Un sublime album d'une des plus belles plumes de la chanson française
On retrouve dans Garden Party tout ce qui avait fait de Florent Marchet, l’une des plumes les plus attachantes et malicieuses apparues dans les années 2000. La faculté de planter un décor, d’évoquer des personnages crédibilisés en quelques traits, un humour doux-amer, raccord avec la joliesse mélancolique de ses mélodies. Mais, dans ce disque où la fête champêtre se perturbe d’angoisses paternelles (le bouleversant De justesse), de violences domestiques (Comme il est beau), de passifs familiaux (En famille, Paris-Nice) ou d’extrémisme politique (L’Eclaircie ou l’incendie), on sent que le chanteur-narrateur a pris de l’étoffe. Nourri d’un vécu et d’autres expériences artistiques, un roman publié il y a deux ans, Le Monde du vivant, des musiques de film, le projet Frère animal,… il a gagné en profondeur et enrichi la chaleur empathique de son timbre. Une proximité renforcée par la sobriété moelleuse d’un piano-voix, subtilement parsemé de guitares, synthétiseurs et percussions. Cet auteur-compositeur-interprète au ton singulier et à la grande musicalité en ont fait un personnage de premier plan de la chanson pop française. En observateur pointilleux et aquoiboniste, Florent Marchet sait trouver les mots justes, la formule qui fait mouche. Sur les traces de William Sheller ou des plus belles chansons de Michel Delpech, il distille à la perfection des instantanés de vie qui vont droit au cœur. Pour ce sixième album, auxquels il faut ajouter les deux publiés pour le projet Frère animal, à 47 ans Florent Marchet est au sommet de son art avec ces 13 chansons souvent poignantes, d'une justesse au cordeau, avec en contrepoint une évidente majesté de musicien à la richesse mélodique et harmonique qui vient aérer un propos très réaliste. Vibrant et magnifique.