Beau portrait d'une actrice libre qui n'a cessé de se réinventer

Publié le par Michel Monsay

Beau portrait d'une actrice libre qui n'a cessé de se réinventer

Après avoir dressé le portrait de Brigitte Bardot et Jeanne Moreau, la documentariste Virginie Linhart fait l’ascension d’un autre Everest de la profession avec Deneuve, la Reine Catherine. Et il faut y aller au piolet, tant celle qui prit le nom de sa mère pour mieux se distinguer de sa sœur, l’actrice Françoise Dorléac, semble prise dans la glace d’un épais mystère, dont elle dit qu’il est « un terrain très extensible ». Dans la lumière depuis soixante années, Catherine Deneuve a le sens de l’esquive. Elle maîtrise l’art majeur de brouiller les pistes et de parler librement : cinéma, rôles, enfants, amours, famille, argent… mais sans tout révéler. Au fil d’une carrière sans éclipse depuis ses premiers rôles, après avoir tourné plus de cent trente longs métrages, la star internationale a répondu à des centaines d’interviews. Une somme de sources et de documents filmés, de confidences radiophoniques et écrites dans laquelle Virginie Linhart a plongé pour réaliser ce portrait tout en archives de la comédienne, qui frôle l’intime, révèle le fond, au détour d’une phrase ou d’une réplique. « Je suis quelqu’un d’assez secret mais il se trouve que je parle quand même beaucoup », reconnaît par ailleurs Catherine Deneuve. L’hypothèse se vérifie dans ce récit chronologique où tout démarre sur un coup du hasard, un enchaînement de rencontres, pour cette fille de comédiens. Puis sur les chapeaux de roue avec deux films de Jacques Demy, Les Parapluies de Cherbourg d'abord et ensuite Les Demoiselles de Rochefort tournées avec Françoise Dorléac, sa sœur adorée qui disparait tragiquement en 1967. Carrière hors norme marquée par Luis Buñuel, François Truffaut, André Téchiné et tant d’autres durant laquelle la comédienne a tout joué avec quel que soit le rôle un talent remarquable. Ce documentaire raconte une émancipation féminine et une indépendance d’esprit dont l'actrice a toujours fait preuve. Deneuve la flamboyante, Deneuve l’insoumise n’attend pas Mai-68. Elle s’affranchit des codes d’emblée en devenant fille-mère à l’âge de 20 ans, en refusant d’épouser Roger Vadim : « Il se conformait à ce que la société attendait de lui. On ne se marie pas pour obéir » ; en signant dès 1971, « le Manifeste des 343 » Françaises qui revendiquaient avoir avorté clandestinement, en se séparant de Marcello Mastroianni quand sa fille Chiara avait 2 ans et en opérant des choix de cinéma en phase avec les mœurs de l’époque. L’actrice se dévoile au fil des interviews, réaffirmant sa liberté, sans renier son statut d’icône ni son extrême popularité. Un portrait tout en fluidité, et paradoxes, où elle se livre, sans jamais renier Catherine la privée ni Deneuve la publique. Ni choisir entre la vie et le cinéma.

A voir ici ou sur l'application France Tv de votre télé ou ordinateur.

Publié dans replay

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