Un polar social iranien impressionnant

Publié le par Michel Monsay

Un polar social iranien impressionnant

Souvent les grands polars disent beaucoup de la société, du contexte dans lequel ils s'inscrivent. Là, c'est plus que le cas, à travers le démantèlement de ce trafic de drogue, tout nous est donné à ressentir et à voir de la société iranienne actuelle, surtout urbaine : la pauvreté, la corruption, la débrouille, le système D, comment s'organise le trafic de drogue... Le réalisateur Saeed Roustayi, dont c'est le deuxième film, dévoile un monde inconnu, insoupçonné, inédit au cinéma, celui d’une société iranienne rongée par la corruption et ravagée par les drogues dures. Il filme magistralement ce fléau, qui a vu passer en quelques années le nombre de toxicomanes de 1 million à 6,5 millions, et ce malgré le risque de peine de mort. Très documenté pour être au plus près de la réalité, le film a dû faire face à la censure mais a tenu bon pour n'apporter que de petites modifications à la marge, résultat : "La loi de Téhéran" est le film non comique le plus rentable de l'histoire du cinéma iranien. Le cinéaste dresse une vision de la société iranienne moderne sans concession ni manichéisme : La question de la peine de mort, de la protection de l’enfance, de la nécessaire humanisation des prisons est posée, obligeant le spectateur occidental à relativiser les critiques récurrentes contre ses propres institutions. L’Iran est un pays au bord du gouffre, où la meilleure façon de survivre est de se fondre dans le silence des foules anonymes. Rarement on aura vu une confrontation intime, humaine, psychologique et policière portée à un tel niveau d'incandescence, grâce à une mise en scène aussi étouffante que stupéfiante, une maîtrise scénaristique et deux comédiens magnétiques. On connaissait du cinéma iranien, Abbas Kiarostami, Jafar Panahi, ou Asghar Farhadi, il faudra compter désormais sur Saeed Roustayi qui, à 32 ans, dans un autre registre nous offre ici un grand moment de cinéma, et devrait nous en proposer bien d'autres à l’avenir vu le talent dont il fait preuve de la première à la dernière image de son film. Sorti depuis le 28 juillet, "La loi de Téhéran", chose assez rare vu le nombre de films qui sortent chaque semaine, est encore à l'affiche, profitez-en avant qu'il ne disparaisse, vous ne serez pas déçu du voyage.

Publié dans Films

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