Hymne à la famille burlesque, mélancolique et déchirant

Publié le par Michel Monsay

Hymne à la famille burlesque, mélancolique et déchirant

Panah Panahi, le fils de Jafar Panahi à qui l'on doit les très beaux "Trois visages", "Taxi Téhéran" ou "Le ballon blanc, livre un premier film débordant d’humanité, de tendresse et de poésie en adoptant le format de la tragi-comédie. "Hit the road" est un road-movie qui réjouit autant qu'il bouleverse par l’intelligence et l’originalité avec lesquelles il traite le sujet douloureux de l’exil. Comme son père, Panah Panahi utilise la voiture et ses passagers en guise de microcosme de la société iranienne. Un lieu d’échanges pour suggérer plutôt que montrer les ravages d’un régime autoritaire. Il a certes hérité d'un sens aigu de la composition du cadre, une expertise dans l’euphémisme et le non-dit, et une maîtrise de la direction d’acteurs, il n'y a qu'à voir ce qu'il arrive à obtenir du jeune garçon (insupportable et hilarant) et de la mère (bouleversante), mais le ton burlesque, le dialogue pétaradant, l’intrusion d’un onirisme débridé et le goût pour les intermèdes musicaux font preuve d’une liberté de création rafraîchissante. A travers les beaux paysages du Nord de l'Iran, le film évoque l’exil forcé de nombreux jeunes iraniens qui préfèrent se tourner vers l'Occident pour une vie meilleure, mais doivent accepter l'arrachement à leur pays, à leur famille, à leur langue. Constamment surprenant, bourré d'astuces visuelles et de beaux plans soigneusement composés, « Hit the Road » slalome sans cesse entre légèreté et tristesse pour composer un premier film singulier et touchant.

Publié dans Films

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