Derrière l'icône, une femme blessée
Le réalisateur Andrew Dominik, à qui l'on doit l'excellent L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, s’attaque à un mythe hollywoodien : Marilyn Monroe, décédée il y a 60 ans, ou plutôt Norma Jean Baker dont il raconte pendant 2H45 toutes les névroses et les traumas. Un film au goût de soufre, non seulement par la présence de scènes torrides qui lui ont valu une interdiction aux moins de 18 ans aux États-Unis, mais aussi par le choix assumé de faire de la vie de Marilyn Monroe une longue et tragique descente aux enfers, aux antipodes des images de papier glacé. Andrew Dominik passe du noir et blanc, le négatif cauchemardesque de la vie de Marilyn, à la couleur et aux rares moments heureux de la star. Une habileté visuelle pour illustrer le monde chaotique de Marilyn Monroe. Une narration déconstruite qui ne nuit absolument pas à cette longue séance de psychanalyse qu’offre Blonde. Comme le roman de Joyce Carol Oates dont il est adapté, le film s’intéresse moins à la véracité chronologique qu’à la psyché de Marilyn. Il permet au réalisateur néo-zélandais de brouiller les frontières entre souvenirs réels et hallucinations. Un chaos visuel qui en fait un vrai grand film de cinéma et surtout pas un biopic. Un film nécessaire pour entrevoir l’envers du décor hollywoodien qui a broyé, en 10 ans, une jeune fille qui voulait juste être aimée. Blonde ne fait aucun compromis sur les abus ou maltraitances dont Marilyn Monroe a été la victime. Sans jamais singer bêtement la figure de Marilyn, pour l'incarner, l'actrice d'origine cubaine Ana de Armas livre une performance impressionnante et bouleversante. La ressemblance troublante et le mimétisme qui en ressortent par moments ne sont que la partie émergée, presque réductrice, d’une prestation remarquable de nuances.
Blonde est à voir sur Netflix.