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Une profonde tristesse

Publié le par Michel Monsay

Une profonde tristesse
Une profonde tristesse

Tellement attachante et radieuse dans l’expression d’une fragilité conquérante, Jane Birkin avait conquis une place à part dans le cœur des Français. En témoigne l’émotion créée par l’annonce du décès de la comédienne et chanteuse ce dimanche à 76 ans. Jamais elle ne s’est départie de cette simplicité bohème et de cette classe naturelle qui donne tant d’éclat aux multiples projets artistiques auxquels elle a participé, un peu dans son pays natal, l'Angleterre et la plupart du temps en France. Enfant fragile, lolita à pygmalion, mère bohème, actrice accomplie, chanteuse affirmée ou femme militante, son accent british et son couple avec Serge Gainsbourg dans les années 1970 ont marqué les imaginaires. À la fois actrice et mère, muse et militante, chanteuse et sex-symbol, Jane Birkin a traversé les époques avec un panache qui l’a érigée au rang d’icône. Enfant du babyboom, elle tient de sa mère, l’actrice anglaise Judy Campbell, sa passion pour la comédie. Si, à la vingtaine, elle enchaîne les petits rôles dans le Swinging London des années 1960, c’est plus tard, à Paris, fraîchement divorcée d’un John Barry infidèle, qu’elle connaît le succès. En 1968, à la faveur d’une rencontre avec Serge Gainsbourg sur le tournage de Slogan, la jeune Jane scelle son destin. Ensemble, ils incarnent un couple mythique. Elle lui inspire de nombreuses sublimes chansons autant pour lui que pour elle qui resteront à jamais au répertoire, il l’amène à faire de sa silhouette de "demi-garçon", quolibet de ses jeunes années, un modèle de féminité. Mais quand Gainsbourg laisse place à Gainsbarre, son double destructeur, Jane Birkin s’émancipe. Dans les années 1980, elle passe des comédies populaires au cinéma d’auteur. Dirigée par Agnès Varda, Jacques Rivette, Bertrand Tavernier, Régis Wargnier ou encore Jacques Doillon, elle laisse filtrer une mélancolie à fleur de peau. Sur les planches, dirigée par Patrice Chéreau notamment, en chanson, d'un côté de la caméra ou de l'autre, sur le pavé, Jane cumule les batailles (pour les droits civiques, l'écologie, contre le sida,…) ou auprès d'Amnesty international en infatigable exploratrice de la liberté. Comme vient de l'écrire si joliment Étienne Daho : « Inimaginable de vivre dans un monde sans ta lumière »

Comment ne pas être bouleversé en revoyant Jane Birkin dans quatre clips musicaux ci-dessous, tirés de son magnifique dernier album écrit avec Étienne Daho et Jean-Louis Piérot, paru fin 2020 ? Autre vidéo très touchante et témoignage de l'inlassable engagement de cette femme d’une humanité et d’une bienveillance unique : Il y a cinq mois, Jane Birkin apportait son soutien au peuple birman.

Publié dans Chroniques

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Magnifique consécration du nouveau génie du tennis

Publié le par Michel Monsay

Magnifique consécration du nouveau génie du tennis
Magnifique consécration du nouveau génie du tennis

Au terme d'une superbe finale de 4h42 qui a tenu toutes ses promesses, Carlos Alcaraz a pris le dessus sur Novak Djokovic en cinq sets (1-6, 7-6 [6], 6-1, 3-6, 6-4), dimanche, en finale de Wimbledon. L'Espagnol de 20 ans, s'est adjugé son deuxième Grand Chelem après l'US Open 2022. Le numéro 1 mondial, mal embarqué dans la première manche, s'est sublimé pour écarter Djokovic, pourtant vainqueur des quatre dernières éditions et invaincu sur le gazon londonien depuis 2017.  Ce qu'il a fait ce dimanche sur le Centre Court, à savoir remporter à 20 ans le tournoi le plus prestigieux du monde face au meilleur joueur de l'histoire, a fortiori maître des lieux, a valeur d'adoubement. Surtout qu'il l'a fait avec la manière, à l'issue d'un match dantesque qui a enfin tenu toutes ses promesses, après la frustration de la demi-finale de Roland-Garros et les crampes de stress d'Alcaraz. Considéré comme large favori pour sa 9e finale sur la gazon londonien, Djokovic déroule dans le premier set face à un Alcaraz timoré. 6-1, et une finale déjà pliée ? Pas vraiment. L’Espagnol se libère dans la deuxième manche et commencent alors des échanges exceptionnels, qui ont rappelé par moment l’affrontement épique entre Nadal et Federer, en finale ici même il y a 15 ans, en 2008. Après une lutte féroce, Alcaraz égalise à un set partout au tie-break, mettant fin à une série de 15 victoires consécutives pour Djokovic dans les jeux décisifs. La suite est du même tonneau : les deux hommes se renvoient coups pour coups. Au milieu du troisième set, un jeu hallucinant de 26 minutes permet à Alcaraz de mettre la main sur la troisième manche. Mais Djokovic reste Djokovic et revient à deux manches partout dans la foulée. Et c’est donc (comment pouvait-il en être autrement ?) après un dernier set de haute volée qu’Alcaraz s’est imposé, en conservant jusqu’au bout un break réalisé très tôt dans la manche. Pour l’Espagnol, le résultat est immense. La manière, elle, est déjà dans la légende. Carlos Alcaraz, possède tous les coups du tennis à la perfection, une science de la défense et du déplacement phénoménale, il est aussi capable de s'adapter à toutes les surfaces grâce à une intelligence de jeu hors du commun. Le futur ressemble à un gamin de 20 ans au sourire d'ange. Qui s'en plaindra ?

Ci-dessous deux photos de Carlos Alcaraz et un résumé de la finale :

Magnifique consécration du nouveau génie du tennis
Magnifique consécration du nouveau génie du tennis

Publié dans Chroniques

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Un bouleversant docu-fiction qui dénoue les fils de l’oppression

Publié le par Michel Monsay

Un bouleversant docu-fiction qui dénoue les fils de l’oppression

Par un procédé original, entre documentaire et fiction, la cinéaste tunisienne, Kaouther Ben Hania invente une forme : celle du documentaire impossible, et qui n’a d’autre moyen pour déterrer la vérité et libérer la parole qu’un faux projet de fiction. Si elle mêle ici les deux, le parcours de la cinéaste de 45 ans oscille du documentaire à la fiction depuis le début de sa carrière. Dans la deuxième catégorie, on avait été impressionné par le puissant thriller féministe en 2017, La belle et la meute autour de l'impunité du viol. Les filles d'Olfa était en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, une première depuis 1970 pour un film tunisien. La cinéaste aborde le sujet de l'engagement de deux jeunes femmes au sein du groupe islamiste Daesh, qui va bouleverser une famille monoparentale unie, au sein de la Tunisie post-Ben Ali. Dès les premières minutes du film, la caméra traduit cette absence comme un tabou à exorciser. Pour ce faire, Kaouther Ben Hania a demandé l’aide d’actrices professionnelles pour incarner les deux jeunes femmes, et ainsi recréer des souvenirs. Olfa, la mère, a même droit à sa propre doublure, dans le cadre de scènes trop douloureuses à revivre. S'installe alors entre la réalisatrice, ses actrices et la famille, un dispositif hors du commun, où le manque des disparues le dispute à la rébellion et à l'espoir, tout en interrogeant une société tunisienne partagée entre islam et laïcité. D’emblée une catharsis se met en place, et l’objectif que s’est fixé Kaouther Ben Hania de faire de l’acte filmique une thérapie, voire un salut, prend corps. Dans ce sixième long métrage, elle démontre de plus un art du cadre et des harmonies colorées d’une élégance et d'une beauté visuelle remarquables. Entre dispositif théâtral, thérapie de groupe et psychanalyse familiale, Les filles d’Olfa, ausculte deux générations de Tunisiennes, leurs silences coupables et non-dits douloureux, le machisme délétère, qu’Olfa reproduit en croyant protéger ses filles, les vertus et effets pervers de la révolution arabe, les ravages de l’islamisme radical. Le film raconte à la fois les jeans déchirés et les voiles, mais c'est surtout une réflexion bouleversante sur les relations mère filles au sein d’une société patriarcale réprimant chaque forme de liberté. Derrière son indépendance revendiquée, Olfa reste le produit d’un système oppressif, qui semble synthétiser les paradoxes de la société tunisienne. De quoi rendre cette magnifique introspection familiale encore plus troublante et sublime.

Publié dans Films

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Savoureux rapports de classe dans le New-York de la fin du XIXe

Publié le par Michel Monsay

Savoureux rapports de classe dans le New-York de la fin du XIXe

Le créateur de  Downton Abbey et Gosford Park, Julian Fellowes, offre une savoureuse chronique des rivalités entre nouveaux riches et vieille élite dans le New York de 1880. Cette série explore la période dorée de l’après-Guerre de Sécession, l’explosion économique, bancaire et démographique des États-Unis. Les fortunes des magnats de l’acier, du commerce et de la spéculation grossissent aussi vite qu’elles fondent au soleil. Dans The Gilded Age, on retrouve les mêmes ingrédients qui ont fait le succès de Downton Abbey, la polyphonie entre l’étage des maîtres et celui de la domesticité, la lecture de la grande histoire à travers les tribulations des privilégiés, mais aussi quelques innovations comme cet arc narratif qui met aux prises une jeune fille de bonne famille désargentée et une jeune intellectuelle afro-américaine. Julian Fellowes s'attaque aussi au mythe de l'autodidacte américain. Il fait une radioscopie de la naissance du capitalisme, et cela donne à la série une épaisseur et une densité qui en fait une fresque passionnante. La production de cette série n’a pas lésiné sur les moyens : un casting étincelant avec Carrie Coon, Morgan Spector, Cynthia Nixon, Christine Baranski, tous quatre stars des séries américaines, et les jeunes Louisa Jacobson (fille de Meryl Strrep), Denée Benton, des décors et costumes impressionnants, un scénario vif et acéré dont les personnages de fiction et les péripéties sont inspirés de personnes et de faits bien réels. Ajouté à cela, des dialogues piquants et plein d'humour, des protagonistes qui ne sont jamais totalement ce qu'ils laissent à croire, une réalisation élégante, qui montrent à merveille la vacuité de ce petit monde bourgeois et aristocrate autocentré, ultraconservateur et bien loin des préoccupations du monde qui l’entoure. Passionné par les rapports de classe, Julian Fellowes s'en donne ici à cœur joie. A sa mise en parallèle coutumière du monde des maîtres et des serviteurs, s'ajoutent donc la confrontation entre anciens et nouveaux riches ainsi qu'entre Blancs et Noirs.

The Gilded age est à voir ici sur OCS pour 10,99 €, un mois sans engagement, sachant qu'il y a 7 jours offerts et que l'on peut résilier du coup sans rien payer avant la fin des 7 jours.

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Un monstre sacré de la littérature vient de s'éteindre

Publié le par Michel Monsay

Un monstre sacré de la littérature vient de s'éteindre

L'auteur franco-tchèque Milan Kundera est mort à l'âge de 94 ans, a annoncé la télévision publique du pays, mercredi 12 juillet. Une information confirmée par son éditeur français Gallimard à franceinfo. "Romancier du réel", Milan Kundera avait notamment écrit L'Insoutenable Légèreté de l'être en 1984. Il avait également obtenu le grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001. Ancien communiste, Milan Kundera s'était progressivement brouillé avec les autorités tchécoslovaques et avait décidé de vivre en exil après l'écrasement du mouvement réformateur du Printemps de Prague par les armées dirigées par l'Union soviétique en 1968. Milan Kundera vivait à Paris et avait obtenu la nationalité française en 1981. Romancier poète, enseignant en cinéma, traduit dans plus d’une quarantaine de langues et de nombreuses fois récompensé, Milan Kundera laisse une œuvre considérable, teintée d'un certain humour. Dans son dernier roman, La Fête de l'insignifiance (2014), un de ses personnages avouait se méfier des chiffres qui renvoient à "la honte de vieillir". Peintre sarcastique de la condition humaine, il n'appartenait pas à l'Académie française, n'avait pas reçu le Nobel de littérature, des honneurs qu'il aurait amplement mérités, mais fut bien l'un des plus grands auteurs de ces dernières années, entré de son vivant dans la Pléiade (en 2011). D'une grande discrétion, son dernier passage à la télévision remontait à 1984, sa dernière interview à un journaliste à 1986.

Milan Kundera et sa femme que j'ai photographiés en 2016 à l'occasion de la réception d'Alain Finkielkraut à l'Académie française.

Publié dans Chroniques, Photos

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L’étonnante œuvre au noir de Degas

Publié le par Michel Monsay

L’étonnante œuvre au noir de Degas

C’est une rétrospective inattendue que donne à admirer la BnF Richelieu, à Paris, où l’impressionniste Edgar Degas se montre sous un jour nouveau : en noir et blanc ! En plus du pastel et des 700 œuvres produites durant sa carrière, il s'agit de l'autre grande passion de l'artiste, qu’il a nourrie à la fois par la gravure, le dessin, la peinture mais aussi la photographie. Le goût lui prend à la fin des années 1850, où il exécute un premier autoportrait gravé. Grand expérimentateur et militant du genre de l’estampe, Degas explore toutes les ressources du noir et blanc, à la plume, au crayon, au lavis, par des techniques comme l’eau-forte, l'impression en monotype, les planches lithographiées… Quand on dit Edgar Degas (1834-1917), on pense à des danseuses peintes à l'huile ou dessinées au pastel dans des couleurs douces et vibrantes. Pourtant, à la fin de sa vie, il aurait dit : "Si j'avais à refaire ma vie, je ne ferais que du noir et blanc." L'univers de son œuvre en noir et blanc est souvent celui des espaces clos, des cabarets, des intérieurs sombres, des bordels ou des loges de théâtre où il crée des effets de clair-obscur, d'ombres, de contrejour. A partir de la fin des années 1870, Degas va affectionner particulièrement la pratique du monotype. Celui-ci n'est pas une gravure mais une peinture sur plaque qui, passée à la presse, donne une épreuve unique (éventuellement une deuxième, beaucoup plus claire s'il reste un peu d'encre, et que Degas utilisait en la rehaussant au pastel). Edgar Degas ne se soustraira jamais à la discipline quotidienne qu’est le dessin, véritable ascèse et éthique de la main, faisant naître sous le crayon, la plume, le fusain, le pastel ou la pointe (pour les gravures) toute une œuvre en noir et blanc restée quasi secrète, jamais vendue de son vivant. Cette belle exposition, à travers 160 œuvres dont certaines d'autres artistes comme Picasso ou Pissaro, nous permet de découvrir un Degas que l'on ne connaissait pas, un expérimentateur d'une insatiable curiosité, avec un réel goût pour l’audace et une attirance pour les nouvelles techniques qui font de lui peut-être l’artiste le plus moderne du mouvement impressionniste.

Degas en noir et blanc est à voir à la BNF Richelieu jusqu'au 3 septembre.

Voici ci-dessous quelques œuvres de Degas, les cinq dernières ne sont pas de lui (Pissaro, Picasso,...), toutes sont visibles à l'exposition. En cliquant sur les photos, vous les verrez en grand et pourrez les faire défiler avec les flèches.

L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
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L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas
L’étonnante œuvre au noir de Degas

Publié dans Expos

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Passionnante immersion au cœur de l'un des événements sportifs les plus suivis au monde

Publié le par Michel Monsay

Passionnante immersion au cœur de l'un des événements sportifs les plus suivis au monde
Passionnante immersion au cœur de l'un des événements sportifs les plus suivis au monde

C'est le Tour de France comme on ne l'a jamais vu. Lors de l’édition 2022, Netflix a filmé l’envers du décor. Cela donne Tour de France : au cœur du peloton, une série-documentaire de huit épisodes bluffants, qui réussit à en faire un récit haletant pour ceux qui ont suivi la course l’an dernier et à capter l'attention des novices, à la fois en vulgarisant les règles, les enjeux, les stratégies, et en maintenant un suspense du début à la fin. Dans Tour de France : au cœur du peloton, le téléspectateur est embarqué dans les bus de huit équipes, dans les voitures des dirigeants et des commentateurs, dans les hôtels des coureurs,... Il y a aussi des caméras installées sur les vélos. Mais ça va plus loin que l'aspect sportif. Ce sont des histoires humaines qui sont racontées. Netflix a misé sur une trentaine de protagonistes du Tour, est allé les filmer dès le printemps, dans leur quotidien comme Thibaut Pinot (qu'on voit nourrir ses chèvres chez lui en Haute-Saône), dans leur préparation (Julian Alaphilippe qui s'entraîne avant d'apprendre qu'il ne sera finalement pas sélectionné). Des récits émouvants, par exemple l'histoire de Fabio Jakobsen qui a failli mourir lors d'un accident dans un sprint en 2020 et qui gagne une étape sur ce Tour de France. On comprend aussi avec cette série que le cyclisme est autant un sport individuel que collectif. Le leader d'une équipe a des « domestiques » qui lui facilitent la vie, prennent le vent, fatiguent les adversaires et font le ménage autour de lui pour le placer avant un sprint ou une attaque. Or ces sous-fifres, parfois, ont aussi des ambitions personnelles… La subtilité de cette série est d’expliquer toutes ces stratégies par des exemples lors du Tour de France 2022. Il y a la course en elle-même et des séquences captées dans les coulisses de chaque équipe : briefing, consignes données en direct depuis la voiture du directeur sportif, adaptation de la tactique aux événements, aux rivaux, à la météo, capacité des coureurs à y répondre, débrief à l’hôtel… Le tout est d’une fluidité assez impressionnante, avec des protagonistes qui laissent parfois leur langue de bois sur les plateaux télé. On parle aux spécialistes tout en prenant subtilement le néophyte par la main. Il faut ajouter que, pour une fois, la mise en scène de la course et les cadrages renouvellent la vision qu’on en avait. On mesure mieux la dangerosité d’un sprint final, d’une descente de col à 105 kilomètres-heure, la vitesse du peloton, l’effort à déployer lors d’une ascension. Que l'on soit mordu de vélo ou pas, force est de constater que l'on prend vite goût au bruit des dérailleurs, à la tension des chutes au sein du peloton, aux gueules cassées des coureurs à la fin des étapes, et à l'ambiance générale de ce sport si exigeant qu'est le cyclisme professionnel.

Tour de France : Au cœur du peloton est à voir ici sur Netflix à partir de 5,99 € (avec ou sans pub) pour un mois sans engagement.

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Émouvante découverte à la mélancolie tragique

Publié le par Michel Monsay

Émouvante découverte à la mélancolie tragique

Découvrir Anna Karina et Marie Laforêt dans un film rare de Valerio Zurlini est déjà en soi une promesse de plaisir. Des filles pour l’armée la tient jusqu’au bout en permettant aux deux actrices d'exprimer tout leur talent, sans oublier Léa Massari dans un rôle plus en retrait. Le cinéaste, à qui l'on doit quelques chefs-d’œuvre du doute existentiel comme Été violent (1959) La Fille à la valise (1961), Journal intime (1962) ou Le Professeur (1972), n’évoque pas dans ce film l’espoir des mouvements de résistance durant la seconde guerre mondiale, mais expose sans fard ni échappatoire les exactions de l’armée italienne, renvoyant au pays un reflet peu flatteur. Il suit un jeune lieutenant italien chargé d’accompagner des prostituées pour approvisionner des bordels militaires dans la Grèce occupée. Le récit prend pour cadre l’un des épisodes les plus aberrants de la seconde guerre mondiale, à savoir la guerre éclair que l’Italie a déclarée à la Grèce, en octobre 1940, une pure fanfaronnade de Mussolini visant à en remontrer à son partenaire allemand. Épopée grotesque et sans lendemain, comme le fut la campagne éthiopienne, mais qui, pour être vaine, n’en fit pas moins un nombre considérable de morts, de blessés, de déplacés, de désastres humains. Zurlini ne choisit pas pour rien ce conflit à l’éloquente absurdité : Rome attaquant Athènes, ce sont les principes mêmes de la civilisation occidentale qui s’auto-dévorent. La situation du lieutenant, escortant les prostituées comme on distribue du bétail, au cœur d’un pays à feu et à sang, recoupe l’image d’une impasse historique, voire métaphysique : celle d’une aventure humaine si gravement compromise qu’elle semble arrivée en bout de course. A travers ces femmes s’exprime une féminité pragmatique, aiguillonnée par la nécessité, saisie dans ses urgences parfois triviales ou sordides, mais aussi lumineuse quand elle s’oppose à la bestialité des militaires, dépeints comme des hordes de soudards en rut. La grande question du film, vertigineuse, concerne bien évidemment les relations entre hommes et femmes en temps de guerre. De l’amour, une forme quelconque de tendresse, d’entente, peuvent-ils encore naître sur un charnier ? Presque impossible, répond Zurlini, sceptique, tant les corps sont occupés à s’exploiter ou à survivre, à se prendre ou à se déprendre. Reste le profond sentiment de dégoût qui croît dans la tête du lieutenant : quelque chose comme la honte d’être un homme.

Des filles pour l'armée (Le soldatesse) est à voir ici sur OCS pour 10,99 €, un mois sans engagement, sachant qu'il y a 7 jours offerts et que l'on peut résilier du coup sans rien payer avant la fin des 7 jours.

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Encore un piteux exemple de la droitisation extrême des élus LR

Publié le par Michel Monsay

Encore un piteux exemple de la droitisation extrême des élus LR

Le sens du timing est glaçant. À peine cinq jours après les obsèques de Nahel, tué par un tir policier mardi 27 juin à Nanterre, Valérie Pécresse a débaptisé le lycée Angela-Davis de Saint-Denis (93) pour le renommer Rosa-Parks, contre la volonté du conseil d’administration de l’établissement, des parents, des élèves et du ministre de l’Éducation nationale. Alors que les braises de la colère sont encore chaudes, ce coup de force nauséabond de la présidente de la Région Île-de-France sonne non seulement comme une ineptie, mais comme une provocation contre la jeunesse des quartiers populaires qui pleure la mort de l’un des siens. Au nom de quoi ? « Les différents propos d’Angela Davis critiquant la laïcité et la législation françaises nous amènent à proposer une modification de la dénomination de cet établissement », déclarait la Région en mars dernier. En ligne de mire, notamment, une tribune de 2021, signée par l’icône américaine des droits civiques et près de six cents universitaires de divers pays, dénonçant la « mentalité coloniale qui se manifeste dans les structures de gouvernance de la France », en particulier vis-à-vis des citoyennes et citoyens et des immigrés racisés. Oser critiquer un racisme systémique, en France, issu du colonialisme : voilà donc le principal reproche adressé à Angela Davis. Qui a surtout le tort d’être vivante et de continuer de s’exprimer, à la différence de Rosa Parks (morte en 2005), autre figure non moins radicale de l’antiracisme et pourtant présentée par la Région comme « un exemple et un modèle ». Pécresse instrumentalise ce lycée pour donner des gages à son électorat dans la course à la surenchère avec l’extrême droite, qu'elle mène avec Ciotti, Wauquiez et consorts. En rejetant cette icône, il s’agit ici de répondre au wokisme présumé d’un nom en le remplaçant par un autre jugé plus consensuel. Alors que le gouvernement exhorte les parents des quartiers populaires à garantir le calme, jeter ainsi de l’huile sur le feu, c'est totalement irresponsable.

Publié dans Chroniques

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Blockbuster magistral dans une nature sublimée et menacée par un impérialisme écocide

Publié le par Michel Monsay

Blockbuster magistral dans une nature sublimée et menacée par un impérialisme écocide

S’appuyant sur un univers onirique où s’affirme une volonté de préserver la nature, James Cameron signe un époustouflant blockbuster esthétique, écologique et humaniste. Le cinéaste aime l’innovation et les effets spéciaux. Preuve en est sa filmographie, de Terminator à Titanic en passant par Aliens le retour, True Lies, Abyss , et le premier volet d’Avatar, James Cameron s’est imposé comme un maître du cinéma à grand spectacle. La double prouesse d'Avatar : La Voie de l’eau réside dans ce paradoxe : rien n’a changé, et pourtant, tout a changé. L’héritage du premier film est toujours aussi prégnant, et la sensation d’être en terrain connu confirme à quel point la révolution de 2009 a été en avance sur son temps. Néanmoins, par une simple cicatrice sur la peau d'un personnage, par la subtilité d’une expression faciale et par la richesse photoréaliste du moindre centimètre carré de décor, Avatar 2 redéfinit la notion de cinéma virtuel. Tout est dans le sens du détail, quasi indiscernable et sublime, qui se dégage de chaque image, pour insuffler la vie dans les corps de ces extraterrestres numériques. La technologie, bien que flamboyante, s’efface au profit de ce qui a toujours été la priorité du cinéaste : la limpidité de ses images en mouvement, de leur enchaînement, et de la narration qu’elles servent. La beauté sidérante des séquences sous-marines, dont la qualité du rendu n’a d’égal que la richesse de sa faune et de sa flore, nous rappelle la passion de James Cameron pour l'océan et ses profondeurs. Cet Avatar confirme son savoir-faire et la richesse de son univers formel. Il emprunte à plusieurs genres : western, fable écologique, documentaire animalier, film de guerre. La Voie de l’eau est un peu un mix 2.0 entre La Horde sauvage (Peckinpah), La Forêt d’émeraude (Boorman), Le Monde du silence (Malle et Cousteau), percuté par le Moby Dick de Melville. Si Cameron a l’art de faire du neuf avec du vieux, il l’accommode à sa sauce pour le transformer en menu 3 étoiles, certifié bio. Au western classique dans lequel Hollywood a, jusqu’aux années 1970, donné le mauvais rôle aux Indiens, il substitue un récit alternatif, où les méchants sont des Yankees. Un petit coup de griffe du Canadien Cameron au grand frère envahissant états-unien. Il avait déjà égratigné la bonne société britannique dans Titanic. Avatar : La voie de l'eau confirme l’audace d’un cinéaste visionnaire, toujours un coup d’avance à Hollywood. De film en film, il repousse les limites de l’innovation technologique, renouvelant sans cesse l’invention des frères Lumière à la manière d’un Méliès des temps modernes. On savait James Cameron capable de nous ébahir à nouveau. On ne se doutait tout simplement pas du niveau d'excellence avec lequel il le ferait. Le projet pharaonique est réussi. Avec ses préoccupations environnementales de préservation du vivant, Cameron signe une épopée de plus de trois heures sidérante. Du grand spectacle qui rend métaphoriquement hommage à la beauté de notre planète bleue, à l’heure fatidique de l’effondrement des écosystèmes et de la disparition de milliers d’espèces, c'est la promesse d’un envoûtement collectif pour embrasser l’image idéale d’un monde déjà perdu. Ce film redéfini aussi ce qu'est le cinéma spectaculaire, quand le reste de la production se déploie dans la plus grande pauvreté formelle d’une image soumise à l’hommage permanent des franchises qu’il habite. On attendait de Cameron qu’il formule une réponse aux standards posés par Marvel. La démonstration est éclatante. Avatar : La voie de l'eau autorise le spectateur à s’oublier, à passer outre une prouesse technologique si omniprésente qu’elle devient évidente, naturelle. Cameron résout ainsi le grand paradoxe d’une fresque qui célèbre le vivant par l’exaltation du simulacre, prodigieux délire où le cinéaste n’embrasse le monde qu’à la condition d’en recréer le plus petit atome. Une véritable expérience sensorielle avec une rare cohérence et un résultat magnifique qui nous entraîne dans un voyage où il faut lâcher prise pour accepter l’inouï d’un monde inconnu.

Avatar : La voie de l'eau est à voir ici pour 1,99 € en location ou en VOD.

Publié dans replay

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