Merveilleux portrait d'une femme imprévisible mais si touchante
Ce nouveau film de l'excellent cinéaste norvégien, Joachim Trier, dont on avait adoré "Oslo 31 août", oscille entre comédie romantique, quête existentielle et drame amoureux, comme un mélange de Woody Allen, Ingmar Bergman et Jean-Luc Godard. Illuminée par l'éblouissante Renate Reinsve à la palette de jeu impressionnante, Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes ô combien mérité, ce film, à travers un scénario d'une finesse psychologique remarquable et une mise en scène très inventive, brosse le portrait sublime dans sa simplicité et pertinent dans sa modernité d'une femme contemporaine et indépendante, aussi solaire que mélancolique et pour le moins indécise, mais avec un appétit de vivre qui la pousse à ne faire aucun compromis ni avec elle, ni avec les autres, au risque de se perdre. Cette Anaïs Demoustier nordique traîne tous les cœurs après elle. Ils en sortent en morceaux. On lui pardonne tout. Ses caprices sont la règle. Le sérieux sera pour demain. Julie est libre, changeante, irrésistible. Le film embrasse son époque et en particulier la génération des trentenaires, pour souligner ses doutes, ses vertiges et ses aspirations avec un élan vital communicatif. Joachim Trier, qui excelle à analyser la psychologie humaine, signe un mélodrame bouleversant, qui brille par la justesse et le réalisme des situations et par ses dialogues percutants. Une douce mélancolie plane sur les douze chapitres encadrés d'un prologue et un épilogue, que le réalisateur enchaîne avec l’aisance d’un romancier touché par la grâce.