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Un très bel album à la mélancolie tantôt dansante tantôt émouvante

Publié le par Michel Monsay

Un très bel album à la mélancolie tantôt dansante tantôt émouvante

Le prolifique Benjamin Biolay fait les grandes heures de la chanson française depuis deux décennies déjà, à travers son propre répertoire, ou celui qu’il écrit pour les autres. Personnel et sentimental, Saint-Clair est un disque cousu de sonorités rock, riche en riffs et en guitares qui font penser au groupe américain The Strokes, influence assumée par le chanteur, qui portent sa voix chaude et ses ballades aériennes. Titré en hommage à la ville de Sète, où il réside désormais la plupart du temps, après y avoir passé beaucoup de vacances enfant, Benjamin Biolay se fend de dix-sept titres qui rappellent par moments La Superbe, double album majestueux dans lequel il avait laissé tout son talent s’épanouir. Saint-Clair diffuse son charme notamment avec Les Lumières de la ville, titre où son sens mélodique surprend à nouveau, dans les petits décrochés d’un refrain qui ressemble à un chemin de traverse plutôt qu’à une autoroute pop. Mais aussi avec (Un)Ravel, la confession sans fard d’un homme qui doute toujours, De la beauté là où il n’y en a plus, tout en envolées classieuses, ou Santa Clara, un très beau duo en forme de western symphonique avec Clara Luciani. Sur l'ensemble de l'album, tout roule fenêtre ouverte, vers cette chanson rock dont il connaît les codes par cœur, qu’il s’amuse à travestir de disco, Pieds nus sur le sable, d’électro de fin de nuit, Numéros magiques et habille toujours de sa prose d’amoureux perpétuel, jouisseur invétéré ou écorché repenti. Benjamin Biolay a beau aimer la vitesse, on le suit d'ailleurs avec plaisir, c’est dans ses moments calmes qu’il nous emporte complètement. La puissance des mélodies, les arrangements audacieux, les refrains entêtants, les images véhiculées par les textes, et ce timbre voluptueux, Benjamin Biolay livre un excellent dixième album, enregistré en analogique, sans programmation ni ordinateur, qui oscille entre une belle énergie et une émotion dont il a le secret.

Publié dans Disques

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Une voix exceptionnelle sur une musique en cinémascope

Publié le par Michel Monsay

Une voix exceptionnelle sur une musique en cinémascope

Tami Neilson n’est pas une nouvelle venue. La Canadienne, installée en Nouvelle-Zélande depuis 2007, a déjà publié quatre albums de son mélange de soul, de rock, de swing, de blues et de country. Loin du fourre-tout  que ce mix pourrait suggérer, la diva quadragénaire au look de sympathique vamp gothique propose même un cocktail des plus explosifs porté par son prodigieux registre vocal et de grandioses arrangements. Ses chansons célèbrent les femmes de caractère qui ont refusé de se laisser dominer par les conventions et la loi des hommes. Si Kingmaker, la chanson d’ouverture, captive d’emblée par sa tension cinématographique, Baby, You’re a Gun, superbe ballade western, avec cordes, sifflements à la Ennio Morricone et un chant d’une délicatesse infinie sur le regard assassin des mâles, prouve que Tami Neilson est beaucoup plus qu’une sirène à coffre. Et ce titre n’a rien d’un sommet isolé. Beyond the Stars, renversante valse country en duo avec le vénérable Willie Nelson, idole du père de la chanteuse récemment décédé, et dont la voix brille à 89 ans d’une étonnante fraîcheur, est une splendeur. Plus intemporelle que vieille école, Tami Neilson se glisse avec autorité et naturel dans la peau d’une diva qui marie, avec autant d’aplomb que de sensibilité, féminisme et tradition. Tantôt impétueuse, tantôt délicate, elle livre une admirable ode aux femmes indociles tout au long des dix chansons de cet album d'une magnifique diversité. En voici quatre qui donnent un bel aperçu de son talent.

Publié dans Disques

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Une rythmique à la vitalité contagieuse

Publié le par Michel Monsay

Une rythmique à la vitalité contagieuse

Enregistré entre Addis-Abeba et Orléans, voici le premier album du sextette franco-éthiopien Kutu. Une mixture fiévreuse de voix puissantes qui vous transpercent, les chanteuses éthiopiennes Hewan Gebrewold et Haleluya Tekletsadik, qui signent les textes et participent à la composition de la musique, de violon teinté d’électro avec le créatif musicien et compositeur Théo Ceccaldi, à l’origine de ce projet, révélation de l’année aux Victoires du jazz 2017 et passé par l’Orchestre national de jazz, de pulsation rock quasi tribale avec la frappe précise du batteur Cyril Atef, de basse et claviers enflammés, Valentin Ceccaldi et Akemi Fujimori. Un mix euphorisant, qui a déjà mis en joie et fait danser le public de nombreux festivals et salles, dont l’intensité rayonne de la première à la dernière note. Mixture de jazz, de rock, d'électro et de dub, qui connecte des musiques ancestrales aux grooves synthétiques, le tout propulsé par l’énergie de ses chanteuses, dont les textes sont des poèmes politiques et féministes, ce premier album de Kutu est une des plus belles découvertes de la rentrée.

Publié dans Disques

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Une voix et une musique irrésistibles

Publié le par Michel Monsay

Une voix et une musique irrésistibles

Dans le cortège des grandes voix au timbre voilé si caractéristique que le Sénégal a offertes au monde, il faudra désormais compter avec celle de Lass, nouvelle étoile de 37 ans qui nous offre aujourd’hui son premier album comme une petite bombe de vie. Ce chanteur né sans ressources dans la banlieue de Dakar, et mûri par moult galères, transcende dans ses textes en wolof et des mélodies aussi poignantes que lumineuses les avaries d'une vie qui n'allait pas de soi. Lass a en effet bravé l’océan des doutes pour assouvir sa passion : chanter. De la tradition afro-cubaine à l’afro-pop, du reggae à l'électronique, sa musique enthousiasme dès les premières notes et nous entraîne sur treize morceaux que l'on écoute avec un bonheur intense. Et puis il y a sa voix, elle brille comme un feu d'artifice, apaise sur des mélodies plus douces, elle est d'une élégance rare, à la fois puissante, émouvante et souple, on ne peut que tomber sous son charme. On tient ici l'album de l'été.

En voici un aperçu dans les trois clips ci-dessous :

Publié dans Disques

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Une pop orchestrale somptueuse

Publié le par Michel Monsay

Une pop orchestrale somptueuse

Depuis ses débuts, à l'aube des années 2000, Regina Spektor a démontré une forte originalité et une inépuisable créativité. Par son origine russe (elle a débarqué de Moscou à New-York dans le Bronx à 9 ans), sa culture judaïque, sa formation de pianiste classique, sa voix aux infinies possibilités. Sans oublier ce mélange de distance et de résilience qui nourrit une pop portant sur l’humanité un regard à la fois caustique et tendre. Car même aux tréfonds de la mélancolie, elle sait trouver de la joie dans la musique, avec les arrangements élégants ou les mélodies délicatement acrobatiques que lui autorise son chant élastique. Ce huitième album flirte avec la pop symphonique, sans ne jamais sombrer dans l'emphase. L'inattendu et le charme sont au bout de chaque chanson. Chaque note est méticuleuse, chaque envolée orchestrale magnifiquement travaillée. "Home before and after" est un album éblouissant où l'art mélodique enchanteur et la légèreté de Regina Spektor font merveille. L'artiste a laissé de côté la douce folie de ses œuvres de jeunesse pour ciseler au fil du temps une pop orchestrale sophistiquée, sublimée par sa voix et son goût pour les rythmiques rock et hip hop.

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Un sublime album d'une des plus belles plumes de la chanson française

Publié le par Michel Monsay

Un sublime album d'une des plus belles plumes de la chanson française

On retrouve dans Garden Party tout ce qui avait fait de Florent Marchet, l’une des plumes les plus attachantes et malicieuses apparues dans les années 2000. La faculté de planter un décor, d’évoquer des personnages crédibilisés en quelques traits, un humour doux-amer, raccord avec la joliesse mélancolique de ses mélodies. Mais, dans ce disque où la fête champêtre se perturbe d’angoisses paternelles (le bouleversant De justesse), de violences domestiques (Comme il est beau), de passifs familiaux (En famille, Paris-Nice) ou d’extrémisme politique (L’Eclaircie ou l’incendie), on sent que le chanteur-narrateur a pris de l’étoffe. Nourri d’un vécu et d’autres expériences artistiques, un roman publié il y a deux ans, Le Monde du vivant, des musiques de film, le projet Frère animal,… il a gagné en profondeur et enrichi la chaleur empathique de son timbre. Une proximité renforcée par la sobriété moelleuse d’un piano-voix, subtilement parsemé de guitares, synthétiseurs et percussions. Cet auteur-compositeur-interprète au ton singulier et à la grande musicalité en ont fait un personnage de premier plan de la chanson pop française. En observateur pointilleux et aquoiboniste, Florent Marchet sait trouver les mots justes, la formule qui fait mouche. Sur les traces de William Sheller ou des plus belles chansons de Michel Delpech, il distille à la perfection des instantanés de vie qui vont droit au cœur. Pour ce sixième album, auxquels il faut ajouter les deux publiés pour le projet Frère animal, à 47 ans Florent Marchet est au sommet de son art avec ces 13 chansons souvent poignantes, d'une justesse au cordeau, avec en contrepoint une évidente majesté de musicien à la richesse mélodique et harmonique qui vient aérer un propos très réaliste. Vibrant et magnifique.

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La vibrante et envoûtante pop-folk de Sharon Van Etten

Publié le par Michel Monsay

La vibrante et envoûtante pop-folk de Sharon Van Etten

Le sixième album, de l'une des plus belles voix du rock indépendant américain, concrétise un certain équilibre entre le folk-rock habité des premiers disques et un désir d’émancipation pop. Sharon Van Etten ne chante plus ses relations toxiques, la colère a cédé au doute et à une certaine mélancolie. Loin de faire fausse route, comme le suggère le titre de l’album, "We’ve Been Going About This All Wrong", Sharon Van Etten s’affirme comme une figure essentielle du rock introspectif, par la grâce des mélodies et des arrangements, et l’intensité d’un chant entre majesté et sobriété. L’Américaine de 41 ans a toujours conservé par ailleurs une saine distance avec les futilités qui viennent avec la célébrité. Écrit et réalisé dans son tout nouveau studio d’enregistrement construit sur mesure dans sa demeure californienne, cet album pose une question existentielle : comment préserver nos valeurs de ces énergies dévastatrices, indépendantes de notre détermination, qui s’acharnent sur nous ? Les textes, de sa plume exquise et incisive, traitent des épreuves de l’existence, des malheurs qui peuvent être aussi terrifiants que transformateurs. On sent une femme blessée face à une planète qui s’obstine à se saborder, face à l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump, par la pandémie de Covid-19 et par l’invasion russe de l’Ukraine, mais aussi de manière plus personnelle, par les fantômes du passé (violence, désamour, abandon) qui rôdent toujours. Cet album est une pépite sombre aux mélodies frémissantes, que Sharon Van Etten nous offre de sa magnifique voix légèrement grave d'une profonde sensibilité.

L'album s'appelle "We’ve Been Going About This All Wrong". 

Sharon Van Etten sera en concert à la Cigale à Paris mercredi prochain.

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Arcade fire de retour au sommet

Publié le par Michel Monsay

Arcade fire de retour au sommet

A l’écoute du sixième album d’Arcade Fire, "We", on constate que le groupe canadien, qui partage sa vie entre Montréal et La Nouvelle-Orléans, a retrouvé sa superbe. Après quatre disques qui avaient fait d'eux l'un des plus grands groupes au monde, avec le succès ils s'étaient perdus en 2017 dans un album dispensable, pompeux, gonflé et synthétique. On retrouve avec "We" le son puissant, très dense qui est une des signatures esthétiques d'Arcade Fire, et la voix troublante et fascinante de son leader charismatique Win Butler. "We" se présente comme un concept album en deux parties : I et WE (je et nous en anglais), un singulier solitaire et aliéné, un pluriel plus solaire et prometteur, comme on passerait de l’ombre à la lumière. "We" est donc un album tourné vers l’avenir mais peuplé des fantômes du passé. Enregistré avec Nigel Godrich, le producteur de Radiohead, les dix morceaux alternent ballades folk, odyssées lyriques et flamboyances pop, où l'on retrouve l'influence de David Bowie mais aussi de Neil Young par moments. Ce superbe album ambitieux et ramassé va dès la fin du mois d'août connaître une consécration sur scène, lors d'une tournée XXL qui permettra d’entendre neuf musiciens rock, chose assez rare pour la souligner, qui joueront réellement en live, sans programmation, en pratiquant joyeusement l’échangisme instrumental, où tout y passe, guitares, batteries, percussions, claviers… Quel bonheur de retrouver ce groupe génial dans une qualité de composition digne de leurs meilleurs albums.

Ci-dessous, un aperçu de "We" à travers le clip de deux morceaux enchaînés.

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Des textes poétiques sur une pop synthétique et percutante

Publié le par Michel Monsay

Des textes poétiques sur une pop synthétique et percutante

Artiste protéiforme, à la fois auteur-compositeur-interprète mais aussi acteur de théâtre et de cinéma, il était très bien dans le film des frères Larrieu "Tralala", également écrivain, Bertrand Belin avec son air indolent n'en finit pas de nous étonner. Ce superbe septième album qui vient de sortir le confirme, il y fait danser ses métaphores, ses images, sur des sons électro aux échos rockabilly. Depuis 15 ans, Bertrand Belin a construit l'image et le son d'une voix à part, dandy rock aux lettres et à la tenue impeccables. En l'écoutant, on pense à Alain Bashung, dont il partage le timbre grave, le débit nonchalant et le pouvoir d'envoûter l'auditeur. Sur la pochette de « Tambour Vision » il se tient au bord d’une corniche, et jette un œil au-dessus du vide. Dans un monde bancal, Bertrand Belin, dandy crooner, se déplace toujours sur le fil, entre littérature et chanson, entre surréalisme et hyperréalisme. Moins de guitares, plus de boîtes à rythme et de synthés. Avec cet album, il change ses habitudes musicales. Ses textes en revanche continuent sur la même ligne. Il se fait le traducteur poétique des déséquilibres de la société, avec cette façon toujours aussi habile de donner du sens dans la répétition. « National » est une chanson qui avance sans hésiter, comme une autoroute, mais qui dans la réitération de ce mot « national » soulève des interrogations. C’est tout le charme et la force de ce 7ème album épuré de Bertrand Belin. Le crooner électro stimule les bifurcations et crée des itinéraires de pensées bis avec une touche de fantaisie dont il a le secret, dans lesquels on s'engouffre avec bonheur.

Initiative très originale de Bertrand Belin avec ce clip qu'il a conçu comme une bande-annonce, qui propose un aperçu de l'album à travers plusieurs extraits de chansons.

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Magnifique album d'une grande dame de la musique africaine

Publié le par Michel Monsay

Magnifique album d'une grande dame de la musique africaine

À 54 ans, la diva malienne Oumou Sangaré revient avec Timbuktu, un album couleur blues, enregistré à Baltimore. Un disque magnétique qui élargit ses horizons et confirme la puissance de ses engagements et la magie de sa voix. Salif Keita dit qu’elle est « la Tina Turner du Mali », elle compte parmi ses fans Beyoncé, Alicia Keys ou encore Aya Nakamura. Voilà pourquoi la sortie d’un nouvel album d’Oumou Sangaré est un événement dans le monde de la musique, au Mali et bien au-delà. Écrit et composé avec le luthiste malien Mamadou Sidibé et Pascal Danaë, leader de l'excellent groupe de blues-rock créole Delgres, ce disque d'Oumou Sangaré mêle judicieusement la musique de sa région natale et le blues afro-américain. Ainsi, aux cordes du luth africain, s’adjoignent des riffs plaintifs de guitares slide, et des sons lancinants de dobro. Des couleurs du Mississippi, mêlées à la terre rouge du Mali, et aux chants de chasseurs du Wassoulou accompagnent la voix lancinante d'Oumou Sangaré, bordée d’intonations cuivrées, capable de vous envoyer une décharge d’émotion en une envolée fuselée. C'est certainement le disque le plus abouti d’une artiste engagée, qui appelle les Maliens à se ressaisir face à la guerre qui ravage le pays et aux exactions sur les civils. Sur ce nouvel opus au blues électrifié, Oumou Sangare, encourage à nouveau les femmes dans leurs combats, elle qui a été une des premières à oser dénoncer la polygamie, le mariage forcé et l’excision. Elle étend ici ses encouragements à toutes les mères du monde qui voir leur enfants désœuvrés et miséreux se perdre dans l’errance et la violence. Tombouctou, ville sainte amputée de ses fameux mausolées par les islamistes, a donné son nom à ce splendide album porteur d'espoir.

Pour avoir un aperçu de sa musique, voir le très beau clip ci-dessous :

Publié dans Disques

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