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A ce point-là, il n'y a plus de mots !

Publié le par Michel Monsay

A ce point-là, il n'y a plus de mots !

Contrairement au couronnement à Londres, le peuple de Paris n’était pas convié à la cérémonie du 8 mai sur les Champs Élysées. Il en était même écarté, repoussé, interdit pour éviter les protestations, genre casserolades ou huées ! L’isolement d’Emmanuel Macron, ainsi symbolisé par cette image ou par le luxe de protection que les préfets doivent mettre en place à chacun de ses déplacements, souligne aussi sa solitude politique. Par contre, tout le monde sera ravi d’apprendre que beugler des slogans nationalistes et racistes n’est pas un trouble à l’ordre public, puisque la manifestation de l'ultra droite n'a pas été interdite samedi ! En plein cœur de Paris, ces charmantes personnes ont pu entonner des slogans fascistes, en intimidant la presse et les passants.

Il salue qui sur la photo ci-dessous ...? Au secours, où va-t-on ?

A ce point-là, il n'y a plus de mots !
A ce point-là, il n'y a plus de mots !

Publié dans Chroniques

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Passionnante promenade poétique et crépusculaire sur les traces d'un génie

Publié le par Michel Monsay

Passionnante promenade poétique et crépusculaire sur les traces d'un génie

L'Ombre de Goya s'ouvre à bord d'un train. Au début de 2020, Jean-Claude Carrière roule vers l'Espagne. Ce sera sa dernière traversée des Pyrénées. L’auteur de La controverse de Valladolid et de tant de scénarios s'appuie sur une canne. Sa voix grave et son œil malicieux gardent l'éclat du présent. Il part à la rencontre d'un fantôme qui n'a jamais cessé de le hanter : Francisco de Goya. On le suivra dans les musées, les lieux de vie du peintre, les chapelles et les villages. Au fil des escales, le destin de Goya se mêle à celui de Carrière mais aussi à ceux qu'il a côtoyés, à commencer par Luis Buñuel. Car Buñuel et Goya se partagent les paysages d'Aragon qui les ont vus grandir, la surdité qui les a frappés, l'expérience de l'exil qu'ils ont chacun subi… Jean-Claude Carrière était la vie même. Sensuel, épicurien, éminemment curieux, il savait de plus transmettre comme personne. Ou plutôt si, comme les êtres supérieurement intelligents qui n'ont pas la pédanterie de vous contempler du haut de leur érudition. Lui n'était que partage. Le réalisateur de ce très beau documentaire, José Luis López-Linares, nous invite en effet à partager le dernier voyage de Jean-Claude Carrière dans ce pays qu'il affectionnait tant : l'Espagne. Il l'avait bien sûr parcouru de long en large avec ses amis Buñuel et Carlos Saura, mais c'est surtout Goya qui lui a fait si souvent traverser les Pyrénées, au point d'en devenir un spécialiste reconnu. Comme tous les amoureux de peinture, Jean-Claude Carrière murmurait aux tableaux. Il est ainsi émouvant de voir ce conteur, dramaturge, philosophe et immense scénariste, au Prado, quelques semaines avant son décès en février 2021, faire ses adieux aux deux Majas de Goya. Voilà cinquante ans, confie-t-il à la caméra qu’il ne sait laquelle il préfère de la nue ou de l’habillée. Fascinant voyage, au cours duquel notre guide évoque la solitude de l’artiste, les liens avec d’autres grands peintres (Greco, Velasquez, Zurbaran), et la puissance des toiles de Goya, qui fut graveur, peintre de cour mais aussi des plus pauvres, et dont le génie perça magnifiquement les turpitudes humaines. Ce documentaire aux multiples facettes ouvre grand l’esprit et l’âme.

L'ombre de Goya est à voir ici pour 4,99 € en location ou sur une autre plateforme de VOD.

Publié dans replay

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Une fiction réaliste et poignante

Publié le par Michel Monsay

Une fiction réaliste et poignante

Dans son précédent film, l'excellent Les Ogres, Léa Fehner, filmait déjà une troupe : celle d’attachants saltimbanques, membres d’un théâtre itinérant. La cinéaste suit cette fois une équipe de sages-femmes dans une maternité où tout manque cruellement : personnel, temps, argent. En se concentrant sur un duo d’amies débutant dans le métier, Khadija Kouyaté et Héloïse Janjaud, comédiennes au sein du Conservatoire national supérieur de Paris, comme toute la formidable bande de ce téléfilm, la réalisatrice dessine le portrait d’une jeunesse contemporaine engagée dans un métier de la santé si particulier et indispensable. Elle réussit aussi un édifiant film politique sur l'invisibilisation de ce métier par la société. La caméra, toujours à bonne distance, se faufile partout, et surtout dans la salle de naissance, cœur vibrant de l’établissement, pour y filmer de véritables accouchements, avec le consentement des parents. Le pouvoir documentaire qui en résulte dépasse l’entendement : la puissance des femmes, la sidération des parents, l’empathie profonde des professionnelles qui aident à accoucher, tout cela si peu, ou mal représenté au cinéma, mais aussi le deuil qui frappe parfois. Le personnage d'une soignante expérimentée, puissamment interprétée par Myriem Akheddiou, incarne en cela merveilleusement les enjeux, et notamment les maltraitances involontaires, liées aux graves dysfonctionnements de l’hôpital public. Et rappelle, à toutes fins utiles, que le monde de demain naît entre les mains des sages-femmes. Léa Fehner a eu l'intelligence de ne pas faire un film sur les sages-femmes, mais avec elles en les associant à l'écriture du scénario et au tournage pour être le plus juste possible. Il en ressort que la maternité est une sorte d’immense lessiveuse où il faut tenir physiquement, moralement, ne pas se laisser submergé par ses émotions. Résister à ce déchirement permanent entre la passion pour cette profession et l’absence de moyens pour assurer ses missions. Au final, dans cette fiction bouleversante de réalisme, Léa Fehner rend un vibrant hommage à l’engagement des sages-femmes et dénonce très justement l’état d’alerte de la profession. Qu'attend Macron et son gouvernement pour donner de vrais moyens aux sages-femmes et à l'hôpital public en général, métiers si indispensables au bon fonctionnement de notre société, que l'on applaudissait et remerciait il n'y a pas si longtemps ... ?

Sages-femmes est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain

Publié le par Michel Monsay

La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain

Dans cette grande exposition, la plus importante jamais consacrée à la collaboration entre Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol, deux esthétiques, deux générations et deux tempéraments se croisent et fusionnent : celle de la rage et de l'engagement de Basquiat à faire exister la figure noire, avec une fantaisie empreinte de gravité. Et celle, plus distanciée et non dénuée d’ironie de Warhol. Drames, violences policières et racisme croisent ainsi folie consumériste, culture populaire et imagerie pop, le tout entremêlé de signes, graffitis, symboles et chiffres. Leur collaboration artistique de deux ans, entre l’automne 1983 et l’automne 1985, fut très intense, ils travaillaient sur plusieurs toiles, aux formats parfois monumentaux, durant des journées entières, sans s’être fixé la moindre règle. Au total, 160 toiles réalisées à quatre mains dans ce court laps de temps, dont 80 sont montrées dans cette exposition qui comporte 300 œuvres, et parmi elles, quinze très belles toiles exécutées à trois avec l’artiste italien, Francesco Clemente. Basquiat et Warhol, ces deux emblèmes de l’art new-yorkais, l’un dans l’étourdissement de la jeunesse, l’autre dans la toute-puissance de l’expérience, se fascinent mutuellement. Les deux artistes se retrouvent dans le détournement politique des images du consumérisme américain et de la société sécuritaire. Ils semblent s’entendre et s’unir mais dans leur travail commun, dans l’alignement vertigineux des peintures saturées de signes, de couleurs et de slogans, se niche aussi une forme de rivalité. Comme sur un ring, ou dans des battles de rap, ils se défient et se stimulent. Le pouvoir oscille et se renverse sans cesse, du blanc au noir, de la forme au chaos, du cri au discours, sans que l’on puisse décider qui contamine l’autre. Deux artistes de premier ordre dans l'art contemporain des années 1980, ceci aurait dû les empêcher de travailler ensemble, d’autant que leurs styles respectifs n’ont rien en commun et qu’ils ne cherchent pas à les rapprocher. Jouant à l’inverse de leurs différences, les exagérant même, ils trouvent le chemin pour créer à deux, et nombre de leurs duos sont de belles réussites. Dans l'incroyable débauche de créativité dont ils ont fait preuve durant leur collaboration, et de mon point de vue Basquiat en sort gagnant, cette impressionnante exposition met en lumière l'aptitude des deux artistes à inventer un nouveau langage visuel.

Basquiat x Warhol à quatre mains est à voir jusqu'au 28 août à la Fondation Louis Vuitton.

La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain
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La rencontre de deux artistes incontournables de l'art contemporain

Publié dans Expos

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Une fresque majestueuse d'une ampleur romanesque inouïe

Publié le par Michel Monsay

Une fresque majestueuse d'une ampleur romanesque inouïe

Nous sommes à Alger en 1512, et dès les premiers plans, le film nous capte dans son écrin de beauté de désirs inavoués et de fureurs historiques. Une histoire nous est racontée par une femme d’une singulière prestance. Il s’agit de la reine Zaphira, seconde épouse du roi Salim, qui envoûte son auditoire par une légende. Une cuillère de neige parfumée de bouton de rose sucrée à la main, elle la croque avec suffisamment de sensualité malicieuse pour que l’on saisisse d’emblée tout l’enjeu du film : la réappropriation, même inventée, de l’Histoire par une femme qui ne craint ni le froid ni les passions. Merveilleusement interprétée par Adila Bendimerad, à la fois actrice, scénariste et coréalisatrice du film auprès de Damien Ounouri, face aux machinations politiques des hommes, elle incarne à elle seule, toutes les qualités du film : la puissance et la grâce, l’habileté à ne jamais être où on l’attend. Il faut saluer l’extraordinaire travail de création et de reconstitution de la directrice artistique Feriel Gasmi Issiakhem, avec ce que cela suppose de poésie et d’invention, tant des décors que des costumes, mais aussi des nombreuses langues parlées et chantées tout au long du film. L'équipe a pu tourner sur et dans de véritables sites historiques, palais, mosquées, datant de plusieurs siècles. Il était très important pour les réalisateurs de ne pas tourner en studio, ou dans un autre pays, mais de montrer la richesse de ce qu’il reste du patrimoine algérien. Avec aussi de la part de ce binôme masculin féminin, la volonté farouche de raconter et de rendre visible toutes les réalités du pays qu’est l’Algérie. À savoir une mosaïque chaotique, où tout semble se jouer pour la dernière fois. En cinq actes, Zaphira, héroïne shakespearienne avant l’heure, chemine, cernée par les hommes, à travers un destin tragique, où rien ne semble aller de soi, si ce n’est l’affrontement des lois et des désirs antagonistes. Pour leur premier long-métrage, Damien Ounouri et Adila Bendimerad mettent en scène le face-à-face entre le pirate Aroudj Barberousse, venant de libérer Alger de la tyrannie des Espagnols, parfaitement incarné par Dali Benssalah, dont le talent se confirme d'un film à l'autre, et la femme qui va oser lui tenir tête, la fameuse reine Zaphira, belle, émouvante et subtile Adila Bendimerad, aussi à l’aise devant la caméra que derrière. Les deux cinéastes y proposent un mélange réussi de spectaculaire et d’intime où duels enlevés et dialogues à fleurets mouchetés se marient admirablement.

Publié dans Films

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Une nouvelle merveille d'un des plus grands artistes français

Publié le par Michel Monsay

Une nouvelle merveille d'un des plus grands artistes français

Auteur-compositeur-interprète majeur de la scène française depuis plus de 30 ans, Dominique A est de retour seulement quelques mois après le sublime Le monde réel. Il façonne le verbe et se trace un itinéraire poétique singulier depuis son premier disque, Ephémérides, paru en 1989. Mais c’est véritablement avec l’album Mémoire neuve, en 1995, que le Nantais d’adoption est parvenu à prendre une place de premier plan sur la scène musicale française, qui s’est toujours confirmée depuis. Tantôt métaphorique et intimiste, tantôt frontale et rock, son écriture musicale ne cesse de se réinventer d’un album à l’autre. En septembre 2022, il a signé Le Monde réel, un album à la mélancolie vibrante où il continue d’explorer le monde tel qu’il va mal. Et si les pierres se foutent de nous, du haut de leur éternité, comme le chantait Dominique A sur cet album, lui a eu à cœur de ne pas nous faire attendre : son dernier EP de huit titres, Reflets du monde lointain, prolonge notre balade, dans son paysage musical dense, où écologie rime avec poésie. Dominique A a fait appel à un orchestre de cordes pour des arrangement au service d'une production aérienne qui servent des textes au plus proche du cœur. Un monde peint et dépeint après deux années dans les méandres de l'univers en direct sur nos écrans, entre le flot d'information et le doute, la tragédie d'une planète à l'abandon malgré les signaux urgents de la nature et un appel à la bienveillance. La voix unique du chanteur défie la fatalité déclinante dans ce métier : à 54 ans, la sienne n’a jamais été aussi pleine, lyrique, de plus en plus sensuelle. Huit chansons enregistrées entre La Frette-sur-Seine et Bruxelles, avec Yann Arnaud à la réalisation, un enregistrement live d’où émerge cette voix qui agit comme un baume en ces temps chahutés. L’artiste s’élève et nous porte loin et haut pour nous parler du monde d’aujourd’hui, toujours avec cette poésie qui n’appartient qu’à lui. Tout ici est intensité, au service d’une planète malmenée. Empruntant autant aux sonorités classiques qu’aux rythmes jazz ou rock, Dominique A livre ici le meilleur de la chanson française.

Voici un extrait de ce nouveau magnifique album :

Publié dans Disques

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Un ballet-mosaïque envoûtant de l'immense Preljocaj

Publié le par Michel Monsay

Un ballet-mosaïque envoûtant de l'immense Preljocaj

Le génial chorégraphe Angelin Preljocaj revisite la mythologie, de la Grèce antique à Roland Barthes, soutenu par la symphonie de l’ex-Daft Punk Thomas Bangalter. Des corps alanguis sont dispersés sur scène sous le regard de dizaines de paires d’yeux projetées en toile de fond derrière eux. Plus tard, ce sont des mains entrelacées, empruntées elles aussi aux danseurs, qui s’animent. Comme si, grâce aux subtiles vidéos de Nicolas Clauss, le chorégraphe avait d’abord voulu rapprocher ses interprètes du public, avant que ceux-ci ne s’élancent dans la danse. Dans cette nouvelle création en vingt tableaux, pas de fil narratif comme dans Roméo et Juliette ou Blanche-Neige, les pièces phares de son répertoire. Mais une même source d’inspiration, les figures mythologiques de la Grèce ancienne, de Persée à Icare, et quelques « mythologies » contemporaines chères à l’essayiste Roland Barthes, qui donne toute sa cohérence à l’ensemble. À travers cette création, Angelin Preljocaj souhaite confronter les mythes antiques avec notre présent. Une approche qui donne à voir les dérives de l'époque contemporaine, comme les violences faites aux femmes mais également les guerres et les conflits. Pour accompagner ces danses ensorcelantes, le chorégraphe a fait appel à un compositeur inattendu : Thomas Bangalter. L'artiste qui a fait danser des millions de personnes à travers le monde entier pendant 28 ans, puisqu'il était l'une des têtes casquées du duo Daft Punk. Après être devenu une référence de la musique électronique, le compositeur se met au classique et présente sa première pièce pour orchestre. C'est une totale réussite. La musique composée par Thomas Bangalter est à la fois nerveuse avec ses ruptures mais aussi très lyrique. Elle accompagne parfaitement les gestes légers et parfois plus combatifs des danseurs. Le mélange des instruments (cordes, bois, cuivres, percussions) d'inspiration baroque aide à transporter le public dans une autre dimension. Outre la superbe musique et le talent infini de Preljocaj, qui se réinvente à chaque spectacle, les costumes et la lumière participent à la fascination, et pour interpréter ce magnifique Mythologies, 10 danseurs du Ballet Preljocaj et autant du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux nous éblouissent durant une heure trente.

Pour voir Mythologies, c'est ici ou sur le replay de France.Tv.

Publié dans replay

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Heureusement, il y a l'humour !

Publié le par Michel Monsay

Publié dans Chroniques

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Formidable Lavilliers entouré de musiciens très talentueux

Publié le par Michel Monsay

Formidable Lavilliers entouré de musiciens très talentueux

Benjamin Biolay le surnomme, à raison, « le Boss » ! Quelques jours après la sortie de son magnifique dernier album, Sous un soleil énorme en novembre 2021, chroniqué dans ces colonnes, le septuagénaire Bernard Lavilliers (76 ans) caracole en tête des ventes et, dans la foulée, sa tournée aux 100 dates ne démentira pas l’intérêt du public. « Le chanteur de causes perdues sur des musiques tropicales », comme il se définit lui-même, termine cette tournée lumineuse à Paris par un superbe concert au Zénith (7 janvier 2023) où il nous embarque dans un chaleureux voyage musical qui passe par l’Occident, le Moyen Orient, la Jamaïque, Porto-Rico, Cuba, la Colombie et le Brésil. Sa voix, peut-être un peu moins puissante mais encore très belle, résonne toujours comme un cri qui vient de l’intérieur. Il n’a rien perdu de son engagement ni de sa générosité brute. Élégant, entre chaque chanson, il présente les exceptionnels musiciens à ses côtés sur scène, six au total, auxquels viennent s'ajouter d'autres artistes qu’il entraîne dans une joie communicative. Nous le suivons également dans les différents pays où l’infatigable baroudeur a glané des chansons soufflées par le vent sur des musiques rock, reggae, salsa, samba ou des poignantes ballades. Marginal et populaire, figure emblématique du paysage musical français, Bernard Lavilliers conte aussi bien la société française que la poésie du monde qu’il arpente depuis plus de cinquante ans. Vingt-trois albums ou autant de carnets de voyage qui encapsulent, à la manière d’un chroniqueur, ici l’inflation en Argentine, là le rythme fou du Nordeste brésilien ou de Kingston… Dans ce concert au Zénith, très beau visuellement et particulièrement bien filmé, alternant les classiques de son répertoire, qui n'ont rien perdu de leur pouvoir de fascination, et les superbes chansons de Sous un soleil énorme, Bernard Lavilliers et ses musiciens nous offrent près de deux heures de pur bonheur dont on ressort plus que conquis.

Bernard Lavilliers au Zénith de Paris est à voir ici ou sur le replay de FranceTv.

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Bouleversante chronique d'une renaissance amoureuse

Publié le par Michel Monsay

Bouleversante chronique d'une renaissance amoureuse

Après Adam, un premier long métrage déjà impressionnant par sa maîtrise et sa pudeur, la cinéaste marocaine Maryam Touzani, qui est également coscénariste de Much loved et Razzia, revient avec Le Bleu du Caftan, œuvre saisissante et bouleversante. Ce film met en scène avec une infinie délicatesse trois grandes âmes sur le chemin de l’amour et de l’acceptation. En quasi huis clos, cette fable atemporelle s’impose à un rythme lent et très élégant pour rendre attentif aux moindres regards, silences, coups de ciseau et rais de lumières. Scénario, décors, costumes, tout se déploie dans une atmosphère feutrée, imprégnée de non-dits. Chez Maryam Touzani, les protagonistes se parlent à peine quand ils ont des choses importantes à se dire. Tout se passe dans le regard, notamment celui des yeux bleu-gris d'un des personnages, miroirs de ses amours contrariés. Tour à tour, la cinéaste rend hommage à un art millénaire en train de disparaître et à ses derniers artisans, à sa mère et à son caftan qu'elle arborait lors de la première mondiale du film présenté dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes, et surtout aux mille et un visages de l'abnégation amoureuse. La thématique, son traitement, notamment avec la superbe image en clairs-obscurs délicats, et la manière dont la caméra filme les détails, les gestes, les tissus, les visages, mais aussi la sincérité dégagée par les trois magnifiques comédiens, dont l'intensité réside dans l'économie de leur jeu, font du Bleu du caftan un film sensible, courageux, véritable tour de force dans un pays où l’homosexualité reste passible de prison. Cinéaste de l’intime, Maryam Touzani, née à Tanger en 1980, a à cœur d’ouvrir les esprits et de faire bouger les mentalités. Elle nous offre ici une œuvre d'une noblesse et d'une beauté profonde, dont on ressort ébloui, malgré l'insupportable bouffeur de popcorn de la rangée de derrière.

Publié dans Films

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