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« L’humour est un langage que j’ai toujours aimé »

Publié le par michelmonsay

En hommage à Cabu et à toutes les autres victimes de cet horrible carnage perpétré par des fanatiques d'une écoeurante lâcheté, voici une petite interview réalisée en 2012 et un portrait que j'avais écrit en 2008 après l'avoir rencontré au siège de Charlie hebdo et avoir déjeuné avec ses amis de la rédaction, un moment de rigolade et d'insouciance. Son sourire et ses dessins vont terriblement nous manquer

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Petite interview de Cabu et portrait réalisé en juin 2008

 

Aussi à l’aise dans la bande-dessinée, le dessin de reportage et la caricature, Cabu avec plus de 50 ans de créations à son actif, n’a jamais cessé de combattre la bêtise. Après avoir travaillé pour de nombreux journaux, il est toujours fidéle à 74 ans à Charlie Hebdo et au Canard Enchainé qui publient chaque semaine ses dessins, et il continue parallèlement à sortir régulièrement des livres.

 

Pouvez-vous nous parler du métier de dessinateur humoristique ?

Cabu - A 10 ans, j’ai gagné un concours de dessin dans le journal « Cœur vaillant » et depuis je n’ai pas arrêté de dessiner. Le dessin était à destination d’une affiche publicitaire pour un stylo, et j’y avais représenté un élève avec les pieds sur son bureau et les mains dans les poches, qui regardait son stylo écrire tout seul. Admirateur de Dubout, je recopiais à l’époque ses dessins pour comprendre comment il faisait. Dès l’âge de 15 ans, j’avais 3 dessins par semaine qui étaient publiés dans le quotidien régional de Reims.

L’humour est un langage que j’ai toujours aimé. Un dessin est un fusil à un coup où l’on réunit beaucoup de choses, il y a une élégance à synthétiser une scène de la vie en une seule image avec un dialogue très court. Cela s’apparente à un théâtre, où le dessinateur serait le metteur en scène qui arrangerait la vie comme il le souhaite sur une feuille de papier, en inventant des personnages. Pour ma part, j’ai toujours eu une prédilection pour le français moyen. Notre ressort est de chercher à dénoncer la bêtise en faisant rire. Le moment que je préfère arrive lorsque j’ai trouvé l’idée et que je me mets à la réaliser, mais aussi lorsque la caricature est réussie. En ce moment, il faut refaire complètement le casting et ce n’est pas facile, notamment avec Jean-Marc Ayrault qui a un visage assez régulier. Il y a aussi beaucoup de femmes au gouvernement, et elles sont bien plus compliquées à caricaturer.

 

Quel regard portez-vous sur le monde agricole ?

C. - J’ai le regard d’un parisien même si je vais régulièrement dans la Sarthe où mon épouse a une maison. C’est un métier très dur et je ne comprends pas pourquoi les paysans ont autant besoin de subventions, ils devraient pouvoir vivre du fruit de leur travail. D’un autre côté, les céréaliers vivent très bien avec des subventions dont ils n’auraient pas besoin. Leurs exploitations sont de plus en plus grandes et deviennent des usines à blé, orge, colza ou autre, cela n’a plus rien d’artisanal. En plus, ils respectent moins l’environnement que les petits agriculteurs, en supprimant notamment les haies et en utilisant des pesticides qui provoquent entre autre la disparition des abeilles. J’ai toujours recherché des produits bios depuis le début, et j’ai appris récemment que la France ne produit pas assez de bio et qu’elle est obligée d’importer des produits d’Allemagne. Cependant, même si cela reste marginal dans notre pays, de plus en plus de jeunes paysans s’intéressent à l’agriculture bio ou raisonnée.

 

De quoi est faite votre actualité ?

C. - Je prépare un livre sur New-York qui sortira aux éditions des Arènes début novembre. C’est un ouvrage de croquis dans lequel j’ai beaucoup dessiné les habitants de cette ville monde où il y a une incroyable diversité. Sinon, je viens de publier un livre aux éditions du Cherche-Midi intitulé « Peut-on encore rire de tout ? », où je démontre que l’on peut encore faire les mêmes blagues qu’il y a 20 ans, même si l’intégrisme religieux est plus présent et essaie régulièrement de nous censurer. Un autre livre vient de sortir aux éditions Les Echappés, « La nouvelle France des beaufs », qui réunit tous les reportages que j’ai faits pour Charlie hebdo depuis 20 ans. On pourra voir cet été quelques uns de mes dessins dans deux expositions, une au musée Jean Jaurès de Castres sur les 50 ans de dessins du Canard Enchaîné, et une à Avignon au musée Louis Vouland autour de la Société protectrice de l’humour.

 

Portrait réalisé en juin 2008

 

 

Ce cher Cabu a oublié notre rendez-vous, pour se faire pardonner il nous invite avec la gentillesse qui le caractérise, à déjeuner avec l'équipe de Charlie hebdo dans une ambiance simple et conviviale au bistrot du coin. On y évoque le festival de Cannes, où la rédaction du journal satirique est allée monter les marches pour présenter le film de Daniel Leconte, "C'est dur d'être aimé par des cons". Cette phrase est celle trouvée par Cabu pour illustrer son dessin en couverture de Charlie hebdo du 8 février 2006, qui montre le prophète se lamentant devant la bêtise des intégristes. Ce numéro avait battu des records de vente en publiant les caricatures de Mahomet, ce qui a valu un procès au journal, qu'il a finalement gagné. C'est d'ailleurs Jacques Chirac qui avait poussé la grande mosquée de Paris à intenter ce procès, Nicolas Sarkozy et bien d'autres avaient pris la défense de Charlie hebdo.

 

Bannir l'intégrisme

Le film retrace toute cette affaire, de la création du dessin de Cabu au procès un an plus tard. La présentation à Cannes est venue clore cette aventure, comme le souligne Cabu : "C'est comme un pied de nez, comme une farce, mais c'est aussi la fin d'un combat pour la laïcité, thème pour lequel on est amené à se battre régulièrement. En 2002, pour l'élection de Miss Monde au Nigeria, qui avait causé la mort de deux cents personnes au cours d'émeutes provoquées par des islamistes intégristes, j'avais dessiné Mahomet en mafieux, verre de cognac et cigare à la main, devant des femmes voilées, en parrain de l'élection de 'Miss sac à patates' avec en légende : Je choisis la Belle de Fontenay." Ce dessin lui a valu de recevoir 900 mails de menaces de mort à la rédaction. Par contre 4 ans plus tard pour l'affaire évoquée précédemment, point de menace directe, mais les autorités décident de mettre une garde rapprochée avec deux policiers auprès de Cabu durant 15 jours.

 

40 ans plus tard

Ce soixante-huitard attardé, comme il se qualifie, est au cœur des commémorations de mai 68 avec plusieurs ouvrages sur le sujet, dont Cabu 68 un mélange de conversations et de dessins : "Je ne suis pas mécontent que l'on reparle de mai 68, ces idées de liberté, de justice, d'égalité sont éternelles. Les slogans comme "non à la société de consommation" sont toujours d'actualité, c'est même de pire en pire. De la même manière, étant un vieil écolo et défenseur de l'agriculture bio, je ne suis pas mécontent que tout le monde s'approprie actuellement les idées écologistes." Cette époque en 68 marque un tournant dans le dessin de presse, qui se politise davantage jusqu'à devenir presque uniquement politique aujourd'hui.

 

Le dessin et rien d'autre

 Dès l'âge de 12 ans, Cabu a déjà la passion du dessin, il gagne un concours, s'entraîne à recopier les oeuvres de Dubout qu'il trouve dans Ici Paris ou Le Hérisson, journaux humoristiques qu'il demande à sa grand-mère de lui acheter en cachette de son père. Puis, il découvre le Canard enchaîné et une forme de dessin plus politique. A 15 ans, ce natif de Chalon en champagne publie 3 dessins par semaine dans l'Union de Reims alors qu'il est encore au lycée. C'est avec ce quotidien régional qu'il commence à apprendre son métier, en croquant notamment les membres du conseil municipal. Il redouble sa seconde et arrête sa scolarité, pour se consacrer pleinement à sa passion en intégrant l'école Estienne d'arts graphiques à Paris. Puis il part faire son service durant 27 mois en Algérie au moment de la guerre, il en revient profondément antimilitariste. Même si au début, il doit faire la queue pour proposer ses dessins dans les rédactions, Cabu n'a jamais connu de vaches maigres et a toujours pu vivre de son métier.

 

Trouver sa voie

A son retour d'Algérie, son dessin devient plus corrosif, d'autant qu'il y a une émulation au sein de l'équipe de Hara-Kiri, qu'il intègre à sa création en 1960 : "Cavanna a réuni une équipe de dessinateurs voulant faire de l'humour assez grinçant, non pas sur des fadaises mais des vrais sujets de société. On se moquait même de la publicité, alors qu'aucun journal ne pouvait le faire. J'ai d'ailleurs été ravi de travailler tout au long de ma carrière pour les deux journaux qui ne vivaient pas de la publicité, Hara-Kiri devenu Charlie hebdo ensuite et le Canard enchaîné, cela donne évidemment plus de liberté." Ce qui ne l'empêche pas parallèlement de dessiner pour de très nombreux supports, y compris Le Figaro au moment du procès Ben Barka en 1967. Il travaille à la fin des années 70 et durant les années 80 à la télé, notamment dans l'émission Récré A2 où il apprécie le contact avec les enfants en leur faisant passer l'amour du dessin. Sa carrière pour le petit écran est riche de collaborations assez diverses, de Droit de réponse avec Michel Polac, à Télé-matin, au Soir 3 ou au 12-13 de FR3. Chaque fois, il adapte son style sans jamais se renier.

 

La portée d'un dessin

"C'est souvent un choc, une exaspération où l'on ressent le besoin de réagir qui donne envie de prendre un feutre, explique Cabu. Un dessin, c'est un fusil  à un coup, et pour qu'il soit réussi, il doit d'abord faire rire ou sourire avant même de communiquer l'indignation qui l'a provoqué. On ne peut pas changer grand-chose avec nos dessins, c'est juste un peu de poil à gratter." Il rend hommage à Goscinny avec lequel il a travaillé pour le magazine Pilote et à Cavanna, pour l'avoir aidé à trouver ses personnages récurrents et son style. Du grand Duduche au beauf, il n'a cessé de croquer les travers de notre société sans se fixer de limites, ce qui lui a valu d'avoir 11 procès dont 6 avec l'armée, et au final il en a perdu 10. Ce fameux beauf créé en 1974, a évolué au fil des années, il a commencé contremaître dans une usine d'armement et aujourd'hui il travaille dans la communication. Parmi les choses qui l'énervent le plus, il y a les voitures 4x4 dans Paris ou la chanson formatée qui envahit les ondes radios, ce qui est insupportable pour lui, amoureux inconditionnel de jazz et de la poésie simple et accessible de Charles Trenet.

 

Comme un besoin vital

Il n'aime pas les dessins avec deux personnages qui se parlent, et une bulle au-dessus, il préfère ceux sur lesquels on s'attarde un peu pour apprécier la qualité, notamment celle de la caricature. Ce qui ne veut pas dire que le texte n'est pas important, il commence même par cela, le plus dur étant de trouver les mots justes et d'être le plus concis possible. Rares sont les journées où il ne prend pas son feutre, outre la vingtaine de dessins qu'il propose chaque semaine au Canard enchaîné et à Charlie hebdo, il a sans arrêt des sollicitations de tout ordre. Affiches, livres, tracts, étiquettes de vin, journal municipal de Paris…après 55 ans de dessin, le plaisir est toujours là, surtout dans le dessin unique plus que pour une bande-dessinée.

Cabu a pu montrer fin 2006 une autre facette de son talent, à l'occasion d'une grande exposition à l'Hôtel de ville de Paris où étaient montrés une sélection de dessins sur la capitale. L'artiste adore sa ville d'adoption et ne sort jamais sans son carnet. Il a représenté Paris avec tendresse, nostalgie ou moquerie dans ces oeuvres inédites assez différentes de ce qu'il publie dans les journaux. La précision du trait et la justesse des attitudes ont suscité l'admiration auprès des visiteurs.

 

Continuer à vivre de sa passion

Tout au long d'une carrière qu'il n'a aucune envie d'arrêter, il aura touché à toutes sortes de dessins : du reportage, de la BD, du dessin pour enfants, de la caricature, de l'illustration. Il est quelque peu inquiet pour l'avenir du dessin, à cause de la presse gratuite qui n'en utilise pas : "Un dessin n'est pas assez consensuel, et ces nouveaux journaux ont peur des retombées. Pourtant un dessin, c'est une part de liberté d'expression et d'opinion, mais ces supports n'ont aucune ligne éditoriale et ne proposent aucune réflexion."

A 70 ans, Cabu est toujours un dessinateur contre qui cherche à déranger, tout en étant resté un grand enfant riant facilement aux plaisanteries de ses camarades. Pour preuve un dessin paru il y a quelques mois lors de la disparition de Jacques Martin, rappelant son émission L'école des fans : "J'avais mis un petit Sarkozy en culotte courte, Jacques martin lui demandait : qu'est-ce que tu veux faire plus tard mon petit, et Sarkozy répondait : je veux me taper ta femme !" La plus grande fierté de Cabu est d'avoir réussi à vivre de son métier, surtout lorsqu'il repense à ce que lui disait son père professeur aux Arts et métiers : "Si on pouvait gagner sa vie avec des dessins, ça ce saurait !"

 

 

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Un drôle de zèbre

Publié le par Michel Monsay

Un drôle de zèbre

Auteur à succès depuis ses débuts en 1986 avec « Bille en tête » et « Le zèbre », jusqu’à « Des gens très bien » en 2011 où il dévoile le passé vichyste de son grand-père, Alexandre Jardin est aussi depuis 15 ans un citoyen engagé, qui vient de créer un mouvement d’actions citoyennes pour réveiller le pays.

 

Lassé des promesses politiques qui ne sont jamais tenues, Alexandre Jardin a cofondé en mars dernier le collectif « Bleu, Blanc, Zèbre » appelé aussi « Les zèbres » pour rassembler ceux qui ont encore aujourd’hui un crédit moral à ses yeux, en l’occurrence ceux qui font au lieu de dire, et rendent ainsi un service immédiat à la population: « Si l’on prend l’exemple de Solaal, qui fera à un moment ou à un autre un excellent zèbre, ce sont des professionnels qui s’organisent pour faciliter le lien entre les donateurs des filières agricoles et les associations d’aide alimentaire, ils ne promettent pas ils le font. » Avec ses zèbres, l’écrivain est en train de faire naître un pôle de confiance pour négocier avec les partis politiques au moment des échéances électorales, une nouvelle alliance avec la société civile sous forme de contrat de mission pour tous les sujets sur lesquels elle a prouvé sa compétence et sa légitimité: « Si l’on donne un autre statut à ces acteurs qui sont capables d’apporter des solutions, on sortira d’un schéma politique infernal dans lequel on vote pour des gens qui ne savent pas régler les problèmes des français, enfermés qu’ils sont dans une logique législative. »

 

Refuser la fatalité

Ce que fait Alexandre Jardin avec les zèbres s’inscrit dans la continuité de l’association qu’il avait créée en 1999, « Lire et faire lire », pour agir contre l’échec scolaire et en particulier pour aider les 20% d’enfants qui ne maîtrisent pas l’écrit à l’entrée au collège. Aujourd’hui, 16 000 bénévoles retraités viennent dans des écoles maternelles et primaires chaque semaine pour transmettre le plaisir de la lecture à 400 000 enfants : « Ce programme intergénérationnel favorise aussi l’intégration par la tendresse et permet de lutter contre la violence en augmentant le lexique des gamins. »

Ce rôle de fédérateur, que le romancier a pris à bras le corps, se nourrit à la fois de son aversion pour l’impuissance et la fatalité, et de la jouissance que lui procure les rencontres avec tous ces acteurs qui agissent. Après avoir passé beaucoup de temps au téléphone et en rendez-vous, il a réuni une centaine de programmes en à peine sept mois pour les faire monter en puissance et en faire des acteurs politiques de gestion de la Nation. Dès à présent les zèbres coopèrent avec des maires pour étendre la portée de leur action. L’effet de masse, qui va donner un réel poids au mouvement, commence à se faire sentir et le collectif s’est structuré pour sélectionner les nouveaux zèbres. Les programmes ont d’ores et déjà fait leurs preuves à l’image de Lire et faire lire ou du compte nickel : « Ce compte que l’on peut ouvrir en cinq minutes pour vingt euros chez un buraliste est la solution qu’attendait les deux millions et demi de français qui n’ont pas de RIB. En quelques mois, près de 60 000 comptes ont été ouverts. »

 

Un secret de famille insupportable

Si Alexandre Jardin a souvent évoqué sa famille dans ses romans, « Des gens très bien » paru en 2011 marque une étape cruciale, puisqu’il y révèle le passé vichyste de son grand-père, directeur de cabinet de Pierre Laval, chef du gouvernement de Pétain, notamment au moment de la rafle du Vel’ d’Hiv. Pas facile de dynamiter sa propre famille, l’écrivain a attendu d’avoir 46 ans, l’âge que son père avait lorsqu’il a été emporté par un cancer, pour affronter le réel et briser ce secret de famille. Cette histoire est d’autant plus compliquée que Jean Jardin était apparemment quelqu’un de bien, mais Alexandre est persuadée  qu’en étant directeur de cabinet, son grand-père était au courant de tout ce qui se passait , et par la suite, cet homme n’a jamais été inquiété. Le romancier n’a eu aucun état d’âme pour mettre fin à la cécité dont était frappée sa famille, même si cela a été douloureux : « J’ai cinq enfants et il n’était pas question d’en faire les héritiers d’un rapport au réel impossible. La sortie du livre a été un mélange d’enfer et d’insultes avec ensuite des moments magnifiques, où les gens venaient me parler de leur secrets de famille. J’ai eu accès à l’infinie complexité des familles françaises. Je n’aurai jamais pu me lancer dans une grande aventure civique comme celle des zèbres, sans être au clair sur ces questions-là. Si j’ai créé Bleu Blanc Zèbre, c’est que j’avais la conviction très nette que le FN allait prendre le pouvoir dans mon pays, parce qu’il n’est pas possible de ne pas régler les problèmes des gens, à un moment ils deviennent fous. »

 

De père en fils

Pascal Jardin, père d’Alexandre, écrivain et grand scénariste-dialoguiste du cinéma français des années 1960 et 70, auteur notamment du Vieux fusil, a appris à son fils qu’il était possible de vivre sans la peur. Cet homme n’avait aucun frein, il vivait comme dans un film, mais il en est mort alors que son fils n’avait que 15 ans : « Son mode de vie ne pouvait pas durer. Vous ne pouvez pas écrire 17 films dans l’année, aimer 5 femmes, perdre des fortunes, avoir le fisc qui vous saisit, la surchauffe est telle que vous ne pouvez pas espérer vivre 90 ans. » Le point commun entre le père et le fils est une vraie liberté : « Il m’a montré comment vivre large, que l’on pouvait écrire à la fois des comédies, des films d’aventures, des films intellos. »

Après avoir voulu être empereur durant son enfance, Alexandre Jardin fait Sciences-Po mais se rend compte qu’il s’est trompé de voie, et son désir de gouverner s’arrête là. Quelques mois plus tard, il publie en 1986 son premier roman à 21 ans, « Bille en tête », et rencontre tout de suite le succès. Idem pour « Le zèbre » deux ans après, qui décroche en plus le Prix Femina. Ses premiers écrits plein de vie, à l’image de leur auteur, contrastent avec l’essentiel de la production littéraire française composée, selon Alexandre Jardin, de bouquins sinistres. Il rend d’ailleurs hommage à Françoise Verny, une femme qui savait prendre des risques dans le monde de l’édition. Cette reconnaissance immédiate, il la vit gaiement sans trop y croire, le jeu social n’ayant jamais eu de sens à ses yeux.

 

Réveiller le lecteur

Lorsqu’on lui demande de ressortir un roman de sa bibliographie, il cite le dernier, « Juste une fois », comme étant le mieux construit : « La dramaturgie est dix coudées au-dessus, ma langue a évolué, ma passion pour la concision s’est affermie, et j’ai été porté par la révolution narrative induite par les grandes séries américaines qui ont imposé d’autres standards narratifs et une liberté phénoménale. » Sa principale motivation dans l’acte d’écrire est de réveiller les autres, il adore l’idée qu’un roman puisse faire agir un homme ou une femme, notamment pour une pulsion amoureuse. Encouragé dès le début par Françoise Verny à écrire ce qu’il était le seul à pouvoir écrire et non à copier d’autres romanciers, les livres d’Alexandre Jardin ressemblent furieusement à leur auteur. Cette obsession de vouloir se sentir vivant et de n’être attiré que par des personnes vivantes se ressent tout au long de son parcours, autant dans ses écrits que dans son action citoyenne aujourd’hui : « Lorsque vous voyez la révolte des bonnets rouges, ce sont des gens vivants, ils n’acceptent pas la fatalité. Sont vivants pour moi les êtres qui sont dans l’action et la création d’eux-mêmes. »

 

Rien ne vaut l’écriture

En parallèle à son parcours d’écrivain, il a goûté à l’univers du cinéma en tournant trois films en tant que réalisateur, dont Fanfan avec Sophie Marceau et Vincent Pérez, l’adaptation de son roman, mais cette expérience ne lui a pas beaucoup plu. En raison d’un divorce, il a d’ailleurs mis entre parenthèses cette carrière depuis 2000 pour s’occuper de ses enfants. Son rôle de père, en réaction à l’absence régulière du sien durant son enfance, a toujours été une priorité pour lui. Pendant quelques temps, il a aussi été chroniqueur littéraire au Figaro et pour Canal + dans l’émission Nulle part ailleurs.

Aujourd’hui à 49 ans, il est clairement tourné vers ses zèbres, ses romans, sa famille et n’a le temps pour rien d’autre : « J’écris toujours 50 trucs à la fois, j’ai tous les programmes des zèbres dans la tête, et si vous voulez vraiment aimez ceux que vous aimez, cela vous demande un temps fou. » Outre ces moments intimes avec les siens, ses plus fortes émotions sont dans l’écriture : « J’écris tout le temps, j’essaie beaucoup de choses, en jette une grande partie mais lorsque je rencontre un archétype, en sentant que mon personnage représente beaucoup plus que lui-même, il y a un moment miraculeux où la jouissance est très forte. »

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Une passion et des convictions bien ancrées

Publié le par Michel Monsay

Une passion et des convictions bien ancrées

À la tête de l’Institut du monde arabe (IMA), Jack Lang est en passe, à 75 ans, une nouvelle fois de faire des miracles pour mettre en avant la culture. Celui qui a marqué de son empreinte indélébile le monde culturel sous les années Mitterrand, apparait déçu par ce qu’est devenue la politique aujourd’hui.

 

Appelé par le Président de la République en janvier 2013 avec l’accord de l’ensemble des pays arabes, pour redresser l’IMA dont les finances et la fréquentation n’étaient pas très bonnes, Jack Lang qui aime les missions difficiles ne pouvait qu’accepter celle-ci. Ses attaches avec le monde arabe ont commencé durant sa période étudiante alors qu’il était militant anticolonialiste. Par la suite en étant professeur de droit il a noué des liens avec des professeurs du Maghreb, puis comme créateur du festival mondial de théâtre universitaire de Nancy, il a invité des auteurs, intellectuels et chercheurs arabes. « L’IMA est une institution unique, qu’aucune autre capitale ne possède, qui établit le pont entre le monde oriental et occidental, comme l’explique son Président. Dans cette période où des violences éclatent dans des pays du Proche-Orient, nous avons besoin plus que jamais d’une telle institution qui incarne l’esprit d’ouverture, de tolérance, de respect et de paix. »

 

Une année grandiose

Le temps de se mettre en place avec son équipe, Jack Lang a voulu frapper un grand coup en 2014 avec trois grandes expositions : L’Orient-express, le pèlerinage à La Mecque et le Maroc contemporain qui a lieu en ce moment. D’autres sont à venir en 2015 sur les jardins arabo-musulmans, et sur l’Egypte ancienne à travers les récentes découvertes d’archéologues. Libre, indépendant, sans pression d’aucune sorte, l’IMA est aussi un lieu de réflexion, de dialogue, avec des colloques et des débats organisés régulièrement sur l’actualité politique, culturelle et sociale. En janvier 2015, un symposium international sur le renouveau du monde arabe, montrera tous les changements positifs survenus ces dernières années dans plusieurs pays. Sans augurer de la suite, Jack Lang a réussi à faire repartir la fréquentation à la hausse, mobiliser des mécènes, et après des années de déficit, 2014 sera à l’équilibre.

 

D’une circonscription à l’autre

Absent des bancs de l’Assemblée Nationale depuis 2012, il n’en ressent aucun manque : « La politique ne donne pas aujourd’hui une belle idée d’elle-même. Elle manque d’imagination, de souffle, d’élan, se limite encore plus qu’avant à des combats de chefs et de sous-chefs et ne propose pas de projets forts. » Pourtant en 2012, il s’était présenté dans les Vosges pour les élections législatives et avait été battu de justesse dans une circonscription difficile, qui était à droite depuis trois législatures. Paradoxalement, c’est dans la région où il était le plus légitime, étant né à Mirecourt dans les Vosges et ayant vécu longtemps à Nancy, qu’il a été battu. Alors que son parachutage dans le Loir et Cher puis dans le Pas-de-Calais s’étaient fort bien passés. Même si cette campagne électorale sur le terrain l’a passionné, il n’a de regrets que pour ses proches et amis qui se sont mobilisés. Il se dit reconnaissant au sort de ne pas l’avoir choisi comme député des Vosges, car il serait aujourd’hui dans une situation très difficile face à la désindustrialisation galopante et une politique gouvernementale qui ne lui paraît pas assez volontariste. Pour autant, il ne serait pas  dans les frondeurs, ayant toujours eu le sens de la solidarité.

Parachuté dans le Loir et Cher en 1986, il a beaucoup aimé cette région et y compte encore de nombreux d’amis, notamment à Blois dont il a été maire durant 11 ans. Il vient d’y retourner pour participer à une manifestation qu’il a créée en 1998, Les rendez-vous de l’Histoire. Beaucoup le reconnaissent, Jack Lang a transfiguré la ville, il l’a réveillée. Ayant toujours préféré l’action aux discours, il y a construit entre autres une nouvelle bibliothèque, une université, une école d’ingénieur, un pont, et la halle aux grains qui a failli être détruite avant qu’il n’arrive est devenue un haut-lieu culturel.

 

Fidèle à ses convictions

A l’Assemblée Nationale, en tant que député du Loir et Cher, il a particulièrement apprécié la période durant laquelle il était  président de la commission des affaires étrangères de 1997 à 2000, où il s’est occupé de dossiers sur la protection des droits de l’homme dans différents pays, les traités européens, le développement économique en Afrique. Plus tard, lorsqu’il a été élu du Pas-de-Calais, il s’est trouvé parfois en désaccord avec ses propres amis, notamment quand le Président Sarkozy a entrepris une révision constitutionnelle en 2007, et lui a demandé avec d’autres personnalités de gauche de faire partie d’un comité de réflexion présidé par M. Balladur et dont Jack Lang est devenu vice-président : « Nous avons avancé avec ce comité, des propositions qui étaient conformes à celles que le Parti socialiste lui-même avait formulées quelques années auparavant. Ce qui tue la politique est cette incapacité à être en cohérence avec soi-même, on ne peut pas tenir un langage différent selon qu’on soit dans l’opposition ou au gouvernement. J’ai donc été le seul socialiste à voter cette réforme des institutions. »

De même pour la loi Hadopi, il a trouvé incompréhensible que les socialistes se dressent aussi violemment contre ce texte, qu’il jugeait être en conformité avec tout ce qu’il avait entrepris comme Ministre de la culture : « C’est parce que je me sens beaucoup plus à gauche que certains donneurs de leçon qui m’ont engueulé à l’époque, que j’ai voté ces textes. Ce sont eux qui trahissaient l’idéal républicain en refusant de démocratiser la Constitution et en s’opposant à une loi de régulation d’Internet. » Aujourd’hui moins engagé dans la vie politique du fait de ses responsabilités à l’IMA, il est néanmoins en très bons termes avec le Président Hollande même s’il n’est pas toujours en accord avec ses décisions.

 

Un cheminement par étapes

Passionné de théâtre durant son adolescence, il le pratique en amateur avant de créer plus tard un festival à Nancy, mais sa volonté est de devenir professeur. Après des études de droit et de Sciences-politiques, il devient professeur de droit à la faculté de Nancy. A partir de là, il va mener trois vies qui s’entremêlent, celle de professeur et de juriste, celle de citoyen de gauche engagé dans la vie collective, et la troisième concerne bien évidemment la culture. La politique est venue progressivement à lui. Tout d’abord, il invite François Mitterrand en 1974 à venir assister à son festival de théâtre à Nancy, puis se laisse convaincre par un ami de s’inscrire sur une liste pour les élections municipales de 1977 à Paris dans le 3ème  arrondissement, dont la tête de liste Georges Dayan est un ami intime de François Mitterrand. Comme Jack Lang est élu conseiller municipal, il trouve normal d’adhérer au Parti socialiste. De fil en aiguille, après la défaite aux Législatives de 1978, François Mitterrand, qui est accusé d’être un homme du passé, décide de s’entourer de personnes plus jeunes et innovantes. Commence alors la longue et fructueuse collaboration entre le futur Président de la République et Jack Lang.

 

Aux côtés de François Mitterrand

Cela démarre par la campagne pour les premières élections européennes en 1979 dont Jack Lang a la charge, et qui se finit devant 150 000 personnes au Trocadéro. François Mitterrand est vite convaincu par la capacité de son conseiller pour la culture à drainer autant de monde, autant d’artistes et d’intellectuels. A peine élu, le chef de l’Etat lui confie l’organisation de sa journée d’investiture, qui se finit avec une foule immense au Panthéon. Les rapports entre les deux hommes vont aller crescendo, François Mitterrand étant retenu et intimidant, Jack Lang plutôt timide et ayant un profond attachement au leader socialiste. Durant les deux septennats, mis à part les deux cohabitations il est le seul Ministre de la culture du Président Mitterrand, et devient une référence à ce poste en créant de très nombreux événements comme la Fête de la musique, les journées du patrimoine et en amenant la culture dans toute sa diversité à un niveau jamais atteint. Ils mènent ensemble également d’importants grands travaux qui aujourd’hui forcent l’admiration, mais qui avaient provoqué des polémiques à l’époque, comme le grand Louvre avec la construction de la pyramide, l’Opéra Bastille, la grande bibliothèque, … De cette période exceptionnelle, il conclut : « François Mitterrand m’a apporté énormément, son intelligence politique, sa finesse, son immense culture. Si ce que nous avons entrepris a été une réussite, c’est en raison de ce duo original que nous formions, tout en étant très différents nous avions la même passion et la même détermination. »

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Ecrire pour comprendre l’être humain

Publié le par Michel Monsay

Ecrire pour comprendre l’être humain

Après avoir été expert-comptable et patron d’une compagnie aérienne, Marc Dugain est à 57 ans l’un des tous meilleurs romanciers français. Depuis La chambre des officiers en 1998, ses livres rencontrent une large adhésion du public et de la presse. Une écriture assez cinématographique et sa passion du 7ème art l’ont amené naturellement à passer derrière la caméra.

 

Depuis qu’il est devenu également réalisateur il y a cinq ans, Marc Dugain enchaîne les projets entre cinéma, télévision et bien évidemment l’écriture de ses romans. Alors qu’il vient de glaner des récompenses aux festivals de Milan et Berlin pour la réalisation de La malédiction d’Edgar, adaptée pour la télévision de son roman sur Hoover le patron du FBI, il va transposer au cinéma le roman de Chantal Thomas, L’échange des princesses. Ravi à la fois de tourner un film d’époque et de travailler sur une base qui n’est pas de lui, ses trois premiers films étant adaptés de ses écrits, il a eu le coup de foudre pour cette histoire autour du jeune Louis XV : «  Elle dit beaucoup de choses sur la royauté et la manière dont on traitait les enfants au XVIIIe siècle. » Cette passion du cinéma existait en lui au même titre que celle de la littérature, et aujourd’hui ces deux modes d’expression lui sont devenus indispensables : « En écrivant, votre imaginaire s’adresse à l’imaginaire des autres. En réalisant, vous plaquez une réalité et tout d’un coup vous faites vivre un monde devant vous. En plus, la direction d’acteurs me plaît beaucoup. » Après avoir été lancé dans le métier par le producteur Jean-Louis Livi, qui lui a suggéré en 2009 de réaliser lui-même l’adaptation de son roman Une exécution ordinaire, Marc Dugain a créé sa propre société afin de développer ses projets.

 

L’Histoire en fond

Pour autant, l’écriture n’est pas en sommeil puisqu’il a terminé cet été le tome deux de L’emprise, la suite de son passionnant thriller politique sorti il y a six mois, qui n’est pas sans rappeler l’affaire Karachi, et a commencé le troisième avec en projet d’en faire une série télé. S’il est une constante dans son œuvre littéraire, c’est bien l’ancrage historique ou politique de ses romans : « J’ai été marqué par l’histoire de mon grand-père qui a été défiguré durant la guerre de 14-18. Puis ma famille a joué un rôle important dans la Résistance pendant la seconde guerre mondiale. Parallèlement, j’ai toujours été sensible à la chose politique, à l’évolution de la démocratie, j’ai d’ailleurs fait des études à Sciences-Po, sans pour autant en faire mon métier. C’est un milieu où l’on se fait très vite broyer si l’on a des valeurs tranchées. Voir aujourd’hui la déliquescence du système est un sujet très intéressant pour un écrivain. »

Chaque fois qu’il traite d’un événement historique ou politique, c’est à la suite d’une indignation ou pour en révéler les dessous, mais aussi pour restituer une réalité qui n’est pas perceptible par les faits. Comme explorer la psychologie d’un personnage : « On ne peut pas comprendre la cruauté de Staline si l’on ne sait pas qu’il a été battu par son père, qui n’était pas vraiment son père, à coup de nerf de bœuf jusqu’à en être handicapé (en référence à son roman Une exécution ordinaire). De même pour l’homosexualité honteuse de Hoover qui le pousse à se protéger et à transformer une souffrance en force (La malédiction d’Edgar). Le tueur en série Kemper ne fait que rendre ce qu’on lui a donné, et en disant cela ce n’est pas du tout l’exonérer. C’est juste expliquer qu’en enfermant pendant 12 ans un enfant dans une cave à côté d’une chaudière qui le terrifie, vous allez avoir une bombe à retardement (Avenue des géants). »

 

Une vraie conscience politique

La politique, Marc Dugain s’en nourrit quotidiennement, et ce qui se passe aujourd’hui avec François Hollande, selon l’écrivain, est le reflet d’une époque avec une impunité du langage en flots continus où tout le monde peut dire n’importe quoi. Il est persuadé que l’on est arrivé au bout d’un système, que la Ve République est morte, tout en sachant que le problème est aussi de trouver comment les politiques peuvent se réapproprier le pouvoir, confisqué par les marchés financiers et les multinationales. Sans aller vers le « tous pourris », il a voulu rendre compte avec une ambition balzacienne dans L’emprise, de l’état de notre démocratie en se servant de toutes les informations glanées auprès de ses copains journalistes d’investigation, mais aussi en utilisant la fiction avec un mode de narration assez moderne.

En écoutant tous les matins France Inter assez tôt avant de se mettre à écrire, il constate à quel point la parole politique est formatée : « C’est une espèce de baratin où les mots ne correspondent à rien, avec en plus une langue de bois qui prend des proportions insupportables. Le rôle d’un romancier est de remettre un peu de sens dans les mots. »

 

La vie d’avant

Avant d’écrire, Marc Dugain a vécu une autre vie, démarrée avec des études politiques et financières qui le mènent au métier d’expert-comptable. Ayant des enfants assez tôt, il fait ce choix pour subvenir aux besoins de sa petite famille, mais aussi pour prouver à sa mère qui avait fait HEC puis diriger une entreprise, elle qui le voit comme un artiste, qu’il est capable de faire aussi bien qu’elle. Il se spécialise dans la finance aéronautique puis reprend une compagnie aérienne et la restructure. Même s’il prend du plaisir à diriger cette entreprise, notamment dans les relations sociales et les discussions avec les syndicats, où il fait de gros sacrifices pour que les gens soient bien traités, il se rend compte à 40 ans qu’il n’est pas complètement fait pour cela et ressent le besoin de développer son intellect. C’est alors que démarre une seconde vie avec la publication de La chambre des officiers, écrit 5 ans plus tôt sans penser à être publié, juste pour apporter un témoignage à ses enfants de ce qu’avait vécu son grand-père. Devant le succès de ce premier roman, qu’il prend comme un encouragement, il revend sa compagnie à Air France, se plonge dans l’écriture et progressivement cela devient vital.

 

Aucun calcul

Le succès d’une manière générale, qui ne s’est jamais démenti au fil de ses romans depuis 15 ans, Marc Dugain, de par sa nature, a tendance à le relativiser et le reçoit avec une satisfaction modérée. Concernant cette adhésion, on ne peut pas dire que le romancier tire sur un filon, que c’est un faiseur, bien au contraire il a réussi à fidéliser un public par un travail sérieux, appliqué et une remise en question où chaque livre est un saut dans le vide avec un univers totalement différent du précédent. Ses thèmes de prédilection sont : « La question de l’enfermement, de la liberté individuelle, du déterminisme, de la marge de manœuvre que l’on a dans la vie après l’étape cruciale de l’enfance. Pour moi, l’essence de la littérature est de comprendre comment fonctionne l’être humain. »

 

L’écriture comme une drogue

En dehors des périodes de tournage où il est totalement concentré sur son film, Marc Dugain écrit tous les jours, généralement assez tôt le matin, et à l’image de la course à pied qu’il pratique régulièrement : «  Il n’y a pas de règle quant à l’inspiration au moment d’écrire, elle peut très bien se révéler inversement proportionnelle à votre état de forme. » Néanmoins, ses conditions idéales pour être productif sont réunies lorsqu’il est dans sa maison en Dordogne en pleine campagne, délesté des contraintes et du stress de la capitale, tout en étant entouré de sa femme et ses quatre enfants : « Je n’aime pas la solitude, j’ai besoin d’être seul au milieu des autres. » Sans être un ours, les mondanités de la vie parisienne ne l’intéressent pas et il essaie aussi souvent qu’il le peut de rejoindre sa région d’adoption, où il aime monter ses chevaux, sa moto ou simplement marcher.

S’il reconnait avoir un besoin d’hyperactivité intellectuelle, son moteur demeure avant tout l’enthousiasme, autant pour choisir un sujet de roman que pour se lancer dans un projet d’adaptation ou de réalisation, et s’il ne le ressent pas,  il préfère s’abstenir.

 

Une vie contrariée mais heureuse

C’est au Sénégal que Marc Dugain voit le jour et passe ses jeunes années, dont il garde le souvenir d’une enfance dorée. Son père, spécialiste de la fertilité des sols, y travaille dans la coopération pour aménager les zones cultivables. Puis, la famille s’installe à Grenoble, où il y fait ses études, tout en ayant une maison en Dordogne. Le jeune Marc rêve d’avoir un métier indépendant et de s’installer à plein temps dans cette région aimée. Ce qu’il ne fera pas, mais il n’a aujourd’hui aucun regret : « La vie m’a permis de faire des choses qui ont été bien au-delà de mes ambitions. Pour l’avenir, j’ai juste envie que ça continue comme ça, pouvoir développer mes projets en restant en bonne santé. »

 

 

A lire : "L'emprise", dont voici la chronique publiée sur ce blog il y a quelques mois.

 

 

Thriller politique très proche de la réalité

 

Auteur de romans marquants comme « La chambre des officiers » sur des soldats défigurés de la grande guerre, « Une exécution ordinaire » qui met en scène notamment Staline, ou « La malédiction d’Edgar » sur la vie de Hoover redoutable patron du FBI, tous trois adaptés au cinéma ou à la télévision, Marc Dugain s’attaque aujourd’hui à la politique française et ses troubles ramifications. A 57 ans, l’écrivain dissèque avec une incroyable précision un monde qu’il connaît bien où le pouvoir est le principal enjeu, et où la forme a définitivement pris le pas sur le fond. Il construit très judicieusement un puzzle où de nombreux personnages prennent progressivement place, et laissent apparaître les manipulations et les liens dangereux entre les milieux politiques et économiques avec en arbitre les services de renseignements dont le pouvoir fait froid dans le dos. Des chapitres courts avec une écriture directe et très efficace, où l’on passe d’un personnage à l’autre avec la même excitation que dans les meilleures séries télé. Deux principaux protagonistes, que l’on découvre dès le début du roman, se détachent des autres. L’histoire s’ouvre sur une femme agent de la DCRI, vivant avec son fils atteint d’une forme d’autisme, qui reçoit son père à dîner pour lequel elle n’éprouve pas une grande affection. Puis, un député-maire chef de l’opposition et favori des sondages pour la prochaine élection présidentielle rend visite à son père, qui finit ses jours paisiblement dans une maison médicalisée. Il entame avec lui une conversation où à la fois il remercie le vieil homme et lui pardonne ses manquements, tout en ne sachant pas s’il comprend encore ses propos. Tous les personnages remarquablement pensés jusque dans les détails de ce passionnant roman, où l’aspect psychologique a une place importante, tendent à montrer sous la plume très lucide de Marc Dugain, l’état exsangue de notre démocratie. Entre thriller et comédie humaine, « L’emprise », dont une suite est prévue, nous apporte un formidable éclairage sur les coulisses du pouvoir sans jamais tomber dans la caricature.

                                                                                                                      

L’emprise – Un roman de Marc Dugain – Gallimard – 314 pages – 19,50 €.  

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L’écologie, les océans et les enfants

Publié le par Michel Monsay

L’écologie, les océans et les enfants
L’écologie, les océans et les enfants

Depuis 2008, Maud Fontenoy, avec la volonté sans faille qui la caractérise, propose une écologie positive et efficace, loin du dogmatisme des partis politiques. Que ce soit avec sa fondation, à l’Unesco, au Conseil économique, social et environnemental, dans ses livres ou films documentaires, l’ancienne championne des océans s’est mise à leur service et plus globalement à celui de l’environnement pour sensibiliser petits et grands à leur préservation.

 

Outre sa fondation, Maud Fontenoy se bat sur plusieurs fronts pour que l’on parle des océans et que leur préservation soit au centre des débats. Porte parole de la commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco, elle rappelle que : « 60% de la haute mer est aujourd’hui sans juridiction, il n’y a pas réellement de règles, ni de lois. Il va falloir impérativement gérer cette question, et pour cela la commission de l’Unesco est fondamentale puisqu’elle essaie de mettre d’accord tous les états ayant un littoral, sur ce genre de problématique. De même, la lutte de certains pays pour l’extension de leur souveraineté sur des terres émergées, avec toutes les ressources que cela représente, est une des questions cruciales du XXIe siècle. » Avec cette commission de l’Unesco, dans un rôle diplomatique, l’ancienne navigatrice contribue à remettre les océans au cœur d’un système afin que chaque décision les concernant aille dans le bon sens. L’Unesco, toujours concernée par la sensibilisation de la jeunesse, est par ailleurs partenaire des programmes éducatifs de la Fondation Maud Fontenoy

 

Son expertise pour aider à la décision

Parallèlement, Maud Fontenoy est membre du Conseil économique, social et environnemental en tant que personnalité qualifiée dans la section de l’environnement depuis octobre 2010. Elle y siège trois fois par semaine, après avoir quitté son petit paradis de Carqueiranne pour monter à Paris, aux côtés d’une trentaine d’autres membres afin d’apporter ensemble leur expertise et auditionner toutes les personnes susceptibles de fournir un complément d’information sur un dossier. Le gouvernement saisit cette section sur tous les sujets liés à l’environnement, et juste avant la trêve estivale la section a rendu un rapport sur un projet de loi pour la transition énergétique.

Comme elle ne pouvait pas continuer à tout assumer de front, elle n’est plus vice-présidente du conservatoire du littoral, même si elle continue à travailler avec cette institution dans le cadre d’un partenariat avec sa fondation, et à promouvoir son action : « Ce conservatoire, qui a près de 40 ans, permet en rachetant des territoires de préserver des zones de littoral afin qu’elles ne soient pas constructibles. »

 

Sensibiliser tous les enfants

Si les défis personnels qui ont fait sa réputation ne sont plus d’actualité depuis qu’elle est maman de deux enfants et d’un troisième à venir, elle ne dit pas qu’un jour, les deux ou trois idées qui lui trottent dans la tête ne se concrétiseront pas. Cependant, chaque été elle traverse l’Atlantique avec son voilier de course pour faire naviguer des enfants en rémission de cancer, et tout au long de l’année ce bateau permet à des gamins souvent défavorisés de découvrir la mer.

La jeunesse est bien au cœur de l’action de Maud Fontenoy, qui avec sa fondation a élaboré des programmes facultatifs d’éducation à l’environnement, adressés à tous les lycées, collèges et écoles primaires de France avec un courrier du Ministre de l’éducation nationale pour en souligner l’intérêt : « Ces programmes ont pour thématiques, l’eau, la biodiversité, les métiers liés à l’environnement, réapprendre à vivre ensemble dans le respect de l’environnement, faire que l’écologie ne soit ni culpabilisante, ni anxiogène mais ouverte à tous. Nous démarrons un nouveau programme à la rentrée dans les 55 000 écoles primaires, sur l’agriculture et l’alimentation, pour mieux faire connaître le monde agricole et comprendre comment mieux se nourrir et comment nourrir le monde. Ce programme a été conçu avec l’Unicef et le CNRS. Les collèges auront un programme sur le littoral, la biodiversité et l’engagement citoyen. Quant aux lycées, ce sera les métiers liés à l’environnement et les énergies renouvelables. »

 

Le fruit de son travail

D’une année sur l’autre, Maud Fontenoy a la satisfaction de voir les écoles de plus en plus attentives aux programmes et aux défis lancés par sa fondation. Ces défis participatifs, récompensés par des prix, proposent à chaque classe d’école primaire, de collège et de lycée, de travailler tout au long de l’année scolaire sur une thématique donnée. Lors de la dernière édition, 450 000 élèves ont participé aux trois défis. Ses efforts portent leurs fruits aussi auprès de l’Education nationale, dont les programmes scolaires sont très lourds à changer, et pourtant aujourd’hui le développement durable fait partie des programmes obligatoires, de même pour l’océan au collège et en seconde.

Dans la perspective de la grande conférence mondiale sur le climat qui aura lieu à Paris fin 2015, Maud Fontenoy a rencontré Laurent Fabius pour évoquer une action commune : « Cela pourrait être un programme sur le changement climatique et un grand défi national sur cette thématique, lancé à toutes les écoles de France l’année prochaine. Ce serait une très bonne chose, car pour mobiliser la société civile, il faut sensibiliser sa jeunesse. »

 

Convaincre aussi avec des mots et des images

Pour autant, elle ne néglige pas le grand public qu’elle essaie de toucher à travers ses livres et ses films documentaires, en essayant d’insuffler un message écologique différent. Elle a d’ailleurs écrit il y a quelque mois un essai intitulé « Ras-le-bol des écolos - pour qu’écologie rime enfin avec économie », avec la volonté d’affirmer que l’écologie ne doit pas être politique mais appartenir à tout le monde. En mettant en avant et en expliquant tout ce qui fonctionne à travers le monde, notamment au niveau des transports, de l’urbanisme et de l’énergie, elle en a fait un livre engagé pour donner envie et non pour culpabiliser le lecteur. L’écriture est très importante pour Maud Fontenoy, qui d’ailleurs aime beaucoup lire. Elle lui permet de concentrer ses idées et donner des raisons d’espérer, comme dans son prochain livre à paraître début 2015 sur le principe d’innovation. Sur cette même thématique, elle a accepté d’être une des porte-paroles du comité de soutien de la candidature de la France à l’organisation de l’exposition universelle de 2025.

Des projets de documentaires, elle en a plein ses tiroirs, mais il faut trouver le temps et l’argent pour les monter. Dans le dernier en date, « Paradis blanc », elle a réussi à associer son rêve d’aller en Antarctique avec son engagement, en emmenant avec elle quatre adolescents sourds-muets afin qu’ils deviennent ambassadeurs de la biodiversité.

 

Penser différemment l’écologie

Cette écolo pas comme les autres n’hésite pas à rencontrer le patron de la FNSEA pour envisager un éventuel partenariat, et faire partie d’un comité éthique mis en place par le syndicat agricole. Ses prises de position font aussi des remous, notamment celle sur le gaz de schiste, où elle a voulu clarifier cette problématique dont beaucoup ne savent pas ce qu’il y a derrière : « Tout d’abord, de quoi parle-t-on quand les gens s’énervent ? La recherche étant interdite, nous ne savons même pas si nous en avons en France. En plus, il faut savoir que c’est un gaz similaire au gaz naturel utilisé dans nos cuisines, la seule différence est que l’on va le chercher dans une roche appelée schiste. Ouvrons donc la recherche, et si jamais il y a du gaz, qu’il est exploitable et économiquement viable, il existe aujourd’hui des techniques non-polluantes alternatives à la fracturation hydraulique. »

Le dogmatisme en écologie et la chape de plomb posée sur certains sujets désolent Maud Fontenoy, surtout lorsque l’on surfe sur les peurs des français. Cependant, la question de la recherche sur le gaz de schiste est en train d’évoluer dans les mœurs, Arnaud Montebourg, Laurent Fabius et Ségolène Royal n’y sont pas opposés. Mais la politique n’intéresse pas pour le moment l’ambassadrice des océans, malgré les rumeurs qui la voyaient s’engager, notamment au moment des élections européennes.

 

L’amour de la nature

Sa participation à l’opération « Ma France en photo » n’est pas étonnante pour celle qui aime tant mettre en valeur le patrimoine naturel de notre pays. Ébahie tous les jours par la beauté des paysages de Carqueiranne et de ses environs, elle a photographié le 14 juillet une crique de Porquerolles, la mer turquoise. Lorsqu’elle a un peu de temps, c'est-à-dire pas souvent, elle aime cuisiner avec ses enfants pour leur apprendre la qualité des produits et se promener avec eux dans la nature. Cette boulimie d’activités dans un cadre commun, menée avec le courage et la ténacité de ses exploits passés, a pour unique but de démontrer que l’écologie est source d’inspiration, d’innovation, de rêve et qu’elle ne comporte pas que des contraintes. A près de 37 ans, ses souhaits présents et futurs se tournent aussi vers sa petite famille : « Tout d’abord, mettre au monde un petit garçon plein d’énergie et de bonne santé, puis que mes enfants aiment toujours autant la nature lorsqu’ils seront grands. »

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De l’ambition sous la toque

Publié le par Michel Monsay

De l’ambition sous la toque

Après s’être fait connaître du grand public l’année dernière en participant à Top chef sur M6, Valentin Néraudeau partage désormais sa vie entre Paris et Toulouse pour exercer ses talents de cuisinier. A 29 ans, ce jeune chef qui a déjà 15 ans de métier sait d’où il vient mais aussi ce qu’il veut. Sa détermination n’a d’égal que son amour des bons produits, sublimés par les recettes dont il a le secret.

 

Depuis Novembre 2013, Valentin Néraudeau est parti à la conquête de la capitale en devenant chef de cuisine et directeur du Bermuda Onion, restaurant qui se trouve dans le tout nouveau et très beau centre commercial Beaugrenelle. Laurent de Gourcuff, président du groupe Noctis qui possède une quinzaine de clubs, hauts-lieux des soirées parisiennes, a racheté ce restaurant qui a eu de belles heures de gloire entre 1985 et 2004, et a fait appel au cuisinier pour s’en occuper. Nouveau challenge pour cet ambitieux, déjà bien ancré à Toulouse, qui ne manque pas de projet dans sa deuxième ville d’adoption. Au-delà de la carte qu’il a élaborée au Bermuda Onion, il va donner prochainement des cours de cuisine comme il le faisait déjà dans son restaurant de la ville rose : « J’aime transmettre ce que l’on m’a appris, c’est un moment de plaisir et de partage. » Ce qu’il propose à Paris s’apparente au bistro chic avec une touche méditerranéenne et des produits frais du Sud-ouest livrés quotidiennement ou provenant de Rungis. On trouve également à la carte le fameux burger qui avait fait la réputation du Bermuda Onion, revisité par le chef. Alors qu’au Carré rouge à Toulouse, c’est une cuisine méditerranéenne plus gastronomique

 

Sans cesse en mouvement

En 2011, Valentin Néraudeau décide de se séparer de deux des trois établissements qu’il a dans la capitale de la région Midi-Pyrénées, où il y garde le principal pour privilégier la qualité et être présent régulièrement. Aujourd’hui, sa vie est désormais partagée entre les deux villes, même s’il passe plus de temps dans le restaurant parisien. Ses différentes responsabilités ne l’empêchent pas d’être tous les jours en cuisine, tant pour le service que pour de nouvelles créations, dans le but de proposer une nouvelle carte tous les deux mois. Pour l’élaboration d’un nouveau plat, il explique : « J’aime l’architecture d’une assiette, jouer sur la cuisson des produits, les couleurs, les associations. » Valentin Néraudeau n’est pas réfractaire aux critiques, bien au contraire, il s’en sert pour sans cesse chercher à s’améliorer. Assez régulièrement, il est chef invité au restaurant L’Alcazar où il élabore un menu avec d’autres anciens candidats de l’émission Top chef.

 

La cuisine évidemment

Dès l’âge de 8 ans, le rêve de devenir cuisinier se dessine dans l’esprit du jeune Valentin, en aidant sa grand-mère aux fourneaux et en s’occupant du potager avec son grand-père : « Semer, voir les légumes pousser, les cueillir puis les cuisiner, je prenais énormément de plaisir à toutes les étapes. L’art de transformer un produit brut, le sublimer est ce que j’aime par-dessus tout dans la cuisine. Il faut avoir le respect des bons produits. » Si ses grands-parents marquent profondément l’enfance rurale dans la campagne charentaise du jeune homme, son père boulanger et sa mère qui aime aussi mijoter des petits plats contribuent à son choix d’orientation.

A 14 ans, il commence un apprentissage en alternance du métier de cuisinier et n’a pas l’intention de perdre son temps. Il enchaîne, CAP, BEP, Brevet professionnel et vu que son travail est apprécié, il apprend auprès de grands chefs étoilés comme André Daguin à Auch et Bernard Bach au Puits Saint-Jacques près de Toulouse. C’est avec ce dernier qu’il remporte le concours du meilleur apprenti de France en 2001 : « Ces chefs m’ont apporté l’éducation, la rigueur, la propreté, le savoir-faire, la technique, le goût pour la cuisine méditerranéenne. » Cinq ans plus tard, il ouvre à 20 ans son premier restaurant, Le Valentin. Assez rapidement cela marche bien, à tel point qu’il en ouvre un second un an après, Le carré rouge qu’il possède toujours aujourd’hui, et même un troisième deux ans plus tard.

 

D’un concours à l’autre

Cette envie de se surpasser, de relever des défis est la ligne directrice du parcours de Valentin Néraudeau, qui a toujours cherché à prouver ses capacités. Aimant aussi la pâtisserie, il ne veut pas ressentir le manque qu’éprouvent certains cuisiniers. Il cumule les deux casquettes et va même jusqu’à participer au championnat de France du dessert dont il est finaliste en 2009 et 2011. Ce monde assez fermé, selon ses dires, n’a peut-être pas vu d’un très bon œil ce cumul et aura préféré récompenser des purs pâtissiers.

Puis, la télévision qui devait forcément s’intéresser un jour ou l’autre à ce challenger dans l’âme au parcours atypique, fait appel à lui en 2012. Il présente dans un premier temps sur France 3 Midi-Pyrénées, une recette en direct dans l’émission « 13h avec vous ». Avant que M6 ne le sélectionne l’année suivante comme candidat de la saison 4 de Top chef, concours de cuisine de téléréalité réservé aux professionnels : « Cette expérience a renforcé l’idée qui était déjà pour moi une règle de vie : aller à l’essentiel. Top chef est un concours d’endurance où ce n’est pas forcément le meilleur qui gagne. Il faut avoir la bonne idée, l’inspiration avec tel produit au bon moment malgré la fatigue. » Il est éliminé au bout de 8 émissions sur les 13 que comporte une saison, mais il est conquis par la télévision et nul doute qu’il y reviendra bientôt. Déjà à l’heure actuelle, il intervient de temps en temps dans l’émission C’est au programme sur France 2 où il propose une recette.

 

En dehors de la cuisine

La discipline est un aspect important de la vie de Valentin Néraudeau, que l’on retrouve à la fois dans son approche de la cuisine mais aussi dans sa pratique à raison de 8 à 10 heures par semaine de la musculation. Le sport l’aide à ne jamais rien lâcher, être rigoureux et savoir se remettre en question. Bien dans sa tête mais aussi bien da     ns son corps, il a posé à la manière de certains sportifs pour des photos mettant en valeur son physique. En décembre dernier, il révèle son homosexualité davantage pour faire avancer les choses que pour lui-même : « Ce coming out, je l’ai voulu propre dans un magazine de qualité, Têtu, mais il n’a  rien changé à ma vie, si ce n’est de nombreux messages de sympathie, notamment de chefs. »

 

Toujours plus

Totalement investi dans son métier, il ne s’octroie pas de temps pour autre chose et mène une vie trépidante, ayant horreur de l’ennui. Installé depuis six mois à peine au Bermuda Onion, tout en ayant Le carré rouge à Toulouse, il rêve déjà d’ouvrir un nouveau restaurant à Paris. Cette fois, ce serait sans doute le sien à part entière. Parallèlement, il souhaite continuer à transmettre son savoir-faire par le biais de la télévision, par ses cours de cuisine et prochainement peut-être des livres. Chaque fois qu’il évoque son parcours, Valentin Néraudeau tient à remercier ceux qui ont cru en lui, au premier rang desquels ses grands-parents et sa mère. Il évoque aussi les rencontres importantes qu’il a pu vivre en participant à Top chef : « Cyril Lignac pour sa convivialité, son sens du partage. Jean-François Piège qui est un maître. Sa cuisine à la fois simple et très complexe est celle dans laquelle je me reconnais le plus. »

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Perfectionniste et d’une grande maturité

Publié le par Michel Monsay

Perfectionniste et d’une grande maturité
Perfectionniste et d’une grande maturité

 

Elle n’a que 20 ans et déjà un palmarès exceptionnel. Quadruple championne paralympique de ski alpin handisport debout, Marie Bochet a aussi remporté sept titres de championne du monde et trois coupes du monde. A Sotchi, elle s’est fait connaître du grand public en l’impressionnant par ses exploits, et a fait entrer le handisport dans une nouvelle dimension.

 

Ce que vit Marie Bochet depuis les Jeux paralympiques de Sotchi en mars dernier est assez violent, puisqu’elle est passée d’une reconnaissance confidentielle à une hypermédiatisation. En devenant la reine de ces Jeux avec 4 médailles d’or, une avalanche de sollicitations l’a submergée. Radios, télés, presse écrite, tous ont voulu l’interviewer. A l’image d’une star américaine de passage à Paris, la savoyarde du Beaufortin a enchaîné au retour de Sotchi trois journées de marathon médiatique en passant d’un plateau à l’autre, avant de retrouver ses montagnes. Jamais un athlète handisport n’avait connu une telle exposition. Un mois après cette effervescence, elle vient d’enregistrer l’émission de Frédéric Lopez qui se déroule à la campagne, « La parenthèse inattendue », avec comme autre invité Franz-Olivier Giesbert : « Ce sont deux jours hors du temps, j’ai vraiment adoré faire cette émission où il y avait une très belle ambiance et où l’on n’avait pas l’impression d’être à la télé. Sinon, toutes ces rencontres avec les médias ont été très enrichissantes, comme « Le grand journal » de Canal + que je regarde souvent et où je ne pensais jamais être invitée. »

 

Les médias et le handisport

Il est évident que les performances et la personnalité de Marie Bochet ont amplifié l’intérêt des médias et par conséquent du grand public pour le handisport, qui progresse cependant d’une olympiade à l’autre. A Sotchi, c’était la première fois que les épreuves des Jeux paralympiques étaient retransmises en direct à la télé. Cette étape importante a permis de faire connaître les différentes disciplines sur neige et glace du handisport, et donner ainsi à des jeunes handicapés l’envie de suivre la trace de la championne savoyarde. C’est aussi plus facile pour les athlètes, avec cette nouvelle visibilité, d’obtenir un soutien financier de partenaires. Avant Sotchi, Marie Bochet était quasiment inconnue et pourtant aux championnats du monde en 2013, elle avait tout simplement gagné tous les titres en jeu : Descente, slalom, super-G, slalom géant, et super-combiné. Un tel exploit avait quand même provoqué une petite médiatisation mais rien de comparable avec aujourd’hui. A l’image des JO pour les valides, les Jeux paralympiques sont un moment à part dans la carrière d’un athlète. Au-delà des caméras et des micros, de l’ambiance magique de l’événement et de la rencontre avec des sportifs d’autres disciplines, il y a des primes aux médailles qui permettent à ces champions de gagner un peu d’argent.

 

Une ascension fulgurante

L’aventure paralympique, Marie Bochet la découvre une première fois aux Jeux de Vancouver en 2010 alors qu’elle n’a que 16 ans. Elle y acquiert l’expérience si particulière de ce genre d’événement, qui lui est bénéfique dès l’année suivante où elle décroche ses deux premiers titres aux championnats du monde à Sestrières. A partir de là tout s’enchaîne, elle obtient son premier globe de cristal la même année en remportant le classement général de la coupe du monde. Elle confirme cette suprématie avec deux nouveaux globes en 2012 puis 2014, et arrive à Sotchi en position de favorite : « Même si je peux progresser techniquement, je suis au top de ma discipline, et comme on ne sait pas ce qui peut se passer dans 4 ans j’avais une pression particulière. J’ai appris à la gérer en amont avec une préparatrice pour arriver le jour J en étant forte mentalement. Cela me permet notamment lorsque je gagne la 1ère manche d’une épreuve de ne pas cogiter, et d’être aussi performante lors de la 2ème. Ma force réside, selon mon coach, dans mon toucher de neige. Je ressens beaucoup de choses avec mes skis et suis très à l’écoute de mon corps, par conséquent je m’adapte à toutes sortes de situations. » Chacune des 4 médailles d’or remportées à Sotchi lui a évidemment procuré un bonheur intense, mais celle obtenue dans la descente restera à jamais son premier titre paralympique, sensation incroyable qu’elle ne pourra pas revivre. La seule médaille qui lui échappe est celle de la discipline où elle est la plus à l’aise, le slalom, pour lequel elle arrive au départ avec trop d’envie, ce qui la pousse à la faute.

 

Sur un plan personnel

Très présente depuis le début le sa carrière, la famille de Marie Bochet est venue au grand complet à Sotchi, puisqu’une vingtaine de personnes ont fait le déplacement pour partager ce moment unique avec leur championne. Discipline semi-amatrice, le ski handisport ne permet pas à ses athlètes d’en vivre, même si la situation évolue avec la médiatisation plus importante. Certains d’entre eux ont des contrats individuels avec des partenaires. Marie Bochet, encore plus après sa consécration aux Jeux, va pouvoir les négocier plus facilement. Elle ne se voit pas pour autant rester dans le monde du sport toute sa vie, et pour cela envisage de reprendre ses études parallèlement dès septembre prochain, même si elle n’a pas encore décidé l’orientation. Titulaire d’un Bac ES avec mention très bien, elle se sent attirée par plusieurs domaines d’activité. Pour le moment, elle va enfin avoir un peu de temps à elle et avec ses proches avant de retourner à l’entraînement dès le mois de mai, tout en continuant à répondre à des sollicitations d’associations ou d’écoles pour célébrer ses exploits ou partager son expérience exemplaire. Cerise sur le gâteau, elle vient d’être sacrée athlète handisport de l’année 2013 pour ces 5 titres de championne du monde, en recevant le trophée Laureus. C’est la première fois qu’un athlète français handisport obtient cette prestigieuse récompense, seuls Zidane et Mauresmo l’avaient précédé chez les valides côté tricolore.

 

Le ski handisport tout naturellement

Chose assez étonnante, Marie Bochet n’est pas une compétitrice dans l’âme, elle cherche plus à améliorer en permanence son ski qu’à battre ses adversaires. Son entraînement est très proche de celui des valides, elle s’est d’ailleurs entraînée avec la relève de l’équipe de France à la section ski haut niveau du lycée d’Albertville durant plusieurs années. Dès son très jeune âge, le ski est arrivé naturellement dans la vie de la savoyarde, à la station des Saisies puis plus tard à celle d’Arêches toutes deux proches de la ferme de ses parents. Elle commence au jardin d’enfants alors qu’elle n’a que 3 ans, puis au pré-club où son entraîneur va déceler des possibilités chez cette petite fille née avec une agénésie de l’avant-bras gauche. Jusqu’au collège elle progresse avec ses camarades valides, puis découvre le handisport qui lui convient davantage : « J’avais besoin de plus de temps pour passer un cap, trouver un placement différent par rapport à mon bras, et comme la sélection chez les valides se fait très rapidement, j’étais mieux dans le handisport pour devenir performante à mon rythme. Après les Jeux de Vancouver en 2010, nous avons mis en place avec mon entraîneur une prothèse à mon bras gauche, grâce à laquelle j’ai gagné en équilibre et en technique. »

 

D’une famille à l’autre

Son enfance agricole dans la vallée du Beaufortin est très heureuse, son père avec un troupeau de 80 vaches laitières livre la coopérative pour la fabrication du fameux Beaufort AOP, dont il est président, et sa mère a un élevage d’escargots. L’été, la petite Marie gambade dans les alpages où ses parents ont un gîte et font monter les vaches. Aujourd’hui encore elle a besoin de cet environnement montagnard privilégié entre ski et randonnée pour se ressourcer. Quant à sa malformation, elle n’en a jamais souffert : « J’ai grandi avec, il n’y a pas eu un choc à un moment donné où j’aurai perdu mon avant-bras. Il y a certainement eu des réflexions d’enfants quand j’étais petite, mais je suis passée au-dessus assez facilement. Maintenant, on oublie mon handicap. » Elle s’est très vite sentie à l’aise dans la famille du handisport : « Ce sont des gens qui ont une expérience de vie incroyable, ils vous apprennent beaucoup et il y a des liens très forts. De manière générale, je me sens mieux avec des personnes plus âgées, ce qui est le cas en handisport où j’ai toujours été la plus jeune. » A tout juste 20 ans, cette perfectionniste qui vient d’être promue Chevalier de la Légion d’Honneur, veut continuer à se faire plaisir sur ses skis en améliorant sans cesse des petits détails jusqu’aux Jeux de Pyeongchang en 2018, tout en envisageant un avenir professionnel qu’on lui souhaite aussi radieux, mais nul doute que l’on peut lui faire confiance.

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Viscéralement breton

Publié le par michelmonsay

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A la tête d’une des entreprises qui fait la fierté de la Bretagne, et qui symbolise le « made in France » depuis la fameuse photo d’Arnaud Montebourg en marinière, l’ancien numéro 2 du groupe Bolloré, Jean-Guy Le Floch, n’en finit pas depuis 20 ans d’innover avec succès afin qu’Armor-Lux ne connaisse pas la crise.

 

En fournissant quelques dizaines de milliers de bonnets rouges au mouvement de protestation breton, qui a tiré la sonnette d’alarme en novembre 2013 contre l’écotaxe et une situation économique délicate, Jean-Guy Le Floch et son entreprise sont fiers d’en avoir été solidaires. Parmi les autres événements marquants de ces derniers mois, le patron d’Armor-Lux ne décolère pas d’avoir perdu le très gros marché de la police nationale, après avoir habillé 110 000 policiers durant 5 ans avec un taux de satisfaction de plus de 90 %. Il a d’ailleurs intenté un procès au ministère de l’intérieur afin de comprendre ce qui s’est passé. Pour compenser ces pertes qui ont coûté leur emploi à 25 personnes dans l’usine de Quimper, l’entreprise s’est dotée de trois nouveaux magasins grand public, dont un très grand à Plaisir en région parisienne. Le dirigeant a   eu le nez creux il y a trois ans en décidant de construire ces nouveaux points de vente, pour palier l’éventuelle perte du marché de la police. En tout, 60 magasins sont répartis en France plus un à New-York, où l’on trouve dans ceux qui dépassent 300 m², en plus de la collection de vêtements, des produits d’épicerie fine bretonne et des crêpes fabriquées sur place.

 

Entre grand public et marchés publics

Pour 2014, outre l’ouverture en avril d’un magasin à Deauville,  Jean-Guy Le Floch attend impatiemment la concrétisation d’un marché avec la SNCF pour habiller 35 000 agents et un autre avec la gendarmerie et ses 120 000 gendarmes. Depuis 2004 et le contrat obtenu avec la Poste, il passe beaucoup de son temps sur ces appels d’offres très complexes et concurrentiels, mais aussi dans la mise en place des contrats une fois remportés, puisque l’entreprise livre les agents individuellement. Avec cette double activité, 60% de ventes au grand public et 40 % en contrats nationaux, Armor-Lux assure ainsi sa pérennité. Pour obtenir les marchés publics européens, l’entreprise est obligée de sous-traiter pour être compétitive, comme tous les pays de l’Union d’ailleurs : « Nous nous limitons à une production proche dans le pourtour méditerranéen et une collaboration en Inde avec des partenaires sérieux, fiables et traçables. Toute notre collection grand public de sportswear à l’esprit marin et de sous-vêtements est fabriquée à Quimper, à l‘exception des grosses pièces. » Armor-Lux emploie 600 personnes en France et a un chiffre d’affaires de 100 millions  d’euros qui progresse de 5 à10% chaque année.

 

Un rêve de gosse

Lorsque Jean-Guy Le Floch a su qu’Armor-Lux était à vendre, son sang n’a fait qu’un tour : « C’est une marque mythique, synonyme de qualité, ancré dans le cœur de tous les bretons. Elle a bercé mon enfance, je revois encore leur camion qui venait régulièrement dans la cour de notre petite ferme. » Comme ils s’étaient promis avec un ami à la fin de leurs études secondaires qu’ils seraient entrepreneurs ensemble, ils ont donc racheté la société à deux en 1993. « Le retour aux valeurs sûres en ces temps de crise et aux entreprises qui font travailler des gens en France, explique Jean-Guy Le Floch, sont les raisons du succès d’Armor-Lux que l’on constate aujourd’hui bien au-delà de la Bretagne. L’effet Montebourg avec le Made in France continue de jouer dans l’acte d’achat des français. En ce moment, Renault fait gagner 40 000 marinières fabriquées chez nous. » Cet extraordinaire coup de pub, lorsque le Ministre du redressement productif a posé en marinière à la une du Parisien magazine, le PDG d’Armor-Lux l’a découvert en même temps que tout le monde et s’en félicite encore aujourd’hui.

 

Réussir en Bretagne

Venant de chez Vincent Bolloré, où il s’occupait entre autre des finances, Jean-Guy Le Floch n’a jamais eu de problèmes de prêts avec les banquiers pour développer Armor-Lux. En prenant les rennes de l’entreprise, il opère un changement radical de l’encadrement en s’entourant d’une équipe plus consciente des enjeux de la mondialisation. Mis à part cela, il est fier d’avoir pu garder tout le personnel avec notamment 200 opératrices de confection, et l’usine en Bretagne. Ce visionnaire obstiné, fidèle en amitié, qui admet parfois se laisser emporter par des petites colères lorsque tout n’est pas parfait, a un sens prononcé du social et une devise : vivre et travailler sereinement en Bretagne. Son attachement à sa région est selon lui, concomitant à tous les bretons : « Nous venons de loin, déjà dans ma famille où mes grands-parents agriculteurs et sabotiers vivaient dans une grande pauvreté, mais aussi à l’échelle de la région où nous avons souvent été traités comme des enfants de Bécassine. Cela nous est resté en travers de la gorge, et tous les bretons sont fiers de leurs origines et de créer lorsqu’ils le peuvent de la richesse pour la Bretagne. C’est une vraie nation bretonne que l’on a ici dans ce pays un peu lointain. »

 

Derrière le mouvement de protestation

Cette solidarité revendiquée de Jean-Guy Le Floch pour sa région et plus particulièrement pour le Finistère, s’exerce notamment auprès de la chambre de commerce et d’industrie de Quimper, dont il est trésorier : « Je suis à l’écoute des problèmes qui peuvent se poser ici et j’essaie d’aider quand je trouve un peu de temps. » De par ses origines, il est assez proche du monde agricole et de la FDSEA, qui lui commande des marinières à chaque salon de l’agriculture pour promouvoir Armor-Lux. L’idée des bonnets rouges comme symbole de la protestation bretonne vient d’ailleurs de son copain Thierry Merret le président de la FDSEA, et de son équipe. Ils lui ont d’abord demandé 900 bonnets, puis devant l’ampleur du mouvement des milliers ont suivi. A tel point que Jean-Guy Le Floch ne pouvait plus fournir et a dû se tourner vers un fabriquant en Ecosse. Le patron breton n’a pas compris les critiques de certains médias parisiens à ce sujet, alors qu’Armor-Lux produit 45% de sa production en France depuis plus de 15 ans, et possède la première usine de tricotage et de teinture du pays.

 

Se donner tous les atouts

De son enfance, même s’il n’a manqué de rien, il garde le souvenir d’une vie pauvre et rude dans le Nord du Cap Sizun au fin fond de la Bretagne, où il comprend assez vite qu’il faut beaucoup d’énergie pour sortir de la torpeur ambiante. Il s’y emploie dès sa scolarité en étant un élève studieux et acharné, attiré par les maths, ce qui le mène à l’Ecole Centrale de Paris dont il sort ingénieur, avant de partir en Californie pour un master de sciences à l’université de Stanford. Ces années américaines où il apprend beaucoup, lui apportent du pragmatisme, et il finit ses études en devenant expert-comptable et commissaire aux comptes : « Depuis mon enfance j’avais l’ambition de devenir entrepreneur, et je voulais disposer d’armes solides pour pouvoir revenir en Bretagne sans risquer l’échec. »

Après deux années chez Bull à Angers, il répond à une annonce sur Ouest-France dans laquelle Vincent Bolloré recherche un contrôleur de gestion en Bretagne pour l’entreprise familiale qu’il vient de reprendre. Jean-Guy Le Floch avec sa formation très complète est choisi parmi cent candidatures, et durant 15 années au fur et à mesure que l’entreprise prend de l’ampleur, il devient directeur financier puis numéro deux du groupe Bolloré à Paris : « J’ai eu la chance de travailler avec Vincent Bolloré tous les jours, il m’a inculqué beaucoup de réflexes de management que je n’aurais pas acquis si j’avais commencé ma vie d’entrepreneur tout seul. Mais aussi le côté visionnaire, le sens des finances, et il m’a fait prendre conscience du pouvoir de la communication lorsqu’elle est bien menée. »

 

Ne pas s’arrêter en si bon chemin

Aujourd’hui à 60 ans lorsqu’il a un peu de temps à lui, il aime retourner dans son pays de solitude, comme il l’appelle, au Cap Sizun pour aller pêcher, ou bien partir se balader en mer aux Glénan avec Michel Gueguen, son ami et associé. Son souhait le plus cher pour les années à venir est de doubler le chiffre d’affaires d’Armor-Lux, afin de pouvoir le moment venu lâcher les rênes dans la sérénité. Pour y arriver, il veut développer l’export et la vente par Internet. En tout cas, Jean-Guy Le Floch est un entrepreneur heureux qui prend toujours autant de plaisir dans son métier avec, comparativement à 20 ans auparavant, le stress en moins.

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Une deuxième vie

Publié le par michelmonsay

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Lauréat 2013 du prix littéraire le plus convoité, Pierre Lemaitre a également recueilli l’adhésion du public avec 550 000 exemplaires vendus d’Au revoir là-haut. Ce jeune romancier de 62 ans, dont la carrière n’a démarré qu’en 2006, s’était déjà fait un nom avec 5 polars très remarqués au style visuel qui le caractérise.

 

Plus de trois mois après le Goncourt, Pierre Lemaitre continue toujours de répondre à des sollicitations de toutes sortes, même si cela s’est calmé un peu. Outre les radios, télés, quotidiens et magazines qui ont tous voulu l’interviewer, il se trouve qu’en plus son roman colle à l’actualité des commémorations pour le centenaire de la Guerre 14-18, mais comme le souligne l’écrivain : « Il y a trop de sollicitations pour un seul homme, il faut faire des choix ». A cela s’ajoute aussi les nombreuses invitations des librairies à travers la France pour une séance de dédicace ou une animation, d’autant qu’ils ont beaucoup soutenu le roman dès sa parution : « Le succès de mon livre est aussi dû au dynamisme des libraires, et en ses temps de difficultés qu’ils traversent, il me semble loyal de rembourser ma dette symbolique en étant à leurs côtés ».

 

Des projets à la pelle

Cette effervescence l’a poussé à différer l’écriture de son prochain roman afin de retrouver la tranquillité nécessaire, mais il continue à prendre des notes et à se documenter. Selon toute vraisemblance, il sera question de l’exode de 1940 avec comme protagoniste un personnage secondaire d’ « Au revoir là-haut », dans une histoire qui pourrait aller jusqu’en 1960. Il poursuivrait ainsi l’idée d’écrire en plusieurs romans une fresque étalée sur un siècle : « Ce ne sera pas une suite au sens généalogique avec un personnage principal, mais plutôt une sorte de puzzle où chaque livre touche les autres par un coin, dans une méthode un peu balzacienne. Je ne suis pas un historien, en revanche cela me tente de donner une vision du XXe siècle à travers mon regard, mes valeurs, mes convictions. »

Entre-temps de nouveaux projets sont venus se greffer. Il travaille actuellement avec une équipe américaine sur l’adaptation cinématographique de l’un de ses romans policiers, « Alex », qui sera tourné à Paris à la fin de l’année. Comme l’on pouvait s’y attendre, « Au revoir là-haut » suscite également des transpositions. La première sera en BD avec le dessinateur Christian De Metter, et il commence aussi à être question d’en faire un film. Pierre Lemaitre apprécie cet exercice salubre pour l’hygiène intellectuelle : « La bande dessinée, comme l’adaptation d’un roman pour le cinéma, vous oblige à épurer l’histoire et le texte pour aller au cœur de l’action, cela rejoint ma devise qui est d’essayer de faire très bien des choses très simples. »

 

Le plus beau moment de sa vie

Bien évidemment, le Goncourt a changé la vie de Pierre Lemaitre, déjà en lui apportant une légitimité d’écrivain à part entière et une sérénité dans son métier. Lui l’auteur de polars, qui appartenait à un genre considéré comme n’étant pas très noble et qui a dû en souffrir, n’a jamais supporté les classifications. Il n’a d’ailleurs pas l’impression d’avoir changé de métier avec « Au revoir là-haut ». Ce prix lui a donné aussi une notoriété qui le transforme en personnage public dont la parole est plus surveillée, notamment par ceux qui ont contribué à son succès. Il a acquis également le bénéfice du temps pour écrire, ce dont rêve la plupart des écrivains. Pour un homme qui n’aime pas voyager, il va devoir y prendre goût puisque 25 traductions sont prévues de son roman, avec chaque fois un déplacement dans le pays à l’occasion de la sortie du livre.

Cette consécration, on l’a senti venir dès les premières sélections aux différents prix littéraires en septembre dernier, quand le roman de Pierre Lemaitre est apparu quasiment sur toutes les listes. L’écrivain n’avait pourtant pas le parcours typique qui pouvait laisser prévoir un tel engouement, mais il tente d’en expliquer les raisons : « D’abord, la tonalité de roman populaire avec un désir de renouer avec du romanesque, des rebondissements, de l’aventure. Ensuite, le thème de la Grande guerre qui est dans l’air du temps, mais que j’ai pris sous un angle inattendu pour les commémorations, à travers l’après-guerre avec un ton assez corrosif. Enfin, le succès auprès du public ayant commencé avant l’attribution du prix, il était salutaire que l’Académie Goncourt consacre un livre dont les ventes allaient aider la librairie. »

 

Traiter différemment la guerre 14-18

Ce n’est nullement pour coller à l’actualité du centenaire que Pierre Lemaitre a choisi d’écrire un roman sur la Première guerre mondiale, mais bien par passion depuis très longtemps pour cet événement qu’il juge majeur dans l’Histoire contemporaine. D’autant que le livre devait paraître en 2008, mais l’auteur qui avait plusieurs commandes simultanément n’a pu le terminer à ce moment-là. Comme beaucoup de livres avaient déjà été écrits sur cette guerre, il a préféré l’aborder en traitant l’après-guerre et en appuyant sur certains aspects méconnus, sans pour autant s’ériger en redresseur de torts : « L’industrie s’est nourrie de la guerre aussi bien avant, pendant qu’après, notamment avec le marché public des exhumations militaires où certains se sont largement engraissés. J’ai voulu aussi rappeler la manière dont les soldats qui sont revenus des tranchées ont été accueillis avec ingratitude, ce qui serre le cœur encore un siècle plus tard. »

 

Mieux vaut tard que jamais

En tant que lecteur, Pierre Lemaitre vient de la littérature de feuilleton sous toutes ces formes, qu’il dévore durant son enfance et qui se convertie naturellement en roman policier lorsque lui-même commence à écrire. Ses cinq polars publiés avant « Au revoir là-haut » ont été récompensés à la fois par des prix et un joli succès public, qui s’est étendu à l’international avec une traduction dans près d’une trentaine de langues. Il écrit également des scénarios pour la télévision, et assez rapidement après ses débuts, il arrive à vivre de son métier. Pourtant, cette carrière qui se déroule de la meilleure des façons pour le romancier, il ne l’a démarrée qu’à 55 ans grâce à la confiance que lui a donné une femme rencontrée au début des années 2000, devenue entre-temps son épouse. Aucun regret de ne pas s’être lancé plus tôt pour cet écrivain tardif, persuadé qu’il n’avait pas la maturité pour s’exprimer avec la même réussite qu’aujourd’hui.

Bernard Pivot, au moment de l’attribution du Goncourt à Pierre Lemaitre, a évoqué un roman populaire avec un rythme très cinématographique. Commentaire très juste que l’on peut appliquer à l’ensemble de l’œuvre du lauréat, qui se définit ainsi : « Je ne suis pas un écrivain angoissé de la page blanche mais plutôt un écrivain jubilatoire. Je travaille avec l’émotion que crée une scène, en m’amusant à l’écrire lorsqu’elle est drôle, et en étant ému dans le cas contraire. »

 

Une vie de littérature

La littérature a toujours été présente dans la vie de Pierre Lemaitre. Ses parents d’origine modeste la valorisaient en permanence, et après des études de psychologie, le futur romancier l’a enseignée en formation professionnelle notamment à des bibliothécaires durant de nombreuses années. Généreux et loyal, cet homme tranquille au parcours atypique qui reconnait être rancunier et s’emporter facilement, vit depuis huit ans pleinement son nouveau métier : « Il m’habite sereinement. Lorsque je n’écris pas, je pense à ce que je vais écrire. En regardant un film, je prends des notes. Je me lève la nuit pour consigner les idées qui me viennent dans mes rêves et ainsi ne pas les oublier. Quand je lis un roman, je me demande comment je m’y serais pris si j’en avais été l’auteur. » Maintenant qu’il a décroché le Graal, il va s’évertuer à le mériter en écrivant des romans et des scénarios de films dont on pourra se dire : « Finalement, lui avoir attribué le Goncourt n’était pas une erreur de casting. »

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Instinctif sur les skis comme dans la vie

Publié le par michelmonsay

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Aujourd’hui reconverti en conférencier et en conseiller en management, mais aussi en consultant télé au moment des Jeux Olympiques, Edgar Grospiron possède un palmarès impressionnant en ayant été champion olympique, trois fois champion du monde et quatre fois vainqueur de la coupe du monde de ski de bosses.

 

A l’occasion de l’événement de cet hiver, les Jeux Olympiques de Sotchi, Edgar Grospiron sera pour la 4ème fois consultant pour France Télévisions et la radio RMC. Il interviendra bien évidemment sur les différentes disciplines du ski acrobatique, dont il a été un des fers de lance, qui profitent de la lumière des Jeux et de la retransmission télé pour continuer à faire parler d’eux tous les quatre ans. Pour l’ancien champion, c’est l’occasion de vulgariser ces sports auprès du grand public et de rester en contact avec ce milieu qu’il côtoie moins depuis sa reconversion. La médiatisation autour du ski de bosses était plus forte à son époque, du fait de l’envergure et du charisme d’Edgar Grospiron. Ce skieur a dominé de la tête et des épaules sa discipline durant sept ans, à part en 1993 l’année où il s’est blessé. À 26 ans il a fait le choix de s’arrêter, considérant avoir fait le tour et n’ayant plus la motivation nécessaire au gros investissement personnel et aux sacrifices que demande le sport de haut niveau.

 

Capitaliser sa valeur ajoutée

Après cinq années passées à fournir des prestations pour ses sponsors où il récolte directement les fruits de sa réussite, vient le temps de trouver un métier qui lui permette de transmettre ce que le sport lui a appris. Il rencontre alors des consultants qui lui parlent de motivation et de performance dans le monde de l’entreprise. Rapidement le lien avec ce qu’il a vécu en compétition lui paraît évident et il commence à se former pour intervenir lors de séminaires : « Il s’agit de motiver en un minimum de temps un maximum de personnes en comprenant bien leur métier, le contexte économique, le message que veut faire passer le patron à ses équipes. Je viens en renfort éclairer les problématiques vécues, sous l’angle du sport. C’est un transfert d’expérience qui permet d’ouvrir des possibilités, de déverrouiller des situations, de montrer que réussir c’est d’abord créer les conditions de sa réussite, et que c’est accessible à tous. » Parallèlement, il développe un réseau de consultants qui accompagnent des patrons de PME dans des stratégies de croissance. Lors des conférences qu’il donne devant des centaines de personnes, il aime retrouver l’adrénaline et le frisson autrefois ressentis en compétition, aujourd’hui éprouvés avant de monter sur scène pour prendre la parole et lorsque ses propos recueillent l’adhésion de son auditoire.

 

Engagé dans l’olympisme

Son ambition, en mettant un terme à sa carrière, étant de fonder une famille, il n’envisage pas un instant de devenir entraîneur et d’être dix mois sur douze loin de chez lui, à l’image de l’athlète qu’il a été. Pour autant, il garde un pied dans le sport à travers plusieurs actions dans le mouvement olympique, à la fois en restant proche des athlètes avec l’association des olympiens, et en s’investissant auprès de la gouvernance. Comme en 2012 où il est chef de la délégation française pour les premiers Jeux Olympiques d’hiver de la jeunesse à Innsbruck, ou lorsqu’il est nommé directeur du comité de candidature d’Annecy pour les Jeux de 2018, dont il démissionne quelques mois plus tard à cause d’une divergence de stratégie. Ou encore lorsque le président du Comité international olympique lui propose d’être membre de la commission de coordination des Jeux de 2018 en Corée du Sud, dont il est le seul à ne pas faire partie du CIO. Par ailleurs, étant domicilié à Annecy-le-Vieux depuis sa tendre enfance, il accepte par amitié de figurer en dernière position sur la liste conduite aux élections municipales de 2008 par Bernard Accoyer, l’ancien Président de l’Assemblée nationale.

 

Apprentissage singulier

C’est à l’âge de 18 mois qu’Edgar Grospiron chausse pour la première fois des skis. Ses parents qui tiennent un hôtel dans le Jura, pour avoir la paix avec leur fils turbulent, le laissent apprendre à glisser tout seul sur un court de tennis fermé recouvert de neige. Puis la famille déménage à Avoriaz, et le petit Edgar à 3 ans s’aventure sur les pistes sans avoir pris de cours, en suivant son père très bon skieur et en apprenant par mimétisme. L’étape suivante se révèle plus délicate, lorsqu’ils emménagent à Annecy-le-Vieux et que le jeune skieur autodidacte de 9 ans arrive au club des sports de La Clusaz sans les bases du ski alpin. Son manque de technique et son indiscipline notoire poussent les entraîneurs à l’orienter à 12 ans vers le ski de bosses pour lui apprendre l’humilité : « La première fois que je me suis retrouvé en haut d’un mur de bosses et que j’ai vu la pente, j’étais terrorisé. Je me suis demandé comment arriver à tenir debout là-dedans, et après de très nombreuses chutes desquelles je me relevais toujours sans râler, j’ai réellement appris à skier, notamment la technique particulière indispensable pour les bosses. Je me suis vite rendu compte que l’aspect prestation devant un jury, le côté spectacle correspondait plus à ma personnalité que la course contre le chronomètre du ski alpin. »

 

Coulisses d’un champion

Ce qui va propulser Edgar Grospiron vers les sommets de cette discipline, c’est le plaisir qu’il prend à la pratiquer, un état d’esprit positif pour aborder le mur de bosses, et sa nature instinctive qui lui permet de skier sans réfléchir et d’aller plus vite que les autres dans les bosses. Cette vitesse lui procure plus de hauteur dans les deux sauts qu’il doit effectuer durant la descente, l’ensemble donnant un style très spectaculaire. L’entraînement quotidien comporte quatre heures de ski et quatre heures de musculation, avec toutes sortes d’exercices destinés à acquérir à la fois une importante masse musculaire pour réceptionner les sauts, et une fibre musculaire tonique pour aller plus vite. Ce travail de préparation qu’il prenait très au sérieux selon ses entraîneurs, a contribué à ce qu’il n’ait aucune séquelle aujourd’hui de toutes ces bosses et tous ces sauts que son corps a encaissé durant des années. Derrière la provocation et le côté fanfaron, le jeune homme ne rechignait pas à la tâche et a tout fait pour atteindre son rêve de gamin.

 

Les Jeux Olympiques

Son premier fait de gloire a pour théâtre les Jeux de Calgary en 1988, pour lesquels il est sélectionné au dernier moment et où le ski de bosses est en sport de démonstration. Il y remporte à 18 ans la médaille de bronze, découvre la magie de l’olympisme et commence à se faire connaître du grand public. Quatre ans plus tard, les Jeux ont lieu en France à Albertville, le ski de bosses est pour la première fois discipline olympique. Edgar Grospiron n’est plus un inconnu, il est même le grand favori et sent la pression monter progressivement durant les mois précédents la compétition. Sa préparation est exemplaire, il ne laisse rien au hasard et devient le premier champion olympique de sa discipline : « Les Jeux, c’est avant tout une question de préparation, la course doit être une formalité, elle se gagne en amont. On a tellement peaufiné le geste que l’erreur est impossible. Ce titre est l’incroyable aboutissement d’une carrière, on entre dans un club où l’on est champion olympique à vie. » Sa troisième participation à des Jeux, ceux de Lillehammer en 1994, est moins idéale. Après Albertville il y a un relâchement, tout lui réussit, il s’aveugle sur la réalité, prend un risque sans le calculer et se broie le ménisque. Cette blessure lui permet de se reconstruire, de trouver une nouvelle motivation, et en cette année olympique il cherche davantage la régularité qu’une performance d’un jour. Résultat, une moins bonne préparation et une faute à dix mètres de la ligne d’arrivée qui le prive d’un deuxième titre olympique, mais il remporte néanmoins la médaille de bronze.

 

D’un rêve à l’autre

Outre ses prestations olympiques, Edgar Grospiron a été présent au plus haut niveau durant sept années en remportant trois titres de champion du monde, courses d’un jour comme aux Jeux, et en gagnant quatre coupes du monde, qui récompensent le meilleur skieur sur une saison entière. Il a fini sa carrière en apothéose à La Clusaz en 1995, station qui l’a vu découvrir le ski de bosses, en devenant champion du monde pour la troisième fois. Aujourd’hui à 44 ans, il vit à Annecy, vient régulièrement à Paris où il a un bateau ancré dans le port de la Bastille, et continue de faire du sport très régulièrement, ski, course, vélo, pour s’entretenir et pour le plaisir. Lui qui ne tenait pas en place à l’école, a besoin d’avoir plusieurs activités, de diversifier sa vie professionnelle, et peut-être un jour d’aller jusqu’au bout de son nouveau rêve pour lequel il travaille dès à présent, monter un one-man-show.

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