Redoutable film catastrophe lourd de sens
Le cinéma sud-coréen n’en finit pas de nous étonner en nous offrant régulièrement des petites pépites, et en se révélant au niveau asiatique le réservoir le plus prolifique de cinéastes de grand talent. Après trois films d’animation à l’univers et au propos assez sombre, ce réalisateur de 38 ans que l’on découvre pour la première fois sur nos écrans s’attaque à un film réel avec des comédiens. Pour un coup d’essai il s’agit d’un coup de maître. Yeon Sang-ho réussit la triple équation de nous tenir en haleine, voire de nous effrayer tout au long de ce film catastrophe suffocant où l’on perçoit un zeste d’humour, de délivrer un message politique très lucide sur l’état de notre société, de nos comportements et en particulier du capitalisme sauvage sud-coréen, et enfin de brosser un tableau très touchant sur la relation entre un père trader égoïste en passe de divorcer et sa fille délaissée qui souffre en silence. Un éleveur de porcs arrive avec sa camionnette dans une zone mise en quarantaine à cause d’une fuite toxique provenant d’une usine biochimique. En voulant répondre à son téléphone, il percute et tue un chevreuil. Au bout de quelques secondes, l’animal se relève comme si de rien n’était mais ses yeux sont vitreux. Changement de décor, dans une société financière, des traders spéculent en vendant toutes les actions de l’entreprise biochimique incriminée pour faire chuter le cours et la sauver. Remarquablement filmé et débordant d’idées de mise en scène, ce long-métrage est bien plus efficace, rythmé et inventif que nombre de blockbusters américains.
Dernier train pour Busan- Un film de Yeon Sang-ho avec Gong Yoo, Yumi Jung,… - ARP sélection – 1 DVD : 19,99 €.