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interviews politiques et societales

Interview d'Emmanuel Macron sur l'agriculture et la ruralité

Publié le par Michel Monsay

Interview d'Emmanuel Macron sur l'agriculture et la ruralité

Après avoir été Secrétaire général adjoint de l'Elysée puis Ministre de l'économie, Emmanuel Macron a fondé le mouvement En Marche en avril 2016, et se présente à 39 ans à l'élection présidentielle en dehors des partis traditionnels.

 

Quelles sont vos propositions pour que l’agriculture et l’agroalimentaire redeviennent un enjeu stratégique au niveau français et européen ?

L’agriculture est une question vitale : l’alimentation, l’environnement, la vie de nos territoires en dépendent. C’est aussi le travail de millions de Français et un secteur économique stratégique : sans paysans, il n’y a pas de pays. J’agirai au niveau européen pour une politique commune vis-à-vis de l’Amérique et de l’Asie quant à nos échanges commerciaux. J’imposerai que les démarches administratives soient simplifiées avec une administration facilitatrice. Je veux que le budget de la PAC soit préservé, mais que son fonctionnement soit profondément rénové. Concrètement, je veux la simplifier pour que les agriculteurs passent moins de temps à remplir leur formulaire télépac. Elle doit aussi permettre de mieux répondre à la volatilité des prix ou aux mécanismes de verdissement, avec une règle simple : un peu plus d’aides quand cela va mal et un peu moins d’aides quand cela va bien.

 

Aujourd’hui l’agriculteur n’est pas correctement rémunéré dans la chaîne de production et sa situation est très fragile. Que proposez-vous pour une répartition plus équitable de la valeur afin que les paysans continuent de vivre dignement de leur métier ?

Ce que je veux, c’est permettre aux agriculteurs de vivre non pas des aides publiques, mais de leur travail. Et pour cela, nous devons leur garantir des prix qui rémunèrent. Depuis 30 ans, les prix agricoles ont à peine bougé : c’est inacceptable. Face à la libéralisation des échanges, à l’augmentation de la productivité agricole, à la transformation de la grande distribution, il est grand temps de réagir. Pour que les prix rémunèrent, il faut agir en trois sens. D’abord, il faut renforcer le pouvoir de négociation des agriculteurs face aux industriels et à la grande distribution. La création d’associations d’organisations de producteurs aux pouvoirs accrus devra être simplifiée et encouragée. Et lorsqu’une association d’organisations de producteurs existera, je veux que l’industriel ou la centrale d’achat soit dans l’obligation de négocier directement avec elle.

Pour que les prix rémunèrent, il faut aussi monter en gamme. Voilà pourquoi je lancerai un plan d’investissement massif pour l’agriculture et un système de paiement pour services environnementaux : il représentera deux cents millions d’euros par an à destination des agriculteurs. Il faut enfin que les consommateurs s’engagent. La réglementation doit les y inciter, en particulier en matière d’étiquetage. Autre mesure, qui me tient particulièrement à cœur parce qu’elle a été pensée d’abord pour les agriculteurs : le « droit à l’erreur ». Si une norme n’a pas été respectée de bonne foi, parce que l’exploitant l’ignorait, et qu’elle ne met pas en cause la santé ou la sûreté des personnes, alors il ne sera pas sanctionné.

 

La ruralité est essentielle dans notre pays et pour l’agriculture. Quel est votre projet pour redynamiser les territoires ruraux, notamment par rapport aux services publics, à l’accès aux nouvelles technologies, aux emplois, au foncier ?

Je veux que la France de la ruralité soit une France de la réussite. Et la réussite passe d’abord par l’accès aux emplois et au numérique. Je veux donc accélérer le déploiement du mobile et de la fibre optique, en permettant que l’Etat reprenne rapidement la main si les opérateurs ne respectent pas leurs engagements. La réussite, c’est aussi l’accès aux services publics, et notamment à la santé. Je doublerai donc l’ouverture des maisons de santé d’ici à 2022, et je développerai rapidement la télémédecine. La réussite, c’est enfin l’accès au foncier. Aujourd’hui, le prix de la terre et la transmission du patrimoine deviennent un obstacle à l’installation pour les jeunes agriculteurs. Plus largement, j’ouvrirai la question de la fiscalité locale pour les ruraux car la pression fiscale s’est beaucoup accrue ces dernières années de manière injuste. Être volontaire, déterminé : voilà comment nous permettrons aux agriculteurs et aux ruraux de réussir et de vivre de leur travail.

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Interview de Jean-Luc Mélenchon sur l'agriculture et la ruralité

Publié le par Michel Monsay

Interview de Jean-Luc Mélenchon sur l'agriculture et la ruralité

Après avoir été membre du parti socialiste et ministre de l'enseignement professionnel du gouvernement de Lionel Jospin, Jean-Luc Mélenchon est député européen depuis 2009, et se présente à 65 ans pour la deuxième fois à l'élection présidentielle, cette fois hors cadre des partis, sous la bannière de la France insoumise, mouvement qu'il a fondé en 2016.

 

Quelles sont vos propositions pour que l’agriculture et l’agroalimentaire redeviennent un enjeu stratégique au niveau français et européen ?

Jean-Luc Mélenchon - Mais ils sont un enjeu stratégique pour la France ! Ils fournissent l’essentiel de notre alimentation et l’agriculture est au cœur de la nécessaire transition écologique de notre économie. Je propose un nouveau pacte entre les paysans et l’ensemble de la société : d’un côté vous vous engagez dans la transition écologique de vos systèmes de production, afin d’offrir des produits de qualité à toutes et à tous, de garantir un environnement sain et de contribuer à la lutte contre le changement climatique ; de l’autre la société reconnait votre droit à une juste rémunération du travail, à des conditions de vie dignes et à tous les moyens nécessaires pour vous accompagner dans cette transition. Le libéralisme vous a entrainé dans une course folle au productivisme, au détriment de la qualité des aliments, de l’environnement, de votre propre santé et parfois de votre vie, alors que seule une minorité profite de ce système. Je vous propose de libérer la paysannerie et la société de cet enfer du libéralisme et du productivisme.

 

Aujourd’hui l’agriculteur n’est pas correctement rémunéré dans la chaîne de production et sa situation est très fragile. Que proposez-vous pour une répartition plus équitable de la valeur afin que les paysans continuent de vivre dignement de leur métier ?

J-L.M. - Les prix agricoles sont la clé de voûte de la rémunération du travail paysan. Dans des marchés dérégulés, la majorité des paysans ne vivront jamais dignement de leur métier, les prix seront toujours tirés vers le bas, en plus d’une grande instabilité d’une année sur l’autre. Tous ceux qui prétendent que la contractualisation va résoudre le problème des prix mentent aux paysans. La contractualisation entre éleveurs et industriels laitiers, même si elle incluait une clause sur les prix, ne pourra jamais garantir de façon durable des prix rémunérateurs si, dans le même temps, la grande distribution peut acheter ailleurs son lait moins cher. Je propose, selon les secteurs de production, trois mesures principales pour garantir des prix rémunérateurs et stables : la réintroduction de mécanismes de régulation des marchés au moyen de limitations de production, la fixation de prix minimums aux producteurs ou de coefficients multiplicateurs maximums et l’introduction de taxes aux frontières chaque fois que nécessaire. Ceci est incompatible avec les règles libérales de l’Union européenne. C’est pourquoi, nous sortirons des actuels traités européens de libre-échange.

 

La ruralité est essentielle dans notre pays et pour l’agriculture. Quel est votre projet pour redynamiser les territoires ruraux, notamment par rapport aux services publics, à l’accès aux nouvelles technologies, aux emplois, au foncier ?

J-L.M. - Mon projet est aussi de redonner de la vie à nombre de territoires ruraux aujourd’hui abandonnés par l’Etat. L’agriculture paysanne et écologique que je défends jouera un rôle déterminant dans cette revitalisation. Pour cela, elle sera soutenue par une politique de prix agricoles, une politique foncière pour l’installation de jeunes et une politique de soutien à la transition écologique. Il s’agit de stopper l’hémorragie de la population agricole et de créer 300.000 emplois. Mais mon projet est aussi de rétablir une égalité réelle entre citoyens en matière d’accès aux services publics. C’est pourquoi, la réinstallation de nombre d'entre eux (écoles, poste, santé, transports, etc.) constitue une autre priorité en milieu rural.

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Interview de Yannick Jadot sur l'agriculture et la ruralité

Publié le par Michel Monsay

Interview de Yannick Jadot sur l'agriculture et la ruralité

Député européen depuis 2009, à 49 ans Yannick Jadot a remporté en novembre dernier la primaire écologiste. Il est de ce fait le candidat d'Europe Ecologie Les Verts à l'élection présidentielle.

 

Quelles sont vos propositions pour que l’agriculture et l’agroalimentaire redeviennent un enjeu stratégique au niveau français et européen ?

Yannick Jadot - Il est compliqué de parler d'enjeu stratégique lorsqu'il s'agit de nourrir les gens : l'agriculture n'est pas un secteur d'activité comme les autres. L'écueil néolibéral dans lequel nous sommes tombés condamne une large majorité de paysans à une guerre économique sans fin, qu'ils ne peuvent pas gagner. Les crises se succèdent, toujours plus violentes ; et les remèdes ponctuels n'ont plus d'effets, si ce n'est obliger un nombre croissant d’agriculteurs à remplir des dossiers d'aide pour survivre.

Le modèle agricole que nous défendons doit garantir notre souveraineté alimentaire avec des produits de qualité, protéger les travailleurs de la terre et assurer le renouvellement des ressources naturelles dont nous dépendons pour vivre.

Nous proposons de relocaliser massivement notre agriculture et d'accompagner les agriculteurs vers le bio et la labellisation, en allouant 50% des fonds de la PAC à cette restructuration. Nous avons pour objectif de quadrupler la SAU en bio sur la mandature. Nous mettrons pour cela en place une politique volontariste d'accès au foncier et de lutte contre l'artificialisation des sols, notamment en zone périurbaine. Pour assurer des débouchés aux agriculteurs et une alimentation de qualité au plus grand nombre, 100% des cantines (publiques et privées) seront approvisionnées en produits locaux, biologiques ou paysans. Ce sont des synergies que nous voulons favoriser, entre territoires, agriculteurs et citoyens.

 

Aujourd’hui l’agriculteur n’est pas correctement rémunéré dans la chaîne de production et sa situation est très fragile. Que proposez-vous pour une répartition plus équitable de la valeur afin que les paysans continuent de vivre dignement de leur métier ?

Y.J. - Les prix de ventes des produits agricoles sont beaucoup trop bas pour couvrir les frais et la rémunération des agriculteurs. Par contre, les intermédiaires, les grandes surfaces, les marchands de semences et de matériel réalisent eux des marges injustifiées. Le modèle actuel doit se métamorphoser le plus possible en une agriculture et une filière agro-alimentaire de proximité, génératrice de revenus dignes et de produits de qualité.

Les solutions à la crise agricole sont dans nos territoires. Dès à présent, le travail de tous les agriculteurs doit être reconnu dans le prix de leurs produits. L’alimentation est la condition même de la vie de tous les êtres humains, et ses producteurs doivent être respectés à ce titre.

 

La ruralité est essentielle dans notre pays et pour l’agriculture. Quel est votre projet pour redynamiser les territoires ruraux, notamment par rapport aux services publics, à l’accès aux nouvelles technologies, aux emplois, au foncier ?

Y.J. - Les conditions d’existence se sont dégradées dans beaucoup de nos zones rurales. Le sentiment d’abandon persiste.

Nous voulons engager la transition écologique des territoires ruraux, pour leur permettre de valoriser leurs ressources locales et d’apparaître comme des lieux où il est possible de concrétiser des projets professionnels et de mieux vivre. C'est en relocalisant, conservant et réimplantant l'activité que nous redynamiserons les zones rurales.

Il faut assurer un maillage des transports publics sur tout le territoire, et en finir avec les déserts médicaux en soutenant l’installation de médecins en maisons de santé adossées à des unités de premiers soins. L’aménagement du territoire doit garantir la cohésion sociale, et le maintien des services publics partout.

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« La liberté de la presse est celle qui permet de vérifier l’existence de toutes les autres »

Publié le par Michel Monsay

« La liberté de la presse est celle qui permet de vérifier l’existence de toutes les autres »

Journaliste au Point durant 10 ans, puis éditeur, et directeur du centre de formation des journalistes (CFJ), Christophe Deloire a aussi écrit plusieurs livres avant de devenir en 2012 secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). A 45 ans, il est totalement investi à la tête de cette ONG internationale dans la défense de la liberté de la presse partout dans le monde.

 

En quoi consiste l’action de RSF ?

Christophe Deloire – Nous défendons une information libre, indépendante, pluraliste. Avec des correspondants dans 130 pays et 13 bureaux à travers le monde, RSF publie dans plusieurs langues, et intervient sur le terrain en fournissant à des journalistes des moyens pour leur sécurité ou développer leur capacité. L’organisation accorde ainsi environ 200 bourses par an à des journalistes qui ont besoin de se mettre à l’abri ou à des médias pour les soutenir, comme celle que j’ai signée hier à un média irakien. Grâce à nos campagnes de communication et de plaidoyer, RSF intervient également dans les lieux de pouvoir, y compris au Conseil de sécurité de l’ONU, où j’ai fait un discours le 27 mai 2015 lorsqu’une résolution a été adoptée sur la protection des journalistes. Pour mesurer les effets de notre action, il suffit d’interroger des journalistes comme Can Dündar, bête noire du régime turc d’Erdogan, le président turc avait en effet demandé la prison à vie à son encontre. Can Dündar vous dira qu’il a pu être libéré après 4 mois d’emprisonnement grâce à RSF et la pression internationale. Nous intervenons aussi en France, récemment nous avons favorisé les négociations pendant la crise à iTélé. Depuis 4 ans que je suis arrivé à la direction de RSF, je me rends compte de la notoriété internationale de cette ONG née en France, qui a aujourd’hui la capacité de mobiliser bien au-delà de nos frontières.

 

Est-ce que le nombre de journalistes tués ou emprisonnés diminue ?

C.D. - Malheureusement le nombre de journalistes en prison a notablement augmenté, particulièrement du fait de la Turquie, sans qu’il ne diminue en Chine par exemple, quant au nombre de journalistes tués dans le monde, il reste constant entre 60 et 80 chaque année. Derrière ces chiffres, chaque fois qu’un journaliste est assassiné, ce sont des dizaines voire des centaines d’autres qui iront un peu moins loin dans leurs investigations, qui cesseront d’enquêter sur des trafiquants au Mexique ou d’aller faire des reportages dans le Sud de la Turquie ou en Syrie. Le danger est que les populations soient ensuite soumises à des flux d’information mensongers ou filtrés par les intérêts des états, des multinationales et des groupes religieux radicaux. Les nouvelles technologies ont de ce fait une influence désastreuse par la diffusion des rumeurs, des opinions infondées et des propagandes. Il n’y aura pas de lutte contre le réchauffement climatique ou contre la corruption, de marché honnête et libre, de développement économique de quelque pays que ce soit sans journalistes. Comme m’a dit le grand journaliste birman Win Tin lorsque je l’ai rencontré peu de temps avant sa mort, lui qui a passé 19 ans en prison : La liberté de la presse est celle qui permet de vérifier l’existence de toutes les autres.

 

Quels sont les bons et les mauvais élèves en matière de liberté de la presse ?

C.D. - La Finlande et les pays d’Europe du Nord sont en tête depuis des années du classement mondial de la liberté de la presse, en corrélation avec le niveau de démocratie de ces pays. Mais récemment le Premier Ministre finlandais a fait pression sur des journalistes, chose totalement inhabituelle qui prouve que même en Finlande cela peut arriver. Tout en bas du classement, évidemment la Corée du Nord, mais aussi l’Erythrée dont est issu de nombreux migrants qui fuient l’un des gouvernements les plus despotiques de la planète. RSF a une radio à destination de ce pays, Radio Erena, seul média indépendant que peuvent écouter les érythréens, qui émet depuis Paris deux heures d’informations par jour. On remarque aussi une forte dégradation en Pologne où il y a une transformation des médias publics en médias d’Etat. Il y a à l’inverse une amélioration en Birmanie, même si elle est insatisfaisante, où l’on ne met plus des journalistes dans des cages à chiens comme ce fut le cas sous la junte. En France comme dans beaucoup de pays, le problème réside dans le recul de l’indépendance des médias, même s’il faut espérer que la loi Bloche récemment adoptée améliore les choses. Nous avons publié un rapport sur ces oligarques milliardaires qui font leur shoping dans les médias, avec pour certains la tentation de penser : je suis propriétaire donc je fais ce que je veux, à l’image d’un enfant avec ses petits soldats.

 

Comment sortir de la crise de confiance que traverse la presse ?

C.D. - Ce serait dramatique pour une société si les journalistes, qui font honnêtement leur travail en voulant enquêter et aller au fond des choses, finissaient par disparaître derrière les faiseurs de journalisme de divertissement. La défiance généralisée qui existe aujourd’hui dans le monde concerne aussi la presse, notamment en France où elle est assez prégnante. Pourtant la confiance est indispensable au bon fonctionnement d’un système, que ce soit la santé, l’économie, la presse, mais certains groupes sociaux se sentent exclus du contenu des médias. Pour retrouver cette confiance, il faudra passer par une transparence totale sur les méthodes afin de les distinguer de celles d’un complotiste, par une honnêteté absolue, une indépendance éditoriale scrupuleuse, et éviter les conflits d’intérêts.

 

Que pensez-vous des révélations d’informations top-secrètes ?

C.D. - Si je crois évidemment à la transparence, je ne pense pas néanmoins que tout doit être mis sur la place publique. Le respect de la vie privée est une notion importante, y compris lorsqu’il s’agit de la surveillance des états. Il n’est pas illégitime qu’un état ou n’importe quelle structure cherche à protéger ses secrets. La question est que les informations d’intérêt public puissent sortir, et pour cela les journalistes ou leurs sources doivent être protégés. Joseph Pulitzer disait : la seule information intéressante est celle qui est volée. Cela peut choquer mais je ne crois pas que les citoyens auraient envie qu’on ne leur donne que des versions officielles. J’apprécie la démarche d’Edward Snowden qui propose des révélations tout en expliquant qu’il faut un filtre, et il confie ce soin à des journalistes.

 

Comment voyez-vous 2017 sur le plan international ?

C.D. - Avec Poutine d’un côté, bientôt Trump de l’autre, Xi Jinping en Chine, Erdogan en Turquie, Modi en Inde, Duterte aux Philippines, il y a de quoi être un peu inquiet. La Chine par exemple essaie d’exporter son modèle politique et journalistique, en investissant beaucoup en Afrique sur la question médiatique et en finançant des écoles. Il n’y a pas grand-monde aujourd’hui pour résister à ce modèle des hommes forts, la diplomatie américaine nous servait beaucoup jusqu’à présent pour exercer une pression, cela va devenir vraisemblablement plus difficile. Il serait bien que l’Europe saisisse l’occasion de devenir enfin le continent qui fasse rêver. Pour en finir avec cette dépression si caractéristique à notre pays, la France doit s’ouvrir, regarder ailleurs, arrêter de se refermer sur soi, elle a besoin d’un peu de vent frais et les médias ont un rôle à jouer pour cela. De même, il faut arrêter de s’écharper sur le symbolique, sur des sujets qui n’ont aucun intérêt.

 

Pourquoi l’islamisme a réussi à infiltrer notre société et comment le contrer ?

C.D. - Longtemps, il y a eu un discours mensonger des gouvernements, qui prétendaient lutter contre des influences étrangères sur l’islam de France, et dans le même temps les encourageaient. On a toléré beaucoup trop de choses sous couvert de ce jeu diplomatique, des états qui géraient leurs ressortissants sur notre territoire, un discours communautariste très encouragé, et on a sans doute sous-estimé le danger. Il y a eu une progression idéologique, un travail de sape dont on se rend compte aujourd’hui avec stupéfaction. Pour contrer cet islamisme, au-delà des mesures de police dans les quartiers, d’un changement de discours politique, il faut faire rêver, avoir une forme d’ambition. Un pays, dont l’envie et le désir semblent faiblir ne fait pas rêver, ce qui laisse la place à ceux qui finalement font un peu plus rêver, aussi choquant que cela puisse paraître, en proposant une espèce de force. Une partie de ceux qui sont devenus djihadistes ont essayé d’entrer dans l’armée française, cela traduit un besoin d’aspiration. Il y a un manque d’horizon sur ce qui nous rassemble.

 

 

Quelques repères

Originaire d’un village de l’Allier où ses parents vivent toujours, Christophe Deloire est plutôt matheux mais sait très jeune qu’il veut être journaliste. Son parcours est atypique puisqu’il fait l’Essec, part ensuite faire son service national à Berlin pour TF1, avant de devenir journaliste au Point. Il est ensuite éditeur chez Flammarion, directeur du CFJ, et parallèlement écrit quelques livres. Depuis 4 ans qu’il est à la tète de RSF, sa vie est faite de merveilleuses rencontres et de très nombreux voyages, pour défendre la presse lorsqu’elle est en danger dans sa liberté ou son indépendance.

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« L’économie sociale et solidaire fait la preuve que performance économique peut rimer avec utilité sociale »

Publié le par Michel Monsay

« L’économie sociale et solidaire fait la preuve que performance économique peut rimer avec utilité sociale »

Nommée par le Gouvernement fin décembre 2015 Déléguée interministérielle à l’économie sociale et solidaire (ESS), Odile Kirchner a un parcours professionnel mixte. Cette énarque a travaillé à la direction du Trésor, notamment comme secrétaire générale du Conseil national de l’industrie, chez Renault, Oséo et a participé à la préparation de la loi ESS.

 

En quoi consiste l’ESS et concerne-t-elle tous les secteurs de l’économie ?

Odile Kirchner - Héritière de l’histoire économique et sociale de notre pays, l’ESS regroupe de longue date les associations, les fondations, les coopératives et les mutuelles. Elle s’est ouverte depuis la loi du 31 juillet 2014 aux sociétés commerciales qui produisent de l’utilité sociale, et partagent ses valeurs de gouvernance participative et de réinvestissement majoritaire des bénéfices dans le développement de l’entreprise. L’ESS occupe une place croissante dans l’économie française, 225 000 entreprises la composent et elle fait travailler 2,3 millions de salariés, soit près de 13 % de l’emploi salarié privé. C’est plus que le secteur de la construction ou celui du transport.

L’ESS est très présente dans l’action sociale (elle représente 61 % des emplois du secteur), le sport et les loisirs (54 %), les arts et les spectacles (27 %), l’enseignement et l‘éducation populaire (19 %). Elle l’est aussi, avec les coopératives et les mutuelles, dans les activités financières et l’assurance avec une part de 30 % de leurs emplois. Le monde agricole est bien sûr présent dans l’ESS avec près de 7000 associations employant 90 000 salariés, 12 500 coopératives sous régime agricole employant 150 000 salariés, avec toutefois une contraction d’emploi ces dernières années, et 530 mutuelles occupant 35 000 salariés.

 

Qu’apporte concrètement l’ESS et  quelle est la taille moyenne d’une entreprise de l’ESS ?

O.K. - L’ESS est un modèle d’entreprendre qui fait la preuve que performance économique peut rimer avec utilité sociale. C’est une économie de proximité qui crée de l’activité, du lien social et de l’emploi sur les territoires. L’ESS porte haut et fort le concept d’innovation sociale, qu’il faudrait faire reconnaitre au même rang que l’innovation technologique. A titre d’exemples : l’insertion par l’activité économique pour ramener en situation de travail ou de formation des demandeurs d’emploi qui en étaient éloignés, la réparation et le réemploi des objets plutôt que leur destruction en déchets, la lutte contre le gaspillage alimentaire, les épiceries sociales et solidaires, les circuits courts producteurs consommateurs, le coaching des demandeurs d’emploi avant leurs entretiens d’embauche et l’appui au recrutement des jeunes issus de la diversité.

En moyenne, l’entreprise de l’ESS occupe 11,8 salariés pour 9,4 dans l’ensemble du secteur privé. Elle peut se prévaloir d’un dynamisme économique qui se poursuit : entre 2000 et 2015, l’emploi a progressé de 26% dans l’ESS pour 7% dans l’emploi privé. Avec toutefois des situations récentes contrastées, l’aide à domicile, la petite enfance et le tourisme social notamment, subissant une concurrence de plus en plus vive du secteur lucratif privé.

 

Quels sont les points forts de la France sur l’ESS ?

O.K. - La France est particulièrement dynamique et a une longueur d’avance en termes de structuration de l’ESS, de dialogue avec les pouvoirs publics, de financements. J’en prends pour preuve la croissance en 2015 de 24 % de l’épargne solidaire, qui atteint 8,5 milliards d’€. L’ESS reste toutefois, en tant que telle, encore insuffisamment visible du grand public. C’est pourquoi est organisé chaque année en novembre un « mois de l’ESS » qui rassemble 2000 manifestations diverses : conférences, forums, portes ouvertes, salons, projections de film, événements festifs, pour faire découvrir au plus grand nombre cette autre façon de concevoir l’économie.

 

Quelle est votre mission en tant que déléguée à l’ESS ?

O.K. - Ma mission est d’accompagner l’économie sociale et solidaire dans son changement d’échelle. Une grande ambition ! L’ESS dispose d’un réel potentiel de croissance d’activité et d’emplois, dans de nombreuses filières économiques porteuses. Pourtant ses entreprises, les structures associatives notamment, reposent souvent sur un modèle de développement patient, et cantonné à des territoires limités. Les entreprises de l’ESS ont aussi, comme le reste de l’économie, à faire face à des mutations fortes de la demande et des attentes des clients et des bénéficiaires, à la concurrence accrue dans certaines filières du secteur privé, aux défis de la transformation numérique.

Cette mission consiste concrètement à soutenir et promouvoir le développement de l’ESS, consolider sa structuration, faire grandir ses entreprises en mobilisant le « dispositif local d’accompagnement »(DLA), faire évoluer leur modèle économique vers une hybridation de leurs ressources faisant une plus large place au financement privé. Mais aussi aider à essaimer les pratiques « inspirantes » d’un territoire à l’autre, assurer la concertation entre les pouvoirs publics et les acteurs de l’ESS, animer, en appui à la Secrétaire d’Etat Martine Pinville, les travaux du Conseil supérieur de l’ESS, et représenter la France dans les instances européennes et internationales compétentes dans ce domaine. Je dispose d’un réseau de correspondants à l’ESS au sein des préfectures de région, qui jouent un rôle majeur pour une économie qui agit énormément dans la proximité.  

 

Pourquoi les territoires sont si importants au développement de l’ESS ?

O.K. - Compte tenu de sa forte intégration dans les territoires, l’ESS a besoin pour se développer de s’appuyer sur une véritable stratégie régionale. Cette stratégie est élaborée comme le prévoient la loi ESS et la loi NOTRe, dans une démarche de construction entre la région, les différentes collectivités locales concernées et les acteurs de l’ESS, représentés notamment par les chambres régionales de l’ESS (CRESS).

L’ESS est une économie locale par nature, mais aussi par conviction, car elle porte le développement d’une économie centrée sur l’humain, génératrice d’emplois locaux et soucieuse de son impact sur le territoire. Elle apporte des solutions nouvelles pour recréer de l’activité et du lien social dans les zones rurales ou périurbaines atteintes par la désaffection croissante des acteurs de l’économie classique. Les statistiques en témoignent : derrière la part moyenne de 12,7% pour l’ESS de l’emploi salarié privé au niveau national, se cache une forte disparité. Sept départements comptent plus de 20 % d’emplois de l’ESS et ce poids est nettement plus élevé à l’échelon de certains territoires et bassins d’emplois, notamment en zones rurales.

Prenons l’exemple des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), autre innovation de l’ESS que la loi a consacrée. Il s’agit pour une entreprise de l’ESS de démultiplier son impact sur son territoire en entrainant dans des dynamiques économiques d’autres acteurs locaux : des entreprises de l’économie classique, les collectivités territoriales, d’autres entreprises de l’ESS, et des centres de formation ou organismes de recherche. Une centaine de PTCE en métropole et dans les territoires d’outre-mer se sont constitués pour investir, développer de nouvelles activités et des projets d’innovation sociale, créer de l’emploi, recréer de la compétence, mutualiser des ressources, générer des courants d’affaires les uns pour les autres.

 

De quelle nature est le lien du monde agricole avec l’ESS ?

O.K. - Les entreprises agricoles sont présentes dans les PTCE. Je cite l’exemple de la coopérative des fermes de Figeac, qui a développé un modèle très pertinent et performant d’investissement collectif dans les énergies renouvelables. Elle a également entrainé de nouvelles activités dans un PTCE avec la commercialisation des productions locales, viande, lait, fromage, la recréation de compétences de bouchers sur le département, et la vente en restauration collective,  générant à leur tour d’autres activités qui s’inscrivent dans cette boucle de croissance locale. Je relève aussi que c’est un projet agricole, Echanges Paysans Hautes-Alpes, qui a reçu cette année le prix Coup de cœur du mois de l’ESS.

Au-delà de l’implication des coopératives agricoles dans le mouvement coopératif, le monde agricole a beaucoup de raisons d’être un acteur dynamique de l’ESS sur les territoires. Les chambres d’agriculture et les CRESS ont à y travailler en commun !

                                                                              

Quelques repères

Née à Metz et élevée dans le Nord-Pas de Calais, Odile Kirchner après une maîtrise de maths enseigne dans un premier temps les sciences économiques et sociales. Puis elle fait l’ENA, rejoint la direction du Trésor où elle travaille sur la gestion de la dette publique et la coopération avec les pays africains. Elle intègre ensuite Renault où elle occupe différents postes qui contribuent au lancement de nouvelles entités et activités. Revenue dans l’administration économique, elle effectue une mission chez Oséo, contribue au projet de loi sur l’ESS, et devient secrétaire générale du Conseil national de l’industrie. A 61 ans, elle est nommée Déléguée interministérielle à l’ESS.

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« Il faut sortir de l’incantation et des propos d’estrade »

Publié le par Michel Monsay

« Il faut sortir de l’incantation et des propos d’estrade »

Elu du XVIIIe arrondissement de Paris, Pierre-Yves Bournazel est à la fois conseiller de Paris et de la région Ile-de-France Les Républicains. Il est en charge de la candidature de Paris pour les Jeux 2024 et de la politique du cinéma de la région. Parallèlement, il s’est engagé auprès d’Alain Juppé pour l’élection présidentielle, dont il est un de ses porte-paroles.

 

Vous qui êtes originaire de Corrèze, quelles sont les pistes à explorer pour que la ruralité et le monde agricole se portent mieux ?

Pierre-Yves Bournazel - La ruralité a subi de plein fouet un certain nombre de mutations, et pour faire revenir la population, en finir avec le désenclavement, il faut une vraie stratégie d’emploi. Les nouvelles technologies, comme le numérique avec l’économie et les métiers qui en découlent, sont une chance pour le monde rural. Elles mettent tous les territoires à égalité en permettant de travailler facilement à l’endroit de son choix. Il faut donc investir dans cette logique du numérique afin de pouvoir agir sur le tourisme et l’attractivité d’une région pour les entreprises.

Pour le monde agricole, il faut réorienter la PAC par un soutien concret aux agriculteurs, sécuriser les relations entre les différents acteurs des filières, alléger les charges sociales, fiscales et règlementaires, soutenir l’investissement et l’innovation pour renforcer la compétitivité du secteur, refondre le statut des exploitations agricoles qui doivent être considérées comme des entreprises. Il faut aussi réformer notre système de retraites pour mettre fin à des inégalités qui ne sont plus acceptables, avec des pensions indécentes notamment pour des agriculteurs.

 

La nouvelle génération que vous incarnez contribue-t-elle à faire bouger les lignes en matière politique ?

P-Y.B. - Cette nouvelle génération doit amener un renouvellement des pratiques politiques pour mettre fin au cumul des mandats parlementaires et exécutifs, avec des élus à temps plein dans leur mission sur le terrain. Elle ne doit pas être dans l’idéologie mais la réalité en expérimentant, en recherchant des solutions efficaces avec les acteurs de la société civile. C’est ce que je m’efforce de faire dans le 18ème à Paris, arrondissement de la diversité dans lequel je vis. Tous les jours, en étant à l’écoute des habitants, j’apprends et je comprends des situations complexes, ce qui permet de favoriser le dialogue et la construction de projets. Mais il faut pour cela donner plus de liberté et de responsabilité aux collectivités territoriales qui sont au plus près du terrain. En étant dans le concret, comme je le fais, on sort des logiques partisanes qui sclérosent, cloisonnent et empêchent de faire les réformes nécessaires. Il m’arrive de voter des projets de la ville de Paris alors que je suis dans l’opposition, ce qui me donne d’ailleurs plus de légitimité pour dire ce qui ne fonctionne pas. Notre génération doit être créative, audacieuse et courageuse mais elle doit aussi accepter la transmission de personnes plus expérimentées qui ont également cet état d’esprit. Je n’aime pas que l’on me reproche mon âge en me disant que je suis trop jeune pour assumer des responsabilités, mais je n’aime pas plus que l’on reproche à d’autres leur âge parce qu’ils seraient trop expérimentés.

 

Quels sont les enjeux de la primaire de la droite et du centre, et sur quoi va-t-elle se jouer ?

P-Y.B. - Pense-t-on que c’est dans la radicalité, la division, le clivage permanent, que l’on peut obtenir des résultats ? Pour ma part, j’ai la conviction que pour réformer le pays et pouvoir agir dans un contexte de tension internationale, de risque terroriste, de difficultés économiques et sociales, le prochain Président de la République devra avoir une capacité de rassemblement des français autour d’un projet. Aujourd’hui, ne pas dire ce qui est doucereux à l’oreille des français, mais plutôt ce qui est bon pour l’avenir de la France, est une force face à la montée des populismes et de la démagogie, qui d’ailleurs ne résoudraient en rien les problèmes mais les aggraveraient. Avec Alain Juppé nous sommes des patriotes et non des nationalistes, Romain Gary disait : « Le patriotisme est l’amour des siens quand le nationalisme est la haine des autres ».

Je note que certains candidats ont peut-être trop regardé les shows de M. Trump, et dans cette primaire il ne faut pas que l’on « Trump » les français. Cela va se jouer sur l’efficacité des projets, mais aussi sur les tempéraments et les caractères. Il faut sortir de l’incantation et des propos d’estrade. Ce n’est pas en ressemblant à Marine Le Pen qu’on la battra. Tous les français peuvent aller voter à cette primaire, il n’y a pas besoin de carte de parti, il faut simplement vouloir l’alternance, notamment pour tous ceux qui ont été déçu par M. Hollande. En ne faisant qu’un mandat, Alain Juppé ne sera pas obnubilé par sa réélection. Si l’on ne veut pas de Mme Le Pen ni subir son candidat, il faut le choisir les 20 et 27 novembre.

 

Pourquoi la droite a voté contre la piétonisation des voies sur berge à Paris, et de manière globale quelles sont les relations entre Paris et la région ?

P-Y.B. - Ce n’est pas un problème parisien mais régional, les personnes qui circulent en voiture à Paris viennent essentiellement de la banlieue. On ne décide pas seul contre les maires des communes environnantes et contre la région sans concerter ni dialoguer, d’ailleurs l’enquête publique le dit. Je ne suis pas opposé et même favorable à terme et dans d’autres conditions à l’aménagement des voies sur berge. Il faudrait pour cela que la décision soit partagée avec les partenaires et qu’il y ait des solutions alternatives. La région Ile de France a beaucoup  de retard sur les transports en commun, faute d’investissement suffisant de la gauche pendant 20 ans. Il y a le projet du Grand Paris express porté par Valérie Pécresse qui va nous aider à désengorger Paris de la voiture, mais il faudra quelques années. Quant aux propositions de la présidente de la région, elles ne sont pas suivies d’effet par Mme Hidalgo et je le regrette. Notamment construire des parkings aux portes de Paris, permettant ainsi aux personnes venant de banlieue de pouvoir garer leur voiture et prendre les transports en commun. Cela délesterait la capitale et aurait un réel impact sur la pollution. Anne Hidalgo et Valérie Pécresse sont capables de travailler ensemble en bonne intelligence dans l’intérêt général, notamment sur la candidature de Paris pour les Jeux de 2024 et sur le tourisme, mais sur certains sujets il y a des différences de méthode.

 

Approuvez-vous l’aménagement de camps de réfugiés à Paris et quelle est votre position sur le problème dans sa globalité ?

P-Y.B. - Les campements sauvages sont la honte de Paris. C’est à la fois indigne pour les réfugiés qui vivent dans des conditions déplorables d’hygiène et de sécurité, et pour les riverains qui subissent toutes les nuisances. Un centre d’accueil peut être un moindre mal à conditions qu’il y ait concertation sur le lieu d’implantation, que ce ne soit pas toujours dans les quartiers qui connaissent déjà des problèmes de précarité. Mais aussi que ce soit un lieu qui cherche l’efficacité des politiques publiques, qu’il y ait une accélération des procédures de droit d’asile et pour ceux qui n’en bénéficieront pas, il faut une politique extrêmement ferme de reconduite à la frontière. Si l’on veut accueillir dignement les personnes, on doit mener une politique équilibrée et cohérente.

En même temps, je demande qu’il y ait une action forte au niveau de l’Etat pour démanteler les réseaux de passeurs qui profitent de la misère humaine pour gagner de l’argent, il faut durcir les sanctions. Il doit y avoir aussi une politique européenne avec un cap, pour agir sur Frontex, réformer Schengen et harmoniser le droit d’asile européen. Quand aurons-nous une stratégie internationale pour éradiquer l’Etat islamique en Syrie et en Irak, d’où fuient de nombreux réfugiés ? La France et l’Europe doivent également mettre au point une stratégie de développement et de coopération dans les pays d’où viennent les migrants économiques, pour leur permettre de vivre dignement sur leur terre.

 

Quel est votre sentiment sur la montée de l’islamophobie et la difficulté à parler sereinement des musulmans en France ?

P-Y.B. - Je suis un républicain et ne distingue pas les citoyens en fonction de leur origine, leur confession, leur condition sociale ou leur génération. Je demande seulement de manière transversale que chacun ait l’amour de la France et la volonté de la servir. La haine du juif, du musulman ou de l’autre est inacceptable, elle doit être condamnée et combattue avec la même force. La laïcité n’est pas la négation des religions, elle signifie qu’au-dessus des convictions religieuses, tout à fait respectables, il y a la communauté nationale avec le respect des valeurs républicaines. Pour contrer l’islamophobie, il faut montrer que l’immense majorité des musulmans de France se sent partie prenante du destin du pays, et n’a pas à être distinguée des autres citoyens à cause de son appartenance religieuse. Par contre, lorsqu’il y a un problème de fondamentalisme, il faut le traiter et lutter fermement contre la radicalisation sans accepter les dérives. Personne, quel que soit sa confession, ne doit imposer des lois religieuses dans un pays républicain et laïc. Il ne faut pas chercher à opposer les citoyens les uns aux autres, surtout en matière de distinction religieuse.

 

En quoi la candidature de Paris aux Jeux 2024 est-elle si importante pour notre pays ?

P-Y.B. - Comme il s’agit du plus grand événement au monde, c’est un formidable coup de projecteur sur Paris et la France pour donner envie d’investir dans notre pays. Nous travaillons dans l’unité, avec l’Etat, la ville de Paris, la région Ile de France et le monde sportif, afin d’assurer l’attractivité économique et culturelle du pays, mais aussi pour améliorer la vie quotidienne. L’organisation des Jeux olympiques et paralympiques peut s’avérer très positive dès lors que sont prises les bonnes décisions. Nous voulons faire en sorte que ce soit un accélérateur des politiques publiques en faveur d’un développement des réseaux de transport, du décloisonnement des quartiers et de la création de nouveaux éco-quartiers, d’une amélioration de la formation professionnelle dans l’innovation, le numériques et les métiers du sport. En plus, 95% des équipements existent déjà ou seront temporaires, il y a donc une sobriété financière contrairement à d’autres villes candidates.

 

                                                                                

Quelques repères

Natif du Cantal, il a vécu toute son enfance en Corrèze où sa famille vit toujours, département auquel il est très attaché même si aujourd’hui il est pleinement investi dans le 18ème arrondissement de Paris. Après avoir fait Sciences-Po, il a travaillé au Parlement européen, au ministère de la justice, et à son compte dans le conseil. A 39 ans, ce passionné d’histoire est engagé à fond dans la vie publique et politique, dans laquelle il a des objectifs pour 2017 avec Alain Juppé et en 2020 où il aimerait incarner la relève pour Paris.

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« Si les politiques doutaient un peu plus ils seraient plus proches des français »

Publié le par Michel Monsay

« Si les politiques doutaient un peu plus ils seraient plus proches des français »

Après avoir été chef du service politique de RTL, la première radio de France, Alba Ventura est depuis septembre 2013 l’éditorialiste politique de la matinale en lieu et place du grand Alain Duhamel. A 45 ans, cette journaliste brillante et impertinente, en plus de ses éditos quotidiens empreints d’humour et de franchise, vient d’écrire avec son mari le journaliste Laurent Bazin un livre mordant sur les coulisses de la politique.

 

A quoi sert un édito politique et comment acquiert-on l’expertise d’un bon éditorialiste ?

Alba Ventura - Un bon édito politique n’est pas là pour donner des leçons mais pour pousser à s’interroger. C’est par essence un exercice d’opinion, et donc forcément subjectif. Il doit être accessible à tous sans tomber dans le caniveau ni s’adresser à une élite. Son impact sur les personnalités politiques est limité, parfois j’ai l’impression de prêcher  dans le désert et d’autres fois lorsque j’appuie là où ça fait mal, ils se rendent compte qu’ils ont agi dans le sens contraire de ce que souhaite l’opinion. Ils peuvent alors changer de comportement mais ça ne dure pas. Ma marque de fabrique est de dire les choses, les gens en ont marre que l’on se cache derrière son petit doigt ou que l’on ait l’air de servir la soupe à la classe politique. Je n’ai pas de limites, si ce n’est retenir un peu ma colère lorsqu’elle est trop importante, ou bien arriver à trancher sur des sujets de société délicats comme la fin de vie ou la déchéance de nationalité, pas pour les terroristes qui n’en ont rien à faire, mais pour ceux qui dérapent et que l’on pourrait essayer de remettre dans le droit chemin. Etre éditorialiste politique demande une expertise que l’on acquiert avec des années de terrain auprès de tous les partis, des papiers que l’on écrits, des confrontations, des lectures, qui constituent un socle de connaissances à partir duquel on va commencer à avoir une réflexion et prendre du recul.

 

Pourquoi avoir écrit « Le bal des dézingueurs » et qu’est-ce qui vous intéresse tant dans la politique ?

A.V. - Pour dénoncer le fait qu’en politique la communication a pris le pas sur l’action et les idées. Malheureusement nous sommes dans un monde de communication et j’ai bien peur que nous ne puissions faire le chemin inverse. Par ailleurs, avec Laurent Bazin nous voulions répondre à une question que l’on nous posait souvent : Pourquoi les journalistes déjeunent avec les politiques ou alors pourquoi le Président de la République ou le Premier Ministre ont du temps à perdre avec les journalistes ? On sentait qu’il y avait une suspicion de complicité, une incompréhension, et nous souhaitions donc éclaircir les choses en expliquant que ces moments « off » font partie de notre travail, même si le « off » n’existe plus aujourd’hui et que les politiques s’en servent. Lors de ces déjeuners, la personnalité politique n’est ni sur un plateau ni à une tribune, les masques tombent et elle peut se livrer, tout en sachant que chacun est bien à sa place, et en aucun cas elle ne va me tenir le stylo pour écrire mon édito.

Ce sont davantage les gens qui m’intéressent dans la politique, ils ne sont pas câblés comme nous, ils ne doutent pas. Je pense que l’on avance en doutant, alors qu’en politique si vous doutez vous êtes mort. Le doute permet de prendre conscience de l’enjeu, des promesses, de sa responsabilité, et si les politiques doutaient davantage ils seraient plus proches des français. L’homme politique se fait élire mais il ne détient pas la vérité, il nous abreuve de promesses qui sont rarement tenues, c’est pour cela qu’il y a aujourd’hui une crise de confiance à l’égard des politiques.

 

Comment voyez-vous les primaires de la droite et quelles sont les différences entre les deux favoris ?

A.V. - Nicolas Sarkozy est une bête politique, une rock star, il a énormément d’énergie, de dynamisme, il est le plus politicien de tous les candidats et celui qui en veut le plus. Il vient de vivre une séquence sécuritaire avec les attentats et une autre économique avec le Brexit où il a pris le premier la parole, Alain Juppé restant en retrait. L’ancien Président en a récolté les fruits, de toutes manières l’écart dans les sondages était trop important et ne pouvait pas rester en l’état. On peut se demander si derrière ce retour il n’y a pas une revanche, il est à espérer que ce n’est pas le cas car on n’accède pas aux plus hautes fonctions pour une revanche. Cette primaire va se jouer sur la participation, plus elle sera importante et plus elle avantagera Alain Juppé, si c’est le cas inverse, ce sera uniquement l’électorat pur et dur favorable à Nicolas Sarkozy qui ira voter.

Les différences entre les deux favoris n’apparaissent pas sur le plan économique, où il s’agit d’un concours de libéralisme, par contre sur les questions de société Nicolas Sarkozy est plus radical et conservateur, Alain Juppé plus ouvert et modéré. Il peut aussi y avoir des nuances dans la méthode et la manière. Récemment, à propos des épreuves du Bac reportées en raison de l’aïd, une partie de la droite proche de Nicolas Sarkozy a crié au scandale, hors c’est la droite qui a mis en place cette circulaire. Plus exactement François Fillon à la demande de Jacques Chirac, pour la communauté juive, ce qui n’a pas posé de problème en 2004 mais en pose dès qu’il s’agit des musulmans. On voit bien que certains sont prêts à allumer le feu à chaque instant et que d’autres restent plus mesurés. Comme disait Jacques Chirac : Il faut raison garder.

 

La gauche est-elle d’ores et déjà battue pour 2017 et le FN peut-il être encore plus haut ?

A.V. - Des surprises en politique, il y en a toujours. La gauche est très mal en point, elle va se prendre le mur de plein fouet. Maintenant, il suffit que Nicolas Sarkozy gagne la primaire et soit devancé par Marine Le Pen au premier tour parce qu’il ne va pas aussi loin qu’elle, François Hollande se retrouverait alors face à Marine Le Pen et pourrait être réélu. Même s’il est à 12% aujourd’hui, il n’est pas totalement hors de course. Par contre, le PS ne peut pas sortir de la crise qu’il traverse, il y  a deux gauches irréconciliables, l’une conservatrice voire archaïque selon certains et l’autre plus réformatrice. Le divorce n’est pas encore acté mais il est probable que le PS soit mort tel qu’il existe aujourd’hui. Après l’élection présidentielle, une clarification devra s’opérer entre un centre gauche socialiste et une gauche plus radicale qui se rapprochera du Front de gauche. Cela dit, je ne suis pas Madame Irma, je ne suis que Madame Alba.

Si jamais nous subissons d’autres attentats et s’il y avait d’autres référendums en Europe, cela pourrait jouer en faveur des souverainistes et eurosceptiques. Même si Marine Le Pen peut arriver à 30%, elle buterait pour le moment sur le fameux plafond de verre. La majorité des français ne fait pas confiance à quelqu’un qui dit non systématiquement et veut tout chambouler. Le FN espère davantage dans les législatives pour obtenir un maximum de sièges à l’Assemblée. D’autant que le changement de comportement promis par les politiques après les régionales de 2015 n’a pas eu lieu. Patrick Balkany a failli avoir l’investiture des Républicains pour les législatives de 2017, et Georges Tron l’a obtenue alors qu’il doit repasser devant les assises.

 

Quelles vont être les conséquences du Brexit pour l’Europe et comment analysez-vous tous ces replis nationaux ?

A.V. - Certains experts sont alarmistes en évoquant une possible crise financière, mais la sortie de l’Angleterre de l’Union européenne ne veut pas dire qu’elle ne restera pas un partenaire commercial. Je crains plutôt que des référendums fleurissent un peu partout et que l’Europe se délite progressivement. Il faut arrêter avec l’intégration, cette Europe à 28 et maintenant à 27 ne fonctionne pas, il faudrait peut-être une Europe plus resserrée. La France et l’Allemagne doivent prendre des initiatives en termes de gouvernement économique de la zone euro, plus rien n’est lié, chaque pays se replie sur lui-même. Des initiatives aussi sur la sécurité et la défense européenne depuis le temps que l’on en parle. Le problème est que je ne sais pas si François Hollande et Angela Merkel sont de nature à faire corps. Il faut cependant saisir la chance de ce Brexit pour remettre l’Europe sur de bons rails.

Les replis nationaux que l’on constate un peu partout dans le monde sont les conséquences d’une mondialisation libérale et des inégalités qu’elle génère, de l’immigration qui n’est pas régulée, et des comportements des politiques. Regardez l’Islande qui a élu un universitaire de 48 ans venant de la société civile pour rompre définitivement avec un président corrompu qui était au pouvoir depuis six mandats. Quand je vous parlais des promesses non tenues : Qu’a fait Jacques Chirac de la fracture sociale,  Nicolas Sarkozy de la rupture, et François Hollande du changement c’est maintenant. Il faut arrêter cette politique des slogans et ne pas promettre plus que l’on ne puisse faire. Donald Trump annonce qu’il va mettre tous les immigrés dehors mais l’Amérique s’est construite avec ces immigrés. Lorsque nous pourrons avoir de nouveau confiance dans les politiques, les partis antisystème reculeront, mais je pense qu’il va falloir se prendre le mur avant de se relever.

 

                                                                                  

Quelques repères

Originaire d’Avignon d’une mère italienne et d’un père espagnol, Alba Ventura fait ses études à la fac de Montpellier puis de Marseille. Elle démarre dans une radio toulonnaise, poursuit à RMC à Monaco avant de rejoindre Europe 1. Attirée au début de sa carrière par le sport, elle s’oriente vers la présentation des journaux, devient reporter avant de se consacrer pleinement à la politique dès 2000. Après Europe 1, RMC et BFM TV, elle intègre en 2008 le service politique de RTL en tant que chef-adjointe avant d’être nommée chef quatre ans plus tard. Elle tient une chronique matinale « Les carnets d’Alba » sur les coulisses de la politique jusqu’en septembre 2013, date à laquelle elle se voit confier l’édito en lieu et place d’Alain Duhamel.

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« Tout devient prétexte à accuser la religion musulmane »

Publié le par Michel Monsay

« Tout devient prétexte à accuser la religion musulmane »

Il est l’une des jeunes personnalités politiques les plus en vue du moment, et les ténors de la droite recherchent activement son soutien en vue de la primaire. Maire de Tourcoing et vice-président du Conseil régional des Hauts-de-France aux côtés de Xavier Bertrand, Gérald Darmanin n’a pas froid aux yeux en s’attaquant à un sujet très sensible : l’Islam.

 

Pourquoi avoir écrit un plaidoyer pour un islam français ?

Gérald Darmanin - Si j’ai écrit ce plaidoyer pour un Islam français, c’est que je crois que nous ne pouvons plus, aujourd’hui, faire semblant qu’il n’existe pas un problème d’islam politique en France. L’incompréhension grandissante entre les Français non musulmans et les Français de confession musulmane devient dangereuse. Tout devient prétexte à accuser la religion. Aujourd’hui, entre la République française et l’Islam, le dialogue n’existe quasiment pas. Parce qu’il n’existe pas un Islam de France mais un Islam en France. Sans dialogue, on n’aboutit à rien. Pire, on développe des psychoses.

Je n’ai pas peur de dire que nous sommes aux prémices d’une guerre civile. La pire de toutes : une guerre civile religieuse. Il nous reste maintenant deux possibilités : Soit nous déclarons que l’Islam est incompatible avec la République française et nous décidons de chasser tous les musulmans de France, soit nous décidons d’enrichir notre laïcité par un encadrement ferme et respectueux de l’Islam de France. Entre une solution irresponsable qui provoquerait des affrontements sanglants et une solution courageuse et pacifique, mon choix est fait.

 

Que proposez-vous concrètement ?

G.D. - Ce que je propose est clair : La France doit faire avec l’Islam ce qu’elle a réussi dans le passé avec les catholiques, les protestants et les juifs. Certes, cela n’a pas toujours été facile et les conflits entre la France et les croyants furent souvent terribles. Mais, aujourd’hui, qui peut dire que les juifs, les protestants ou les catholiques posent des problèmes au Pacte républicain, et que ces croyants sont de mauvais citoyens du fait de leur religion ?

Il est grand temps d’imposer une concorde à l’Islam. C’est-à-dire un ensemble de règles, peut-être pour un temps défini, afin de l’assimiler totalement à la République.

Dans ce plaidoyer pour un Islam français, je développe des propositions précises pour accompagner l’Islam vers cet objectif. Je propose notamment que soit créé un Grand Conseil de l’Islam en France auquel toutes les mosquées de France seraient affiliées, d’interdire les financements étrangers pour tous les cultes musulmans, que tous les imams soient formés en France et s’expriment en français, et que les mosquées soient agréées auprès d’un ministère du culte.

Cette évolution de la pratique de l’Islam en France est nécessaire pour l’harmonie des relations entre les Français non musulmans et l’Islam. Elle est nécessaire pour que la France ne sombre pas. Elle est nécessaire pour que la France reste la nation de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et de la laïcité.

 

Comment analysez-vous les contestations autour de la loi travail, notamment le comportement des syndicats ?

G.D. - Les contestations autour de la loi travail montrent l'échec et le rejet de la politique menée par François Hollande. Il n'y a plus de dialogue et, les Français se rendent compte qu'ils ont été trahis. Il faut avoir le courage de faire des réformes malgré les grèves. Il n'y a rien de pire que de reculer lorsque l'on a de bonnes idées pour le pays. Mais pour cela, il faut dire la vérité aux Français. C'est pendant la campagne présidentielle que François Hollande aurait dû annoncer aux Français le véritable programme qu'il voulait mettre en œuvre pour la France. C'est une question de confiance, une question de respect.

En ce qui concerne les syndicats, le comportement de la CGT est inadmissible. Refuser d'arrêter les grèves malgré les inondations, malgré les difficultés est une  grave erreur. Pire encore, les forces de l'ordre ont été attaquées. Les forces de l'ordre sont là aussi pour les protéger lors des manifestations et ça, la CGT ne l'a pas compris. La CGT devrait s'excuser auprès des forces de l'ordre.

 

Quelle approche avez-vous du Front National dans votre région, et que doivent faire les politiques pour retrouver la confiance des français ?

G.D. - Le Front National est un problème. Il joue avec les angoisses et les peurs des gens mais, au fond, il n'apporte aucune solution. A Tourcoing, ville dans laquelle j'ai été élu Maire, le Front National a même voté contre l'augmentation des effectifs de la police municipale ! Cela montre la parfaite incohérence entre les propos de ce parti et ses actes au quotidien…

Je pense que certains politiques ont pris conscience du fossé qui s'est creusé avec les citoyens. Le premier tour des élections régionales a clairement montré le souhait des Français que la politique change. Xavier Bertrand, le Président de la région Hauts-de-France, met en place ce changement où les gens sont au cœur des politiques. Les différentes mesures mises en place depuis son élection impactent concrètement le quotidien des habitants : l'aide au transport pour les salariés contraints d'utiliser leur véhicule pour se rendre sur leur lieu de travail, l'aide financière directe pour les apprentis, la plateforme Proch'emploi pour les demandeurs d'emploi… Tout est réalisé pour que les politiques menées soient au service direct des citoyens. C'est comme cela que la politique doit évoluer.

 

                                                                           

Quelques repères

Fils d’une femme de ménage et d’un tenancier de bar, Gérald Darmanin, né à Valenciennes, est un pur produit de la méritocratie républicaine. Après Sciences-Po à Lille, il devient collaborateur du député européen Jacques Toubon, puis de David Douillet à l’Assemblée nationale et au ministère des sports. Dans sa région, il a d’abord été conseiller municipal et régional, avant de devenir député du Nord en 2012, puis maire de Tourcoing deux ans plus tard. Lorsque début 2016 il est nommé vice-président de la région Hauts-de-France, il abandonne son poste de député pour se consacrer pleinement à ses mandats locaux. A 33 ans, beaucoup lui prédisent un brillant avenir politique

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« Les politiques doivent revenir à plus de simplicité en réfléchissant sur le fond »

Publié le par Michel Monsay

« Les politiques doivent revenir à plus de simplicité en réfléchissant sur le fond »

Directeur de recherches associé au CEVIPOF de Sciences-Po, établissement  où il a longtemps été également professeur, Roland Cayrol est un des politologues les plus demandés des médias. Cofondateur et directeur général de l’institut de sondages CSA durant 25 ans, il intervient chaque semaine dans C dans l’air, sur BFM TV avec Ruth Elkrief et Jacques Séguéla, sur LCP, et RTL avec Marc-Olivier Fogiel.

 

Quel est votre regard sur les nouvelles formes de communication en politique ?

Roland Cayrol - L’information en continu et les réseaux sociaux ont changé le rythme de la communication en politique. Avant, les politiques sortaient de temps en temps de leur réserve et faisaient beaucoup de bruit, puis se faisaient à nouveau oublier. Aujourd’hui ce n’est plus possible, il faut en permanence entretenir la bête médiatique. Même s’ils ne sont pas tous spécialistes des réseaux sociaux, ils ont tous au moins un collaborateur qui alimente leur compte Twitter et Facebook. La campagne électorale de Barack Obama, notamment sur les réseaux sociaux, a beaucoup marqué les esprits. Depuis, Nicolas Sarkozy a annoncé sa candidature à la présidence de l’UMP sur sa page Facebook. Mais cette nouvelle communication est un piège. Vu qu’il y a une grande méfiance à l’égard des politiques, il leur est extrêmement difficile de faire passer une image de sincérité par l’intermédiaire de ces nouveaux outils. Les gens ne sont pas dupes et sentent que c’est de la com. Les politiques doivent revenir à plus de simplicité en proposant des projets, en réfléchissant sur le fond, en travaillant les dossiers, mais comme nous vivons encore le cumul des mandats, même s’il a été réduit, ils n’en ont pas le temps. Les fonctions qu’ils exercent sont des métiers à plein-temps et il faudrait les exercer comme tel.

 

Le 1er tour catastrophique des Régionales en 2015 n’a pas suffi aux politiques pour changer de comportement, que leur faut-il ?

R.C. - Que la gauche ou la droite ne soit pas au deuxième tour en 2017 ne sera pas une surprise comme en 2002, c’est une catastrophe annoncée et on y va tranquillement. Ceci dit, il faut savoir que depuis la première élection présidentielle en 1965, nous n’avons jamais su un an avant, foi de sondeur, quels seraient les deux candidats du deuxième tour. En tout cas, le nouveau président sera bien forcé de ne pas renouveler l’erreur de Jacques Chirac, qui avec ses 82 % de 2002 avait constitué un gouvernement pour ses 19% du premier tour. Mettons que le vainqueur en 2017 obtienne 60% des suffrages, il faudra qu’il tienne compte de la diversité de ces 60%, sans quoi en 2022 ce sera une voix royale pour Marine Le Pen. On peut donc imaginer qu’il y aura une recomposition globale du système politique et une façon d’aborder les choses différemment qui ne soit plus notre habituelle guerre gauche-droite. Il faudrait changer par ailleurs un certain nombre de dispositifs de la Constitution pour redonner à notre système de la souplesse, de l’équilibre avec un vrai contre-pouvoir et de la culture du compromis. Nous sommes le seul pays où il faut 50% pour être élu président, ailleurs 35 ou 40% suffisent à devenir premier ministre ou chancelier, et le vainqueur trouve alors un accord avec les autres partis. Cela veut dire qu’en France, un seul parti truste tous les pouvoirs pendant cinq ans, l’autre ou les autres étant renvoyés dans l’obscurité jusqu’à la prochaine fois.

 

Comment expliquez-vous la côte d’Emmanuel Macron et d’Alain Juppé, et comment voyez-vous l’élection présidentielle à gauche ?

R.C. - Les français  veulent aujourd’hui des hommes ou femmes politiques qui prennent des mesures et fassent avancer les choses, que ce soit emprunté au socialisme ou au libéralisme n’a pas d’importance. Emmanuel Macron et Alain Juppé pratiquent un réalisme qui plait, ils transgressent un peu les lignes habituelles tout en restant pour le moment fidèle à leur camp. Pour Emmanuel Macron, un ministre qui en 18 mois fait une telle percée dans l’opinion est une première. Il a prouvé qu’il était libre avec un parler vrai tout en étant ministre, c’est ce qui paye le plus. D’une certaine façon la gauche, avec les anciens dogmes des congrès socialistes, a vécu, il faut donc chercher ailleurs.

Je pense que François Hollande souhaite absolument se représenter, il sait qu’il lui faudra passer par un trou de souris, mais il est persuadé que la situation est meilleure sur le plan économique et continuera à s’améliorer. D’après les indicateurs il n’a pas tort mais le problème est que les gens n’y croiront que si l’emploi repart. Si en décembre les chiffres du chômage et de sa popularité ressemblent à ceux d’aujourd’hui, il a tout intérêt à ne pas se représenter, mais pour l’instant il croit toujours à l’embellie qu’il avait promise. Vu qu’il le dira en décembre, il n’y aura pas de primaires, et logiquement ce devrait être Manuel Valls. C’est pour cela que le Premier Ministre restera d’une loyauté totale envers le Président jusqu’en décembre, mais en même temps sur chaque dossier il a intérêt à faire entendre sa petite musique. Reste l’inconnue que représente Emmanuel Macron.

 

Quel est votre sentiment sur les primaires de la droite et sur le vote FN ?

R.C. - Pour les primaires de la droite, il n’y aura que quatre ou cinq candidats au final, les autres se seront montrés pour se rappeler au bon vouloir de ceux qui feront les gouvernements. Dans tous les pays d’Europe, il y a une espèce de bons sens où tous les leaders qui ont été battus se retirent après, mis à part Berlusconi, donc Nicolas Sarkozy est mal placé dans l’opinion. A l’inverse, Alain Juppé se porte bien, mais n’oublions pas que quelqu’un peut s’effondrer en cours de campagne, il existe des précédents. Pour ce qui est du Front National, ce n’est pas un vote d’adhésion mais de rejet de la gauche et de la droite. La plupart de leurs électeurs ne connaissent par le programme du FN, et en majorité ils ne sont pas d’accord avec certaines propositions, comme celle de quitter l’Europe. Aux élections départementales, des candidats FN ne se sont même pas rendus dans le département durant la campagne et ont obtenu le même score que leurs collègues ailleurs, voilà bien la preuve que l’on vote pour dire non. Donc Marine Le Pen peut faire un peu plus qu’elle n’a jamais fait sans pour autant briser le plafond de verre. Rappelons que 2/3 des français ne veulent pas du FN au pouvoir.

 

Pourquoi la loi travail est-elle si compliquée à faire passer et de manière plus générale notre pays peut-il être réformé ?

R.C. - Il s’agit de l’une des plus gigantesques erreurs de communication gouvernementale, qui confine à l’amateurisme politique. D’une part, François Hollande s’y prend trop tard dans son mandat pour lancer une telle réforme, d’autre part il avait annoncé qu’il fallait faire de la concertation sociale avant le débat politique pour les lois à caractère social, et il ne l’a pas fait si ce n’est après la contestation. Malgré tout, il reste beaucoup de choses dans cette loi mais personne ne sait plus ce qu’il y a dedans et il n’y a pas de communication sur le contenu du texte pour en vanter ses mérites. Résultat, sont venus se greffer à la contestation de la loi El Khomry, des problèmes de conditions de travail, de salaire, et cette contestation n’a plus grand-chose à voir avec le projet de loi, mais à un an des élections, c’est d’assez bonne guerre. Je ne crois pas qu’il y ait une vraie convergence des luttes entre les raffineries, la SNCF et les universités. La loi passera et la contestation va finir par s’arrêter et se reporter sur des objets plus politiques. L’idée que notre pays ne peut pas être réformé vient des politiques, car ils n’ont pas le courage de proposer de vraies réformes et de les expliquer. Il suffit de tester auprès de l’opinion les mesures qui sont dans les projets de réforme, pour constater qu’une majorité de français y sont favorables et sont même prêts à aller plus loin, mais les politiques ont peur du peuple. D’ailleurs, parfois les réformes se font sans les politiques notamment dans les entreprises ou dans certaines corporations.

 

Les politiques français sont-ils plus machistes que leurs voisins, et l’affaire Baupin va-t-elle faire changer les comportements ?

R.C. - Les comportements que l’on voit au Parlement français n’existent pas dans les pays voisins, dans lesquels il y a davantage de femmes parlementaires et où le machisme a été annihilé, même dans les pays latins où une révolution culturelle s’est faite. On peut penser que les choses vont bouger après cette affaire Baupin, car au moment de l’affaire  Strauss-Kahn, les réactions étaient variées, il y avait même des politiques pour dire qu’il n’y avait pas mort d’homme, alors qu’ici c’est une condamnation unanime. Ce qui est surprenant est qu’il s’agit d’un écologiste, le parti à priori le plus féministe, qui respecte une vraie parité. A propos de parité, comme tout le monde a l’air content du scrutin binominal des départementales, pourquoi ne pas envisager la même chose pour les législatives, il y aurait ainsi plus de femmes à l’Assemblée nationale.

                                                                                 

Quelques repères

Roland Cayrol a toujours été universitaire à Sciences-Po, dont il est sorti titulaire d’un doctorat, et où il a enseigné toute sa carrière en étant également directeur de recherches. Il a contribué à fonder l’institut de sondages Louis Harris en 1977, puis CSA en 1986 dont il est resté directeur général jusqu’en 2011 avant de le vendre à Bolloré. Aujourd’hui à 74 ans, il a une activité de conseil aux entreprises et continue d’intervenir très régulièrement à la télé et la radio sans être rémunéré, spécificité française, où il aime débattre et apporter son expertise politique.

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« Au CESE, le monde agricole et le monde environnemental arrivent à se parler »

Publié le par Michel Monsay

« Au CESE, le monde agricole et le monde environnemental arrivent à se parler »

Elu en décembre 2015 pour 5 ans à la présidence du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Patrick Bernasconi dirige une entreprise dans le secteur des Travaux publics, dont il a été président de la fédération nationale. A 60 ans, ce fin négociateur qui était vice-président du Medef a pour ambition de redorer l’image du CESE.

 

Quels sont le rôle et le pouvoir du Conseil économique, social et environnemental ?

Patrick Bernasconi - Rappelons tout d’abord que le CESE est, avec l’Assemblée nationale et le Sénat, la troisième chambre constitutionnelle. Elle a pour rôle d’éclairer les pouvoirs publics et le Parlement en apportant l’opinion de la société civile sur les projets de loi. A travers la cinquantaine d’associations et d’organisations qui composent le CESE avec ses 233 membres dont 47% de femmes, vous y trouvez une vraie représentation de la société civile et une légitimité qui n’est pas toujours perçue. Le CESE intervient soit en amont des lois, soit sur des évaluations de politiques publiques, soit à la suite de pétitions citoyennes. Nous sommes la seule assemblée qui puisse  être saisie par le citoyen et je pense qu’il y a un espace pour le CESE à travailler davantage par ce biais devenu courant pour nos concitoyens. Pour cela nous avons mis en place une mission afin de réfléchir à l’exploitation des pétitions numériques ou la  préemption d’un certain nombre de sujets, sans attendre qu’ils fassent l’objet d’une pétition en règle avec les 500 000 signatures manuscrites exigées aujourd’hui. Autre nouveauté, nous allons travailler en partenariat avec la Cour des comptes sur les évaluations des politiques publiques. Par ailleurs, pour la première fois de l’histoire du CESE, avec l’ensemble des conseillers, nous avons arrêté les orientations stratégiques de la mandature, en souhaitant anticiper davantage les sujets à traiter afin d’être en résonnance avec les attentes des citoyens.

 

Que répondez-vous à ceux qui considèrent le CESE inutile ?

P.B. - L’utilité, elle se montre, et pour cela nous devons mieux faire connaître ce que produit le CESE. Beaucoup de mesures, de préconisations viennent d’ici et sont reprises par les gouvernements, notamment sur la Garantie jeunes, les travailleurs détachés dans la loi El Khomri et même au niveau européen, les zones franches urbaines, le fait-maison, le RMI, le droit au logement opposable, la transition énergétique et le changement climatique. Nous allons devoir nous améliorer dans tous nos modes opératoires, notamment  en communiquant bien plus sur l’apport du CESE dans tous les projets de loi qui sortent, et en renforçant nos relations avec les deux Assemblées et les ministres pour augmenter le nombre de saisines. Ainsi, durant la précédente mandature, 126 sujets ont été traités mais seuls 25 l’ont été par saisine gouvernementale et une par saisine parlementaire.

Les venues du Président de la République et du Premier Ministre en début d’année témoignent de leur volonté de saisir davantage le CESE et d’affirmer son importance. Le nouveau collectif qui est né lors de notre élection en décembre dernier est déterminé à moderniser le CESE avec plus de numérique, de participation citoyenne, et à démontrer son utilité à travers ses productions. Si la démocratie peut faire des économies, on ne peut pas faire des économies de démocratie. Nous croyons fortement aux corps intermédiaires qui portent la société civile et permettent de produire du consensus. Bâtir un consensus est souvent le plus sûr moyen d’arriver au bout d’une réforme, lorsque l’on veut aller trop vite et trop fort cela provoque des réactions qui empêchent le succès escompté.

 

Quelle solution préconisez-vous pour rehausser l’image du CESE ?

P.B. - Remplir pleinement notre rôle afin de permettre à un politique, sur un sujet qui a été traité au CESE, d’obtenir des préconisations votées par le plus grand nombre pour ainsi faire passer une réforme plus simplement. A l’image du Parlement européen, notre institution ne s’inscrit pas dans le dualisme du pour et du contre. Lorsqu’un conseiller veut pousser une idée, il doit trouver un accord avec d’autres membres qui ne pensent pas comme lui. C’est tout l’intérêt du CESE : Ne pas être dual, avoir une stratégie sur le long terme, pouvoir amener des réformes en les construisant avec des gens aux opinions parfois opposées. Ici le monde agricole et le monde environnemental arrivent à se parler, de même que le patronal et le syndical, et s’ils ne sont pas en accord sur un sujet ils parviennent souvent à trouver des équilibres pour avancer. De tous ces débats et auditions sortent des avis qui vont plus ou moins loin, à nous de faire en sorte aujourd’hui qu’ils soient encore plus forts. La France a besoin de consensus.

Nous avons choisi deux grandes thématiques à explorer : La cohésion sociale, et tout ce qui tourne autour des transitions comme l’ « ubérisation » avec les conséquences en termes de changement de métier, de mutualisation ainsi que le rôle de l’Etat sur ces problématiques. Il y aussi d’autres sujets sur lesquels nous travaillons comme les migrants, la ruralité des jeunes, l’amélioration du dialogue social, la justice environnementale, ou l’évitement fiscal que nous avions lancé avant l’affaire Panama papers, preuve que l’on est au cœur de l’actualité. Sur beaucoup de thèmes, si l’on appliquait les préconisations émises par le CESE il y aurait plus de modernité dans le pays.

 

Quel est votre regard sur les révélations des Panama papers ?

P.B. - En tant que président du CESE, je ne suis pas là pour donner ma position personnelle mais plutôt pour mettre en avant ce qui a pu faire accord sur un sujet au sein de cette institution et les recommandations qui en ressortent. Je vous donne donc rendez-vous à la fin du travail en cours sur l’évitement fiscal dans un mois ou deux, pour savoir où en est l’état de réflexion de la société civile et ce que nous préconisons afin qu’il y ait plus de justice et de clarté  dans ce domaine. Le nombre de pays qui échappent à la transparence est de plus en plus réduit et la prise de conscience augmente. Il s’agit de savoir comment on peut parvenir sans faire d’amalgames à des pratiques plus vertueuses en faisant le tri des informations dévoilées par les Panama papers. Le problème de l’opacité financière étant mondial, il est compliqué à traiter, et la mise en application de ce qu’il faut faire prend du temps et nécessite beaucoup de dialogue, mais malgré tout les choses avancent.

 

Que peut faire le CESE sur la réforme du droit du travail et comment sortir de cette contestation ?

P.B. - Une fois la loi El Khomri votée, tous les sujets n’auront pas été traités et le CESE pourra alors s’emparer de certains points, comme par exemple la place du contrat de travail par rapport à l’accord collectif, ou l’accompagnement des travailleurs indépendants, afin de mener une vraie réflexion avec plus de temps. Nous pourrons apporter un regard différent, plus posé, plus consensuel avec des lignes directrices pour la suite. La contestation autour de cette loi est de deux natures, certains pensent qu’elle ne va pas assez loin et d’autres l’inverse. Il faut donc bâtir par le dialogue un compromis à la frontière des deux, sous peine, si l’on prend en compte qu’une seule vision, d’arriver à une situation de blocage ou de rencontrer après des difficultés dans la relance de l’économie.

 

Le mouvement Nuit debout peut-il déboucher sur des propositions intéressantes pour le pays ?

P.B. - Ce sont des citoyens qui semblent ne plus se reconnaître dans les institutions et les modes de fonctionnement classique. J’aurai tendance à être prudent par rapport à ceux qui veulent enlever ou déconstruire les outils de la démocratie. Notre démocratie, que beaucoup nous envient, a besoin d’un cadre. Avec l’Assemblée nationale qui représente le citoyen, le Sénat qui représente les territoires et le CESE la société civile organisée et qualifiée, nous avons une articulation qui fonctionne plutôt bien. Ceci dit, tant que cela reste dans le cadre de la loi, il faut toujours écouter ce qui se dit dans ce genre de mouvement où des citoyens débattent entre eux, mais c’est une représentation parcellaire de la société. Que les gens s’intéressent à l’avenir du pays est une bonne chose mais il faut ensuite que tous ces débats retrouvent un cadre institutionnel, sinon comment gouverner un pays ? L’intérêt de ce mouvement va reposer dans sa capacité à se structurer, afin de faire des propositions qui soient représentatives de la société française dans toute sa diversité, ou en tout cas qui recueillent une certaine audience.

                                                                                  

 

Quelques repères

Ce normand d’origine italienne est né à Domjean près de Saint-Lô, où se trouve le siège de l’entreprise familiale de Travaux publics qu’il a reprise, après être sorti diplômé de l’Ecole spéciale de Travaux publics. Il a développé cette entreprise pour avoir aujourd’hui 100 salariés dans la Manche, le Tarn et la Guadeloupe. Il a été Président de la Fédération nationale des Tavaux publics de 2005 à 2013, et membre du Medef dont il a été vice-président et négociateur interprofessionnel avec une réputation de défenseur du dialogue social. 

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