Emouvant docu-fiction sur des jeunes martyrs en 1944
Si le 10 juin 1944 est associé pour toujours au massacre d'Oradour-sur-Glane, où 624 hommes, femmes et enfants sont assassinés par une division SS, le même jour 41 lycéens parisiens sont froidement exécutés en Sologne où ils devaient récupérer des armes parachutées par la Royal air force pour rejoindre le maquis, 15 autres sont arrêtés et mourront en déportation. Ces jeunes âgés de 15 à 17 ans faisaient partie du réseau de résistance Corps franc liberté, ils étaient environ 150 à se rendre en Sologne par petits groupes au lendemain du Débarquement. En se basant sur les écrits et récits des lycéens survivants, les lettres d'adieu et les confessions d'un traitre, le réalisateur David André, en l'absence d'archives photographiques et filmées, a redonné vie à ces héros en allant tourner sur les lieux du drame avec des jeunes acteurs du Cours Florent. Toutes les scènes et paroles du film sont reconstituées et jouées en étant totalement fidèle aux écrits dans une recherche de vérité, avec pudeur, retenue et émotion. En rendant hommage au courage et au sacrifice de ces lycéens, le grand documentariste David André, à qui l'ont doit notamment "Chante ton bac d'abord", les sort de l'oubli en mêlant habilement archives de l'époque, photographies des vrais protagonistes, textes originels dits face à l’objectif par les jeunes comédiens, et des scènes filmées en caméra à l'épaule, avec la voix off sobre et intense de Philippe Torreton. Son film de 60 minutes est prenant, efficace et peut trouver des résonances avec aujourd’hui où l’on voit des mouvements de jeunes qui se soulèvent contre le dérèglement climatique, certaines injustices économiques ou sociales, et comme l'a dit Bernanos : "C’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le monde claque des dents."
Le film est à voir ici