L'adieu à la nuit

Publié le par Michel Monsay

L'adieu à la nuit

Pour son 25ème long-métrage, dont le huitième avec Catherine Deneuve, l'excellent André Téchiné, à qui l'on doit tant de beaux films, aborde un sujet brûlant et très délicat, la radicalisation religieuse, avec la finesse de vue qui le caractérise et son talent à filmer les élans de la jeunesse, même lorsqu'ils sont totalement irrationnels. Sans ne jamais juger ses personnages ni vouloir expliquer leur choix, le cinéaste, qui s'est abondamment documenté sur le djihadisme pour être le plus juste possible dans les gestes, les paroles et les comportements, confronte la détermination de ses jeunes français pas spécialement défavorisés à partir faire la guerre en Syrie dans les rangs de Daech, à l'incompréhension et le désarroi d'une femme à poigne, patronne d'un centre équestre, qui se trouve être la grand-mère du personnage central. Du jeu irréprochable des comédiens à la mise en scène, en passant par les mouvements de caméra, notamment à cheval dans la nature, tout contribue à nous passionner pour cette histoire tout en nous irritant au plus haut point devant l'aveuglement de ces jeunes. Sans manichéisme, le film observe avec lucidité les tourments d'une époque, où des garçons et des filles à peine sortis de l'adolescence se laissent embrigader sur Internet, faute d'idéal ou par rejet de cette société matérialiste, et le cinéaste retranscrit admirablement autant la sincérité de leur motivation que les contradictions qui les traversent. Troublant.

Publié dans Films

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