Le génie de Balzac merveilleusement adapté
Xavier Giannoli, dont on avait déjà apprécié "L'apparition", "Marguerite", "A l'origine" ou "Quand j'étais chanteur", réussit sans doute ici son meilleur film, tout à la fois féroce, romantique et traversé d'un souffle digne des grands cinéastes américains ou d'un Visconti. Il signe une éblouissante adaptation, aux accents contemporains, du roman-phare de La Comédie Humaine, le chef d’œuvre de Balzac, qui est adapté pour la première fois au cinéma. Une mise en scène brillantissime, une très belle photographie, une distribution éclatante, un rythme effréné pour traduire le cynisme de la Restauration et le ballet des ambitieux. C'est un film qui est constamment en mouvement, à la narration très fluide, extrêmement riche. C'est comme un miroir de notre époque qui traduit la tyrannie de l'information, du pouvoir néfaste de la rumeur, des banquiers qui achètent les journaux et où l'opinion publique se négocie, devient une marchandise. Tous les comédiens sont absolument merveilleux et les répliques sont cinglantes, c'est extrêmement bien écrit, le cinéaste s'étant adjoint les services de Jacques Fieschi, grand scénariste du cinéma français. Xavier Giannoli évite tout académisme dans son adaptation risquée d'un monument de la littérature, il échappe à tous les pièges, s'autorise quelques libertés, pour nous offrir une fresque historique ambitieuse et assez sombre, sidérante d'invention et de virtuosité, qui brille autant pour la stupéfiante reconstitution d'une époque que pour la mise en lumière des origines des fake news, du buzz et de la polémique qui polluent tant notre société contemporaine.