Une douce mélancolie
Consécration pour ce réalisateur catalan de 49 ans qui avec son 7ème film a remporté en février dernier les 5 Goya les plus importants du cinéma espagnol, l’équivalent de nos Césars. Ce succès mérité est à la fois dû à l’excellente interprétation des comédiens principaux, et à l’audace du cinéaste d’avoir abordé le thème si sensible et tabou de la mort avec un mélange très réussi de légèreté et d’émotion. Le charisme et le talent du grand acteur argentin Ricardo Darin, ajoutés à la justesse et la sobriété de Javier Camara, un habitué de l’univers d’Almodovar, donnent à Truman et à l’amitié que ce film raconte une profondeur et une force remarquables. Aussi différents que complémentaires, les deux comédiens tous deux lauréats d’un Goya pour leur performance jouent une partition millimétrée, sans l’emphase qui aurait pu faire basculer le film dans un drame pesant. En prenant à bras le corps les thèmes de la maladie et de la mort, le réalisateur les affronte sans éviter des situations habituellement embarrassantes qu’il traite ici avec tendresse, humour et intelligence. Un homme s’apprête à quitter son foyer au petit matin pour partir en voyage, il entrouvre la porte de la chambre de ses enfants qui sont endormis puis va embrasser sa femme qui lui prodigue des recommandations. Tomas, qui vit au Canada, prend l’avion pour rendre visite à Julian à Madrid, son meilleur ami qu’il n’a pas vu depuis quelques années. Il s’installe dans un hôtel près de l’appartement de Julian, pour passer quatre jours avec lui et tenter de le convaincre de reprendre le traitement contre le cancer que Julian a interrompu définitivement. Présenté comme cela, ce film sent la larme facile et un climat mélodramatique qui pourraient donner envie de fuir, et pourtant on ressent le contraire tout au long de cette très belle histoire qui avance certes sur le fil du rasoir mais sans jamais aucune faute de goût. Loin d’avoir un ton moralisateur, le cinéaste parvient tout à la fois à nous faire rire, à nous émouvoir sans pathos mais aussi à nous faire réfléchir simplement et avec une belle humanité sur nos comportements devant l’inéluctable.
Truman – Un film de Cesc Gay avec Ricardo Darin, Javier Camara, Dolores Fonzi, …