Un tableau réaliste et poignant du monde agricole

Publié le par Michel Monsay

Un tableau réaliste et poignant du monde agricole

Avec une puissance rare, "Au nom de la terre" s'inscrit dans une mouvance du cinéma français qui, loin de Paris et de l'intimisme en chambre, observe le pays réel et ses souffrances. Ce film fort et sensible dit, à travers l'histoire tragique d'une famille, toute la détresse du monde paysan auquel on a tant demandé. Fils de paysan, Édouard Bergeon, dont c'est le premier long-métrage de fiction, avait auparavant réalisé plusieurs documentaires et reportages sur le sujet, d'où la bouleversante authenticité qui ressort à la vision de son film, d'autant qu'il nous raconte l'histoire de son père. La réalisation est sobre, avec de très beaux plans larges et fixes de la campagne, en cinémascope façon western, et aussi des plans plus serrés, qui capturent les corps à l'ouvrage, la joie et la souffrance. La caméra prend son temps, le temps de la terre. Guillaume Canet trouve ici son meilleur rôle, on le sent entièrement impliqué dans son personnage qu'il habite avec passion, et Anthony Bajon (Ours d'argent du meilleur acteur à la Berlinale 2018 pour son rôle dans La prière de Cédric Kahn) est très émouvant dans son interprétation de l'adolescent impuissant face au désespoir de son père. Citons aussi Rufus dans le rôle du patriarche intransigeant, amer et rugueux, qu'il joue parfaitement. Ce film, qui a obtenu un étonnant succès en salles avec 2 millions de spectateurs malgré un sujet difficile, est un hommage très émouvant au difficile métier d’agriculteur, et le réalisateur espère par son histoire éveiller les consciences sur le devenir de cette profession essentielle mais aussi sur les habitudes de consommation. Avec l'ouverture du salon de l'agriculture, "Au nom de la terre" tombe à pic pour mieux appréhender la réalité quotidienne de ces passionnés qui ne ménagent pas leur peine.

Le film est à voir ici ou sur le replay de France Tv.

Publié dans replay

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