Rock délicieusement mâtiné d’Orient et d’Afrique
En écoutant les premiers accords de ce superbe album, on a d’abord l’impression de pénétrer un univers rock avec une guitare virtuose et une batterie lourde qui marque un rythme syncopé. Puis rapidement, des sonorités africaines, plus particulièrement du Sénégal, viennent brouiller les cartes, avant qu’une ligne mélodique orientale achève le tableau. Ce que vous avez cru reconnaître comme étant une guitare électrique est en réalité un oud, l’instrument roi du monde arabe, un luth avec une caisse en forme de demi-poire, que Mehdi Haddab a rendu électrique. Ce franco-algérien de 43 ans, qui sort avec Speed Caravan son deuxième album, a déjà eu plusieurs expériences musicales au sein d’autres groupes et fait admirer son talent en jouant avec Rachid Taha, Jacques Higelin ou Alain Bashung. Autant enfant du rock, dont il s’est abondamment nourri de Led Zeppelin à Jimi Hendrix, que de musique orientale dont il saupoudre magnifiquement ses compositions, il a choisi pour cet album conçu à Dakar de s’ouvrir encore un peu plus en intégrant des ambiances sénégalaises. La voix abrasive de Pape Diouf sur un des deux seuls morceaux chantés, l’autre étant par Hindi Zahra, des percussions enivrantes, des rythmes dansants, l’Afrique noire et le Maghreb se mélangent au rock puissant de Mehdi Haddab pour constituer une musique irrésistible qui se renouvelle sans cesse. Cette richesse tout au long des 9 morceaux s’aventure même sur un groove funk ou une envolée électro. En brassant naturellement les cultures et les genres musicaux, ce maître de l’oud électrique nous offre un album euphorisant d’une totale maîtrise, malgré la difficulté de ne pas se perdre en se nourrissant d’autant d’influences.
Speed caravan – Big blue desert – World Village/Harmonia Mundi – 1 CD : 17,85 €.