne ressort pas indemne

Publié le par Michel Monsay

Bouleversante épopée dont on ne ressort pas indemne

Dès la première page, l’Américaine Jeanine Cummins sait attraper son lecteur, le tenir en haleine, lui insuffler son rythme et sa peur. C’est tout un monde sauvage et misérable que l'écrivaine nous ouvre. Celui des filles violées par les hommes des cartels et les flics des frontières. Celui des adolescents qui meurent dans le désert. Celui des familles qui se font voler leurs derniers dollars et renvoyer derrière les grilles et les murs mexicains. La romancière sait à la fois décrire des situations politiques, historiques, sociales, et se pencher sur des cas individuels en leur donnant de la chair et de l’émotion. Son talent de conteuse et son long travail de documentation lui ont permis d'écrire ce roman d'une puissance rare, qui a suscité l’appétit de neuf maisons d’édition alors que ses trois premiers ouvrages avaient eu un succès modeste. Au terme des enchères, Jeanine Cummins a signé un contrat à sept chiffres. Son livre s’est écoulé à 1 million d’exemplaires en vingt-deux semaines, et a été encensé par Stephen King comme par Don Winslow, qui a vu en lui « Les Raisins de la colère de notre époque ». American Dirt plonge au cœur d’un voyage de tous les dangers, pour rendre compte de la détermination des exilés qui n’ont plus rien à perdre. D’une écriture fiévreuse mais qui ne tremble pas devant l’horreur de certaines histoires individuelles, Jeanine Cummins décrit précisément les risques encourus par les infortunés voyageurs, comme les mécanismes de solidarité qui se mettent en place, notamment entre les femmes, les plus vulnérables du périple. La romancière déploie ce qu’il faut de pudeur et de colère pour brosser le portrait en creux d’une Amérique qui refuse de regarder en face la détresse de ses voisins, et tenter d'éveiller les consciences.

Publié dans Livres

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