Après la gueule de bois Rachida Dati, la cuvée Macron 2024 a été servie gratuitement à toutes les tables des Français hier soir. À 20h15, pas moins de six chaînes ont bousculé leur programmation pour diffuser une conférence de presse exceptionnelle du président de la République, un petit air d’ORTF pour deux heures de com en prime time. L’objectif ? Faire un hold-up sur un des principaux carrefours d’audience des antennes, potentiellement vingt millions de téléspectateurs cumulés. Une manière de continuer à saturer l’espace médiatique après un mois de janvier cannibalisé par l’agitation macroniste : une séquence remaniement interminable pour accoucher d'un gouvernement sans intérêt, la nomination du plus jeune Premier ministre de la Vᵉ République, sorte de doublure sans pouvoir, la nomination surprise d’une ministre de la Culture qui n’avait jamais manifesté par le passé la moindre accointance avec la matière… De quoi étouffer un peu plus la droite et reléguer les oppositions dans le rôle d’observateurs d’un spectacle où la communication, dans un geste performatif vain, tient lieu d’action politique. Le président, qui préfère les monologues, ne goûte guère les conférences de presse : alors que de Gaulle se prêta dix-sept fois à l’exercice en dix ans, c’est seulement la troisième fois en sept ans que Macron s’y essaie. Tout se passe comme s'il ne cherchait pas tant à dire quelque chose qu’à occuper le temps de cerveau disponible des Français. Avant le « grand rendez-vous avec la nation », il y avait eu l’« initiative politique d’ampleur », selon le clinquant jargon élyséen. En réalité, cela avait abouti aux piteuses « rencontres de Saint-Denis », une simple réunion du chef de l’État avec les principaux partis d’opposition, qui a fait pschitt. Il en va de même pour la plupart de ses prétendues innovations démocratiques. Il y a cinq ans, se tenait le « grand débat national », qui n’a débouché sur rien, si ce n’est des cartons de cahiers de doléances, écrits dans le sillage des gilets jaunes, qui prennent la poussière aux Archives nationales et départementales. Idem pour la « convention citoyenne pour le climat », dont la plupart des propositions n’ont pas survécu au veto présidentiel. Sans oublier le fumeux « conseil national de la refondation », sorte de Parlement sans légitimité démocratique où on ne décide de rien ou presque. C’est ça le style Macron : prétendre innover en créant de nouvelles instances, nous embobiner avec de belles phrases, de la mièvrerie et des promesses qu'il ne tiendra pas, pour au final gouverner seul dans sa tour en étant toujours aussi satisfait de lui-même ! Au final hier soir, un discours libéral conservateur voire suranné, où il a dit par exemple vouloir s'attaquer avec force aux heures non remplacées des enseignants après avoir supprimé 2000 postes à la rentrée 2023 ... Des énormités comme celle-là, il y en a à la pelle !