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Hédi Kaddour - Les prépondérants

Publié le par Michel Monsay

Hédi Kaddour - Les prépondérants

Magistrale fresque d’un Maghreb colonial qui se fissure

 

Prix Goncourt du premier roman en 2006, Hédi Kaddour est un jeune romancier de 70 ans qui nous offre aujourd’hui l’un des plus beaux textes de la rentrée, couronné par le Grand prix du roman de l’Académie française. Egalement poète, ce professeur agrégé de lettres a passé sa vie à enseigner la littérature française et l’écriture au sein de grandes écoles comme Sciences-Po ou l’Ecole normale supérieure. Avec ce magnifique nouveau roman, il nous plonge dans le Maghreb des années 1920 sous protectorat français, mais aussi dans l’Allemagne humiliée qui se remet difficilement de la défaite et de la présence française arrogante et quasi colonisatrice sur son sol, donnant ainsi du grain à moudre au nationalisme naissant d’un certain Hitler. Ou encore dans l’Amérique hollywoodienne qui hésite entre puritanisme et liberté des mœurs. Il s’agit bien d’un roman-monde d’une ampleur remarquable, où des femmes commencent à se faire entendre chacune à la mesure du pays où elle vit, où des colonisés commencent à rêver d’indépendance, où des colons s’agrippent sans états d’âme à leurs privilèges. Plusieurs protagonistes de même importance, français, arabes, américains, se côtoient plus ou moins intimement dans ce roman passionnant, témoin d’un choc de cultures, de mœurs, de convictions, mais aussi d’histoires d’amour consommées ou silencieuses. En 1920 dans la capitale du Maroc ou de la Tunisie, l’auteur ne le précise pas, nous faisons la connaissance d’une jeune et jolie veuve revenue vivre chez son père, grand bourgeois et ancien ministre du Souverain, après la mort de son mari sous un obus en Champagne quatre ans plus tôt. Cette femme érudite, en avance sur son temps et qui refuse de se soumettre à la loi des hommes, part diriger la propriété de 900 ha de son oncle dont la femme est gravement malade, près d’une petite ville du Sud. Après le décès de celle-ci et de son mari quelque mois plus tard, la jeune femme convainc son père de la laisser régir ce domaine agricole assez lucratif, pour continuer cette vie qui lui convient parfaitement. Elle se prend au jeu et cherche à s’agrandir mais un colon qui est le plus riche propriétaire de la région obtient la parcelle qu’elle voulait acquérir. En assistant au procès de paysans émeutiers qui voulaient défendre leurs terres, elle fait la connaissance d’une journaliste parisienne. Rapidement d’autres personnages s’ajoutent à la trame, notamment un brillant bachelier, fils du chef militaire local ainsi qu’une actrice américaine et son mari réalisateur venus tourner un film d’aventures exotiques avec toute leur équipe. Cette arrivée fait basculer ce roman époustouflant dans un monde où les certitudes des uns se lézardent, et où les autres apprennent à se connaître dans la confrontation ou la séduction.

 

                                                                                                                      

Les prépondérants – Un roman de Hédi Kaddour – Gallimard – 460 pages – 21 €.

Publié dans Livres

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Le Rhône et Blue champagne à Versailles

Publié le par Michel Monsay

Le Rhône et Blue champagne à Versailles

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Paysage sarde

Publié le par Michel Monsay

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Interdit à droite comme à gauche

Publié le par Michel Monsay

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Portrait souriant

Publié le par Michel Monsay

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Scène de convention

Publié le par Michel Monsay

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Vision nocturne de l'Institut

Publié le par Michel Monsay

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Chacun sa tâche

Publié le par Michel Monsay

Chacun sa tâche

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Christophe Barbier, directeur de L’Express

Publié le par Michel Monsay

Christophe Barbier, directeur de L’Express

« Approfondir les sujets les plus importants et donner les clés pour comprendre »

 

A la tête de L’Express depuis 9 ans, Christophe Barbier, dont la parole est très prisée, aime partager son opinion sur les sujets d’actualité. En plus de son édito vidéo quotidien sur le site de L’Express, il en livre un autre tous les matins sur iTélé et se fait régulièrement inviter sur les plateaux télé comme celui de C dans l’air.

 

Qu’a changé l’arrivée des médias numériques dans le rôle d’un hebdomadaire comme l’Express ?

Christophe Barbier - Avant l’arrivée des médias numériques, une heure après le bouclage les hebdomadaires perdaient 8 jours, maintenant lorsque nous avons un scoop ou un document de 800 pages, il y a le site Internet. Nous avons gagné une puissance et une audience formidables avec notre site, qui nous a par ailleurs rendu addict à l’information chaude. Néanmoins, cela pose un défi économique, les recettes étant très maigres malgré 7 millions et demi de visiteurs uniques par mois. Comme il est impossible aujourd’hui d’échapper à l’information où que vous soyez, le rôle d’un news hebdomadaire est de faire le tri dans tous les sujets d’actualité pour approfondir les plus importants et donner les clés pour comprendre. Pour en revenir au site, je dis à mes journalistes : vous devez informer le plus vite possible. Mais dans « possible », il y a tout le travail journalistique qui est incompressible, il vaut mieux être 20 minutes après le concurrent plutôt que d’écrire une bêtise. C’est pour cela qu’une grande majorité du public qui s’informe sur le Net fait confiance à des grandes marques comme Le Monde, Le Figaro, L’Express et quelques autres plutôt qu’à n’importe quoi point com ou Twitter.

 

Doit-il y avoir des limites à la liberté d’expression ?

C.B. - J’ai longtemps soutenu qu’il ne devait pas y en avoir si ce n’est la loi, on peut dire tout ce que l’on pense et le cas échéant les tribunaux sont là pour trancher lors de procès en diffamation. J’ai changé d’avis à cause de Dieudonné, qui a inventé une perversité nouvelle en faisant de la propagande antisémite sous couvert d’humour, dont il se servait comme bouclier anti-poursuites. Ses propos n’étant en aucun cas des blagues mais des convictions. A un moment donné, le législateur ou le pouvoir politique, et Manuel Valls l’a fait avec courage, doit intervenir pour dire non : vous outrepassez la liberté d’expression, vous la retournez contre le droit et nous vous interdisons de continuer. C’est terrible d’être obligé d’en arriver là.

 

Que pensez-vous du traitement médiatique de la crise des réfugiés ?

C.B. - Je crains que la crise ne soit trop complexe pour un traitement médiatique. Il sera forcément sommaire. Même le journal le plus sérieux n’est pas assez pointu pour rendre compte de toute la complexité de ce qui se passe sur le terrain en Syrie, jusqu’aux réfugiés qui s’implantent dans certains pays alors que d’autres sont plus rétifs à les recevoir. Il y a un traitement émotionnel par l’image, comme celle du petit garçon mort sur une plage turque. Il fallait évidemment publier cette photo, qui donne l’information que cet enfant s’est noyé en voulant passer, et provoque un choc planétaire qui fait bouger les lignes géopolitiques sous la pression d’un mouvement démocratique. Les médias traditionnels doivent se sentir ni coupables ni fiers, puisque maintenant avec les médias sociaux ce genre de phénomène leur échappe, mais si la photo du petit Aylan permet que l’on intervienne en Syrie pour libérer ce peuple, il s’agira d’un engrenage vertueux.

 

Faut-il craindre pour le respect et l’indépendance de la presse après le rachat de journaux et de télés par des hommes d’affaires surpuissants ?

C.B. - Il y a, face à ce nouveau capitalisme et ces nouveaux actionnaires, un nouveau rapport de forces à créer pour que le respect et l’indépendance soient garantis. On a connu des magnats de la presse politiquement inféodés, puis il y a eu des industriels qui ont racheté des médias pour gagner de l’argent et avoir de l’influence, aujourd’hui il s’agit d’industriels indépendants du pouvoir politique et de l’Etat qui ont besoin de contenus pour leur offre de télécommunications. Une fois la guerre des prix terminée entre les principaux concurrents, la différence se fera par le contenu pour asseoir leur domination. C’est la baisse du nombre de lecteurs ou d’auditeurs et par conséquent d’annonceurs qui a provoqué le retrait des anciens actionnaires. Le rachat de L’Express est d’ailleurs symbolique, nous sommes passés d’un imprimeur à un groupe de câbles et téléphonie. Ces nouveaux actionnaires, chez nous comme ailleurs, ont engagé une restructuration économique qui est tragique, à cause des plans sociaux, mais inévitable, et en même temps ils ont pris le pouvoir en plaçant leurs équipes, c’est la règle brutale mais intangible et incontestable du capitalisme.

Contre la surpuissance étatique ou économique, il y a des lanceurs d’alerte cà l’image de Snowden et des mouvements comme Anonymous. Nous sommes à l’âge paléolithique d’une organisation des opinions mondiales qui servira de contrepoids. L’ONU a été créé pour gérer le monde de l’après-guerre, elle sera un jour remplacée par un parlement mondial qui gèrera le monde de l’après mondialisation et permettra de lutter contre toutes sortes de dérive.

 

Que peut-on attendre de la COP 21 ?

C.B. - On peut attendre que sur le fond du diagnostic partagé, mise en danger de la planète si l’on ne change pas les comportements humains, l’unanimité soit faite, ce qui n’était pas le cas en 2009 à Copenhague. Il faut arriver par la signature d’un accord à montrer qu’il y a désormais un phénomène planétaire, même si tous les états traînent les pieds, ceux qui peuvent payer comme ceux qui veulent se développer. Je suis néanmoins optimiste car la mobilisation des citoyens est infiniment supérieure à Copenhague, malgré la crise et le chômage. Les médias et les corps intermédiaires en parlent énormément, il n’y a plus un enfant qui ne soit pas au courant. La mobilisation des entreprises est sans commune mesure, si une d’entre elles veut faire du profit en polluant, elle perd ses consommateurs, fournisseurs et employés. A partir du moment où les entreprises poussent, les politiques les écoutent. A ce propos, le trio Hollande, Royal, Fabius a joué son rôle, Obama a besoin d’une grande et belle sortie au-delà de Cuba et de l’Iran, sur un thème Nord-Sud où il pourrait avoir un bilan satisfaisant, et Xi Jinping, qui est sur un modèle économique vacillant avec des problématiques environnementales extrêmement fortes, est un peu obligé d’agir.

 

Comment l’Europe doit-elle s’y prendre pour mieux gérer la crise des migrants ?

C.B. - L’Europe à 28 n’est pas capable de gérer la crise des migrants, il faut à tout prix repartir d’une Europe à moindre géométrie, à 8 ou 10 ou en tout cas pas plus de 19. Sur ces pays-là, et à commencer par le couple franco-allemand, il faut fusionner nos politiques pour équilibrer la répartition. L’Allemagne et la France ont deux sociétés différentes, une a besoin de migrants pour sa main-d’œuvre, l’autre a un problème de chômage, une qui par mauvaise conscience est accueillante et l’autre qui par repli identitaire ne l’est pas. Avec cette Europe resserrée, il faut redessiner les contours de Frontex avec des frontières extérieures fermées et repenser une politique d’accueil, filtrée et cohérente. Les dirigeants de ces nations doivent accepter de parler de l’Islam, qui est en arrière-pensée de l’opinion.  Aux gens qui sont méfiants vis-à-vis des migrants musulmans, il suffit de leur rappeler qu’ils se font massacrer par Daech et ne sont pas des terroristes mais des victimes. Cela dit, c’est une donnée du problème qui n’est pas assez courageusement abordée par les politiques.

 

Pourquoi l’Europe ne parvient-elle par à se mettre d’accord pour défendre militairement ses intérêts, notamment pour venir à bout de Daech ?

C.B. - Aucun pays n’est volontaire pour intervenir en Syrie, au Mali ou ailleurs si ce n’est la France. A la limite ce serait possible si les autres payaient, mais non seulement ils ne paient pas, notamment l’Allemagne, mais ils nous empêchent de retirer de notre PIB et du calcul des 3% de déficit l’effort militaire que l’on fait pour eux. L’Europe devrait être capable de prendre une décision commune pour des interventions rapides afin de protéger ses intérêts en dehors de ses frontières, par exemple contre le terrorisme, exécutée par les pays qui ont la capacité à le faire et payée par les autres.

Pour venir à bout de Daech, il faudra combattre au sol mais comme aucun pays occidental ne le veut, la seule solution est d’organiser une coalition des pays voisins équipée, formée et subventionnée par les occidentaux. Durant la seconde guerre mondiale pour vaincre Hitler, on a conclut un accord avec l’un des pires dictateurs qui soit, Staline, en passant par-dessus des divergences géopolitiques monumentales bien plus fortes que celles entre Obama et Poutine. Pourquoi ne nous entendons-nous pas avec les Russes pour agir, il sera toujours temps ensuite de trouver la meilleure solution pour la Syrie, évidemment sans Bachar al-Assad.

 

                                                                                  

Quelques repères

Journaliste politique passé par l’Ecole Normale supérieure en obtenant une maîtrise d’Histoire, il démarre sa carrière au Point puis à Europe 1, avant de rejoindre L’Express où il devient chef du service politique à 29 ans. Dix ans plus tard, il est nommé directeur de la rédaction. Parallèlement, on le voit souvent à la télé, soit pour un édito et une interview politique sur LCI tous les matins jusqu’en 2011 et depuis sur iTélé, soit en étant invité à C dans l’air, au Grand journal de Canal + ou ponctuellement ailleurs. Il est aussi passionné de théâtre, et d’ailleurs il lui arrive de jouer ou de mettre en scène. A 48 ans, alors que L’Express vient d’être racheté par Patrick Drahi, il doit faire face à un douloureux plan social au sein de sa rédaction.

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Gilles Pudlowski, critique gastronomique

Publié le par Michel Monsay

Gilles Pudlowski, critique gastronomique

L’éclaireur de nos papilles

 

Fils spirituel de Christian Millau, Gilles Pudlowski est devenu en 40 ans d’exercice l’un des tous meilleurs chroniqueurs gastronomiques. Ses guides Pudlo, ses nombreux ouvrages, son blog, témoignant d’une belle plume et d’une finesse de jugement, ont bâti sa réputation et lui ont permis de durer dans ce métier si convoité qui nous fait tous saliver.

 

Constamment les sens en éveil pour alimenter son blog « Les pieds dans le plat » et pour les guides qu’il sort régulièrement, Gilles Pudlowski écume les restaurants de la capitale, d’Alsace ou d’ailleurs avec la même gourmandise et le même amour de la gastronomie qu’à ses débuts. Sa région de cœur où il possède une maison, l’Alsace, sur laquelle il a écrit une trentaine d’ouvrages dont Le dictionnaire amoureux de l’Alsace, est la seule à avoir un guide Pudlo sortant chaque année hormis celui de Paris, qui a fêté en 2015 son 25ème anniversaire.

La méthode du critique gastronomique qui arrive incognito dans un restaurant, Gilles Pudlowski n’y croit pas et pense que cela ne change rien à la qualité de la cuisine proposée. En tout cas, être accueilli à visage découvert et souvent ne pas payer l’addition, excepté pour les petits établissements, ne l’empêche pas de dire que ça ne lui plaît pas. Il a récemment éreinté un restaurant de Bâle doublement étoilé au Michelin. Cependant, sa critique est moins dure qu’à ses débuts : « Il est plus difficile de mal manger aujourd’hui qu’autrefois, on est beaucoup plus insistant sur le frais et la qualité des produits. »

 

Des guides au blog

Le poids de l’expérience fait que Gilles Pudlowski connait aujourd’hui comme nul autre pareil les restaurants parisiens. Il a d’ailleurs toujours été précurseur, l’exemple d’Alain Passard en atteste, promu chef de l’année dans le Pudlo Paris 1990 il n’a obtenu les 3 étoiles au Michelin qu’en 1996. Très bien conçu, vivant et écrit dans une belle langue évocatrice, son guide parisien 2015 regorge d’adresses, plus de 2600, où il met à l’honneur restaurants, artisans et commerçants de bouche, bars et salons de thé. Dans la première décennie des années 2000, il publiait également chaque année un guide France et ponctuellement d’autres guides régionaux, Bretagne, Lorraine, Corse mais à partir de 2010 son blog les a remplacés. Poussé par son fils, il a su prendre le virage du numérique en créant « Les pieds dans le plat », qui aujourd’hui compte 300 000 visiteurs par mois, tout en étant très actif sur les réseaux sociaux.

En plus de ses chroniques gastronomiques quotidiennes, il y écrit une fois par semaine « Les chuchotis du lundi » où il dévoile les scoops de ce monde de la cuisine qu’il connaît si bien, avec une plume qui n’hésite pas à se faire incisive. Ce blog a changé sa vie, le journaliste n’a plus les contraintes de calibrage des articles de la presse écrite, il peut se lâcher, notamment lorsqu’un établissement l’a conquis, et laisser libre cours à un vrai talent d’écriture. Il publie aussi des critiques littéraires, son autre passion, et de manière générale trois ou quatre articles par jour sont mis en ligne, ce qui correspond au rythme de travail intense qu’il affectionne : « En arrivant dans une ville, j’essaie de voir toutes les nouveautés en restauration et commerce de bouche de qualité. »

 

Rigoureux et littéraire

Pour caractériser sa patte il faut remonter à ses débuts, qu’il nous explique par une citation littéraire : « Malraux disait : Faulkner c’est l’intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier, et m’en inspirant j’avais dit que Gault et Millau, c’est l’intrusion de la littérature dans la critique gastronomique. J’ai pris le côté littéraire du Gault et Millau de la belle époque, mais aussi le côté rigoureux et précis du Michelin. » L’influence de Gilles Pudlowski, acquise au fil des années, lui a valu entre autres d’être cité par le magazine Marianne dans les 100 personnes qui font la France en l’an 2000, le considérant comme le fils spirituel de Christian Millau.

Sa curiosité, sa passion, ses papilles aux aguets dès qu’il arrive dans un établissement, ne connaissent aucune lassitude et s’il écrit lui-même la quasi-totalité des articles, il a néanmoins une dizaine de collaborateurs qui le secondent. La longévité du Pudlo, qui est l’un des seuls guides à résister à l’épreuve du temps, témoigne de la pertinence et du savoir-faire de son auteur. D’autres critiques gastronomiques célèbres comme Jean-Luc Petitrenaud ou François Simon s’y sont essayés mais n’ont pas tenu la distance, même le Bottin gourmand a cessé de paraître et le guide Michelin est passé en 15 ans de 600 000 exemplaires vendus à 60 000. Parallèlement, il écrit toujours dans plusieurs publications comme Saveurs, Cuisine et vins de France, Les dernières nouvelles d’Alsace et le Républicain lorrain.

 

Les hasards de la vie

Evidemment, son jugement s’est affiné au fil des années : « Comme disait un ancien dirigeant du Gault et Millau : Pour bien juger un restaurant, il faut en connaître mille. » Cependant, dès ses premières critiques gastronomiques dans Le quotidien de Paris de Philippe Tesson en 1974 et Les nouvelles littéraires deux ans plus tard avec Jean-François Kahn, il se fait remarquer par Christian Millau qui lui propose de collaborer au Gault & Millau : « Il m’a dit : Dans ce métier, les gens savent soit manger soit écrire, rarement les deux, parfois aucun des deux. Si vous savez faire les deux, vous êtes sûr de réussir. » C’est pourtant un hasard qui le fait démarrer dans la gastronomie. Il y a bien son père qui l’emmène au restaurant assez souvent, mais sa première passion dès son adolescence est le journalisme politique. Pour cela il fait Sciences-Po jusqu’au troisième cycle et une licence d’histoire où il a comme prof Jean Poperen, qui lui inspire un mémoire. Il veut refaire le monde, écrit des poésies et entame sa carrière de journaliste, politique au début, puis très vite littéraire jusqu’à ce que Jean-François Kahn demande à chacun de s’occuper d’une rubrique en plus. Gilles Pudlowski choisit la gastronomie, dont il est friand, sans savoir qu’elle va prendre une place considérable dans son parcours, et aujourd’hui encore il s’en étonne.

 

Gastronomie et littérature

Dès 1979, il écrit pour Paris Match parallèlement au Gault et Millau puis en 1986 démarre sa longue collaboration avec Le Point qui s’achève en 2014, où il assure en plus des chroniques gastronomiques, des critiques littéraires. Même s’il est un peu moins connu pour cet aspect de sa carrière, il continue néanmoins à en publier régulièrement sur son blog, et tout au long de sa vie le monde littéraire a toujours été très important pour lui, les écrivains Robert Sabatier et Jean-Marc Roberts ont été deux de ses meilleurs amis. Son honnêteté, qui le pousse à dire sans détours dans ses articles ce qu’il ressent d’une cuisine ou d’un restaurant, lui a parfois valu des procès, qu’il a toujours gagnés comme celui contre Régine lorsqu’elle était propriétaire de Ledoyen. Le Figaro avait titré au lendemain du verdict : « La justice reconnait la critique gastronomique. » A bientôt 65 ans, il n’a pas eu l’occasion jusqu’à présent, mis à part quelques collaborations ponctuelles, d’animer ou de participer à une émission à la télé ou la radio, et il reconnait être ouvert à toutes propositions.

 

Français et libre

En dehors des guides gastronomiques, parmi les nombreux livres qu’il a écrits, quatre d’entre eux témoignent de son amour pour la France : « Moi juif polonais né à Metz, dont la grand-mère parlait yiddish et la mère ne parlait pas français, j’étais meilleur au lycée que les français de souche. Tous les jours je me dis que j’ai la chance de vivre en France, je la connais par cœur dans tous ses recoins, et je suis fasciné par ses paysages et ses produits agricoles. » Rigoureux, obstiné, constant, fidèle, voici quatre adjectifs qui définissent bien la personnalité de ce gastronome qui ne laisse rien passer. Privilégiant les déjeuners plutôt que les dîners, le bon-vivant a su garder la ligne malgré toutes les merveilles culinaires ou plats décevants qu’il goûte quotidiennement. Pour l’avenir, à travers son blog, ses ouvrages et d’éventuelles futures collaborations, il souhaite simplement continuer à faire son métier de manière aussi libre.

Publié dans Portraits

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