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Une bonne comédie est toujours une denrée rare, voilà pourquoi lorsqu'on en découvre une, il faut savourer notre plaisir surtout si en plus elle s’avère attachante et nous fait rire indirectement à nos dépens. C'est le petit miracle que réussit le troisième film d'Anthony Marciano, en faisant vivre à ses personnages des situations que l'on a tous vécues durant notre enfance, adolescence et en tant que jeune adulte. Outre la justesse et la drôlerie de tous ces moments qui défilent à l'écran, le procédé utilisé participe à ce que ce film générationnel des années 1990 et 2000 fonctionne au-delà de l'identification des personnes concernées par cette époque. En fabriquant des faux rushes que le personnage principal est censé avoir tourné dès l'âge de 13 ans avec le caméscope qu'il reçoit en cadeau et durant les 25 années suivantes, le réalisateur propose une expérience très originale à la vision de son film. Le spectateur a en effet l'impression de pénétrer dans 25 ans de la vraie vie d'un jeune homme, de sa famille et de ses amis, captée sur le vif à chaque moment important avec des ratés, des voix qui se chevauchent, des flous, et non impeccablement reconstituée et mise en scène comme dans un film traditionnel. La fraîcheur des comédiens contribuent au pouvoir comique et émotionnel de cette histoire, notamment la délicieuse Alice Isaaz, dont la grâce, le naturel et le charme très touchant confirme toutes les qualités entrevues dans un registre différent avec le personnage tout en retenue de "Mademoiselle de Joncquières". Cette emballante comédie romantique tendre et nostalgique, sur le temps qui passe et les choix bons ou mauvais qui ponctuent nos vies, n'est jamais plombante et prend délibérément le parti d'en sourire.