Un mélodrame familial intense et fascinant

Publié le par Michel Monsay

Un mélodrame familial intense et fascinant

"Frère et sœur" condense à lui seul tout ce qui fait la grandeur du cinéma d’Arnaud Desplechin. D’abord, comme à son habitude, c’est un film très écrit. L’art, le théâtre, la littérature sont présents à travers les personnages principaux, laissant libre court au cinéaste pour faire rouler son sens du romanesque. C'est un film sensuel, âpre, tourmenté, scandé de brusques instants de douceur. On y hurle et on y chuchote. La caméra, toujours merveilleusement placée, enchaîne de sublimes gros plans, scrute les tremblements d’une paupière, s’attarde sur un regard dans le vague. Les images sont la langue naturelle d'Arnaud Desplechin. Il n’a pas peur des mots non plus. C’est un athlète complet du cinéma, qui pourrait être le fils du grand Bergman. "Frère et Sœur" renoue avec la veine de "Rois et Reine" et "Un conte de Noël" autour des liens conflictuels des membres d'une famille : Secrets, mensonges, trahisons et autres blessures profondes, le cinéaste éclaire un puits de sentiments enfouis. Comme toujours chez le cinéaste, les comédiens ont une partition de haut vol à jouer, qui leur permet d'exprimer totalement l'étendue de leur talent, d'autant qu'ils sont admirablement dirigés. C'est bien sûr le cas ici avec Marion Cotillard et Melvil Poupaud, mais aussi avec les rôles secondaires qui ne sont pas en reste, à l'image de Golshifteh Farahani et Patrick Timsit. A 61 ans, Arnaud Desplechin est décidément l'un des cinéastes les plus passionnants de notre époque, outre la maîtrise et la virtuosité qui transparaît dans chacun de ses films, et celui-ci en est un parfait exemple, de même que les épisodes réalisés pour la deuxième saison de "En thérapie" avec Suzanne Lindon, il y a le magnifique regard qu'il pose sur ses comédiens tout en étant un redoutable explorateur des tréfonds de l’âme humaine.

Publié dans Films

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