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Hommage à un conteur d'exception

Publié le par Michel Monsay

Hommage à un conteur d'exception
Hommage à un conteur d'exception

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« Internet c’est l’audience et la presse papier c’est l’influence »

Publié le par Michel Monsay

« Internet c’est l’audience et la presse papier c’est l’influence »

Après avoir été patron de la rédaction des Echos et du Figaro, mais aussi du pôle médias de LVMH, Nicolas Beytout a fondé en 2013 l’Opinion, site Internet et quotidien papier de tendance libérale. A 59 ans, cet analyste politique habitué des médias audiovisuels est également éditorialiste sur France Inter.

 

Comment voyez-vous l’avenir de la presse et que pensez-vous des méthodes des repreneurs de titres en difficulté ?

Nicolas Beytout - La presse est en train de vivre une grande transformation, elle est à la recherche d’un modèle dont on ne connaît pas aujourd’hui les contours. La raison principale, c’est évidemment Internet, ce média capable de remplacer la totalité des autres supports, presse écrite, radio et télévision, et qui en plus fracasse les manières de fabriquer ces supports. Tous les médias traditionnels ont bien sûr développé un site web. A notre modeste échelle à l’Opinion, nous testons un modèle inverse, construit à partir d’Internet avec une extension papier quotidienne. Nous nous sommes lancés en mai 2013 en tenant compte d’un constat indiscutable : Internet c’est l’audience et la presse papier c’est l’influence. Les politiques et les chefs d’entreprise mais aussi un public encore assez nombreux continuent de lire la presse écrite quotidienne. Elle sélectionne l’information et la hiérarchise en mettant en avant les sujets les plus importants, au contraire du flux permanent d’infos en continu d’un site Internet.

On ne peut pas demander à quelqu’un qui reprend des titres de presse en difficultés d’être un mécène qui se contenterait de dépenser de l’argent au nom de la diversité d’opinions ou du maintien d’une ligne éditoriale. Le propriétaire d’un journal peut avoir son mot à dire sur le contenu, mais il doit composer avec l’indépendance des rédactions. Elle est garantie par une disposition, exceptionnelle dans le droit du travail : la clause de conscience (ou la clause de cession) qui permet au journaliste de partir avec toutes ses indemnités et avec le droit au chômage.

 

Le développement du média Internet et des chaînes d’infos ne nuit-il pas à la pertinence et au rôle des journalistes ?

N.B. - Je suis très favorable à la concurrence, même si la course à l’audience et à la réactivité donne parfois d’assez mauvaises surprises. Mais il y a toujours place pour d’autres médias et développer en profondeur les sujets. À l’Opinion, avec une ligne éditoriale basée sur le créneau libéral (qui est totalement délaissé en France alors que le libéralisme est une valeur de plus en plus partagée même à gauche), nous privilégions l’analyse et les informations à forte valeur ajoutée. Pour autant le scoop est un carburant très important pour une rédaction : c’est à la fois une performance journalistique (trouver une info que les autres n’ont pas réussi à avoir), et une manière de capter le lecteur ou l’internaute

Les journalistes fonctionnent un peu comme des éponges qui absorbent l’air du temps et le restituent, en lui donnant du sens. Ils ont incontestablement un impact sur l’évolution des opinions publiques, qu’ils peuvent orienter dans un sens ou un autre. Mais je ne crois pas que ce soit une action coordonnée.

La neutralité et l’objectivité de la presse n’ont jamais existé, et je trouve la presse aujourd’hui plus respectueuse des faits et des personnalités. Dans l’entre deux guerres ou au début de la Ve République elle était d’une violence, d’une agressivité, d’une obstination qui n’a rien à voir avec la presse actuelle.

 

Quelle est la part de responsabilité de la presse et des politiques dans les scores du FN et que doivent-ils faire pour inverser la tendance ?

N.B. - Je ne sais pas vraiment répondre à cette question : le FN est un sujet très présent dans les médias parce qu’il représente entre 28 et 30% des votes aux dernières élections, et parce que les sujets qui lui sont consacré sont très lus et consultés (on le mesure précisément avec Internet). A l’Opinion, tout en étant hostile au FN, on se rend compte que les sujets concernant ce parti sont parmi les plus consommés sur le site, même lorsqu’on met en lumière des incohérences de leur programme économique ou leur comportement. Alors, en parler ou pas ? C’est un peu la même chose que répondre à la question de la proportionnelle : malgré son poids dans la vie politique, le FN n’a que deux députés. Est-ce que leur donner l’accès à l’Assemblée Nationale au travers de la proportionnelle comme on leur a donné accès aux médias, ce serait seulement reconnaître qu’ils existent ou est-ce que ça les ferait exister davantage ?

En critiquant la classe politique républicaine, la presse n’est que le reflet de l’opinion publique qui reproche à la droite et la gauche le manque de résultats. Nous sommes dans un pays qui limoge systématiquement ses majorités à chaque élection générale depuis 1978. La France est dans une mauvaise situation et la responsabilité des politiques est importante, ce n’est donc pas complètement invraisemblable de la part d’une partie de la population de penser que la droite et la gauche sont peuplés de gens inefficaces.

Cependant, la classe politique républicaine a compris que le manque désastreux de résultats n’est plus acceptable et conduit à ce que les populistes s’approchent du pouvoir, en promettant simplement l’inverse de ce qui a été fait. En 2017, celui qui gagnera aura l’immense responsabilité de réussir, sans quoi Marine Le Pen sera élue à l’élection suivante.

 

Quel regard portez-vous sur la souffrance du monde agricole ?

N.B. - Le monde agricole a été promené par les différents gouvernements qui l’ont bercé d’illusions en lui disant : « Vous n’êtes pas obligés de vous adapter aussi vite que vous le pensez, on vous défendra toujours à Bruxelles, la France est le premier pays agricole et rien ne pourra se faire sans nous ». Si l’on regarde les chiffres des dix dernières années, on se rend compte de la profonde perte de compétitivité des exploitations françaises au profit de nos concurrents, à l’intérieur même de l’Europe. Aujourd’hui le monde agricole souffre beaucoup et je ne veux surtout pas donner de leçon, mais probablement les agriculteurs ont eu tort de croire ce qu’on leur disait. Les consommateurs veulent et voudront toujours payer moins cher pour avoir un meilleur produit. Si produire moins cher et de meilleure qualité est impossible à cause des charges sociales, des normes environnementales, des difficultés à investir ou avoir accès au crédit, de la pression de concurrents qui n’ont pas les mêmes conditions de production, alors c’est la responsabilité des gouvernements et du système économique agricole de savoir s’adapter à ses contraintes.

 

La réforme du code du travail pourrait-elle contribuer à l’inversion de la courbe du chômage ?

N.B. - Depuis trois ans tous les pays qui nous entourent ont recréé de l’emploi alors que nous continuons à en détruire. On ne peut pas déclencher de l’embauche si le fait d’avoir embauché lie les mains du patron qui crée de l’emploi. Cela fait plus de vingt ans que la France a une préférence pour le chômage. Entre un salaire minimum et un chômeur, le système français privilégie le chômeur, c’est cela qu’il faut arbitrer maintenant. Cet arbitrage doit passer entre autre par le fait qu’une personne embauchée dans une entreprise peut malheureusement perdre son emploi si l’entreprise va moins bien qu’elle n’allait au moment de l’embauche. Une réforme du code du travail qui donne cette sécurité à l’employeur dans le cas où les comptes de l’entreprise se dégradent, pourrait libérer pas mal de choses.

 

Comment expliquer l’absence de réaction des Etats-Unis et de l’Europe sur les agissements de Poutine en Syrie ?

N.B. - Obama restera un mauvais président des Etats-Unis. Sa seule vraie réforme est celle de la santé, mais il a dégradé le poids de son pays dans le monde. Notamment en Syrie, où son attitude et son manque de réaction, a ouvert un boulevard à la Russie et au régime syrien. Poutine, qui est un être cynique et un manipulateur de grand talent, en profite pour établir ses zones de conquête et favoriser ses alliés. Quant à l’Europe, sans les Etats-Unis elle ne peut rien faire.

 

                                                                                 

Quelques repères

Diplômé de Sciences-Po, il démarre une carrière de journaliste dans différents titres économiques jusqu’à intégrer Les Echos en 1981 où il reste près de 25 ans. Il y devient directeur de la rédaction puis PDG avec entre-temps un passage de 3 ans au Figaro à la tête des rédactions du groupe. On le voit régulièrement dans des émissions politiques sur TF1, la Cinq, BFM-TV, RTL, Europe 1. Aujourd’hui il intervient le samedi matin sur France Inter. Depuis 2013, il dirige l’Opinion, un nouveau type de média politique et économique, incluant Internet avec des vidéos maisons produites chaque jour et un quotidien papier.

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La passion de l’industrie

Publié le par Michel Monsay

La passion de l’industrie

Cela fait 5 ans qu’elle n’est plus à la tête d’Areva, mais pour beaucoup Anne Lauvergeon symbolise toujours le nucléaire, même si aujourd’hui elle est investie dans près d’une dizaine d’entreprises qui n’ont rien à voir avec ce secteur. L’ancienne proche collaboratrice de François Mitterrand met désormais son expérience et son carnet d’adresse au service de l’innovation.

 

L’innovation est bien au cœur des différentes activités d’Anne Lauvergeon, qui en plus de présider pour l’Etat la commission Innovation 2030, dirige une société de conseil et d’investissement où elle aide des start-up à se développer et des grandes entreprises à innover. Parallèlement, elle est au conseil d’administration de nombreux groupes, le géant minier Rio Tinto, American Express, Suez, Airbus et l’agroindustriel Avril : « Au sein de ce groupe, l’organisation stratégique et la diversification des filières agricoles de l’amont jusqu’à l’aval sont une formidable réussite. Le colza et le tournesol, qui résistent mieux aujourd’hui à la chute des prix mondiaux sur les matières premières, en sont le parfait exemple. L’innovation est une problématique transversale, quel que soit le domaine et la taille de l’entreprise, pour se sortir des difficultés actuelles. N’oublions pas qu’en France nous avons depuis toujours une tradition exceptionnelle de l’innovation. »

Dans la même optique, elle est également présidente du conseil d’administration de Sigfox, l’opérateur des objets connectés à bas coût et de BoostHeat, fabriquant de chaudières à gaz utilisant deux fois moins de gaz. De manière générale, elle ne manque jamais une occasion de mettre en avant ceux qui apportent de réelles nouveautés dans leur domaine tout en étant moins cher.

 

L’attrait du nucléaire

C’est en visitant une centrale nucléaire avec sa classe lorsqu’elle avait dix ans, qu’Anne Lauvergeon a commencé à se passionner pour ce domaine qui suscitait la plupart du temps de nombreuses critiques. Elle a donc voulu comprendre par elle-même, et plus tard en entrant comme ingénieur au Corps des mines, elle fait un stage d’une année dans la sûreté nucléaire et tombe dans la cuve à la manière d’Obélix dans la marmite. Cependant quinze années passent avant qu’elle ne soit nommée en 1999 à la tête de Cogema, où les candidats ne se bousculent pas vu que l’entreprise est accusée de causer des leucémies par son usine de la Hague. Comme elle aime les causes perdues auxquelles elle croit et n’a jamais fait de choix de confort, elle quitte Alcatel, entreprise florissante à l’époque pour partir sauver le nucléaire.

A son arrivée, elle change totalement les pratiques de communication en adoptant la transparence et l’ouverture à la place du secret, en acceptant de discuter avec les opposants et plus globalement en essayant de faire comprendre le nucléaire. Deux ans plus tard, en fusionnant Cogema et Framatome, deux entreprises en déclin mais complémentaires, l’une apportant le combustible et l’autre les réacteurs, elle crée Areva qui va devenir le numéro un mondial du nucléaire : « Alors que nous étions une des grandes forces de la France à l’international, l’Etat n’a pas été stratège du tout en refusant d’investir les trois milliards qui nous manquaient dans le renouvellement des usines en fin de vie. »

 

Grandeur et misère d’Areva

Cela fait cinq ans qu’elle a quitté Areva, et pour l’opinion publique Anne Lauvergeon continue d’incarner le groupe et certains lui reprochent les résultats actuels : « Qu’on juge mon bilan sur les 10 années, où nous avons fait croître le chiffre d’affaires, de 30%, et la rentabilité tout en nous diversifiant dans les réseaux électriques et les énergies renouvelables. Depuis mon départ il y a 5 ans, le chiffre d’affaires d’AREVA a chuté de 54%. Certes il y a eu l’accident de Fukushima, très gros choc pour l’industrie nucléaire, mais sans émettre d’avis sur mes successeurs j’aurais fait sans nul doute un certain nombre de choses très différemment. »

Surnommée « Atomic Anne » aux Etats-Unis où elle était très appréciée et considérée comme l’une des femmes les plus puissantes du monde, elle a toujours souffert davantage en France, notamment d’être une femme. Par contre à l’international, où tellement peu de femmes arrivent à ce niveau de responsabilités, elle se faisait facilement repérer ou était une attraction dans certains pays et transformait cette situation en avantage commercial.

A propos des critiques dont elle fait l’objet, elle explique : « L’acquisition d’Uramin au premier semestre 2007 ne s’est pas faite au bon moment, personne ne pouvait prévoir la crise des subprimes derrière, puis Fukushima. Tout le monde commet des erreurs mais globalement je pense qu’elles ont été principalement commises par l’Etat, qui n’a pas assez défendu un de ces fleurons industriels. D’ailleurs, aujourd’hui encore Areva a dû attendre plus d’un an pour sa recapitalisation et pendant ce temps le groupe perd des clients. »

Dans la relation très tendue entre Anne Lauvergeon et Henri Proglio, le patron d’EDF, le Président Sarkozy a donné raison à ce dernier et n’a pas reconduit la présidente d’Areva dans ses fonctions en 2011.

 

Un chemin particulier jusqu’à l’Elysée

Après avoir suivi la voie de l’élitisme républicain en passant par des grandes écoles, c’est à force de travail, de courage et de sens collectif en privilégiant l’équipe au pouvoir personnel qu’Anne Lauvergeon a tracé son parcours. Son enfance orléanaise se bâtit sur des principes mais aussi des libertés, notamment celle de penser qui est profondément ancrée dans la personnalité de cette femme dont la franchise est bien connue. Passionnée d’histoire et surtout d’archéologie, elle envisage d’en faire son métier avant que son père ne l’en dissuade. Finalement elle choisit la physique, après avoir eu 8 sur 20 au Bac, grâce à son prof en Maths-Sup qui lui fait aimer cette matière. Elle intègre l’Ecole Normale supérieure et obtient l’agrégation de physique, puis étant attirée par l’industrie elle s’oriente vers le Corps des mines d’où elle ressort ingénieur et commence sa carrière.

Quelques années plus tard, son CV atterrit à l’Elysée en février 1990 à propos d’un poste de chargé de mission pour l’économie internationale et le commerce extérieur. Sa différence plaît, elle n’est pas énarque, plutôt directe et va rapidement gravir les échelons pour devenir secrétaire générale adjointe de la Présidence. La charge de travail ne lui faisant pas peur, elle cumule même les fonctions en étant sherpa du Président et côtoie les grands de ce monde lors des sommets internationaux qui lui laissent des souvenirs impérissables.

 

Aux côtés de François Mitterrand

Après l’avoir beaucoup testée en lui demandant son avis sur des dossiers qui ne sont pas dans son domaine, ce qui forcément fait jaser, François Mitterrand lui accorde pleinement sa confiance. Un des meilleurs exemples se situe en 1992 lors d’une réunion à l’Elysée sur la PAC, où après avoir donné la parole aux ministres puis au Premier Ministre, le Président la donne à Anne Lauvergeon, chose totalement hors normes. Alors que tous disent qu’il est urgent d’attendre, elle prend position pour mettre en œuvre la réforme de la PAC avant les négociations du GATT, et François Mitterrand conclut en lui donnant raison. « A ses côtés, j’ai appris le sens du tragique. Si on oublie que l’Histoire est tragique on passe à côté des choses. Le sens du temps avec des accélérations foudroyantes et des moments de réflexion pour laisser mûrir un sujet. Enfin, ne jamais oublier les fondamentaux des pays et des gens pour bouger ce qui est possible tout en gardant les valeurs. »

Leur proche collaboration se transforme en amitié qui durera jusqu’au bout de la maladie, avec ce dernier appel de François Mitterrand pour lui demander : « Venez, je suis dans le trente-sixième dessous, il n’avait jamais utilisé cette expression. Son médecin m’a empêché d’entrer et je regrette encore aujourd’hui de ne pas avoir forcé la porte. »

 

Libre et clairvoyante

A 56 ans, elle continue son petit bonhomme de chemin en toute indépendance, comme elle l’a fait tout au long de sa carrière en s’appliquant à exercer ses fonctions librement quel que soit le contexte et la pression. Refusant régulièrement des propositions en France comme à l’étranger qui pourraient paraître alléchantes pour bon nombre de ses collègues naviguant dans les hautes sphères, cette femme au dynamisme chevillé au corps et au rire sans retenue est restée lucide sur la précarité du pouvoir : « Je me suis toujours sentie locataire tout en étant dédiée totalement dans ce que j’entreprenais mais en sachant paradoxalement que c’était éphémère. »

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Du grand art

Publié le par Michel Monsay

Du grand art

Finaliste du Prix Pulitzer, ce roman est un pur chef-d’œuvre mêlant habilement les genres, de l’espionnage au thriller en passant par le roman sentimental de haut-vol, avec en toile de fond la guerre et ses dérives mais aussi les manœuvres géopolitiques des Etats-Unis et leurs conséquences. Écrivain américain de 64 ans qui a été correspondant de guerre et membre de l’agence américaine pour la paix « Peace Corps », Bob Shacochis aura eu besoin de dix années de travail pour concocter ce roman impressionnant, tant par la virtuosité de son architecture que par l’intelligence de son écriture, la maîtrise du contexte politique et historique sur plus de 50 ans, et enfin la multitude de personnages tous admirablement conçus. En particulier cette femme, au centre de toutes les attentions, fascinante de beauté, d’intelligence, de liberté, de folie, de force et de fragilité enfouie, bref un personnage inoubliable. Cette histoire passionnante est tout à la fois ample, foisonnante, complexe, elle nous convie autant dans l’intimité des relations entre les personnages qu’à travers une trame plus large où les protagonistes sont confrontés à des tragédies du XXe siècle, que ce soit en Haïti et en Croatie ou aux premiers actes de terrorisme à Istanbul et ailleurs. Le roman démarre en 1998 à Miami, où un avocat qui travaille dans l’humanitaire, est approché par un détective privé qui enquête sur le meurtre d’une américaine en Haïti. Connu notamment pour avoir mis en place une commission de la vérité dans ce pays, suite au coup d’état de 1991 et à l’intervention américaine trois ans plus tard, l’avocat se laisse convaincre d’accompagner le détective pour reconstituer sur place ce qui s’est passé. Il est des livres qui restent à jamais dans notre mémoire de lecteur, celui-ci en fait absolument partie pour sa faculté à nous surprendre tout au long de ses presque 800 pages. Sa fascinante construction, son propos ambitieux et sa puissance romanesque en font un des fleurons de la littérature américaine.

 

                                                                                                                     

La femme qui avait perdu son âme – Un roman de Bob Shacochis – Editions Gallmeister – 789 pages – 28 €.

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Saisissante chronique indienne du XXIe siècle

Publié le par Michel Monsay

Saisissante chronique indienne du XXIe siècle

Ce superbe premier film est l’œuvre d’une jeune réalisatrice sino-américaine, qui a quitté son Pékin natal à 14 ans et vit depuis plusieurs années aux Etats-Unis après avoir beaucoup voyagé. En découvrant la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud, Chloé Zhao a été fasciné à  la fois par l’aspect immuable de cet endroit aux paysages désertiques, mais surtout par les Indiens attachés à cette terre où leurs ancêtres se sont fait massacrer, et qui aujourd’hui leur offre une vie sans espoir. Beaucoup de suicides, d’alcoolisme, de diabète, de chômage, une espérance de vie de 45 ans, une jeunesse très tôt livrée à elle-même, et pourtant très peu de ces Sioux Lakotas quittent la réserve. La jeune cinéaste a passé beaucoup de temps avec eux durant quatre années pour gagner leur confiance et capter en profondeur la réalité de leur vie. Son film, très beau visuellement, n’est jamais larmoyant malgré un contexte difficile qu’elle souligne par petites touches, mais plutôt chaleureux et par moments d’une grande douceur par le biais de sa caméra qui suit au plus près les deux jeunes protagonistes. Les acteurs, quasiment tous des non-professionnels amérindiens, se servent de la fiction pour laisser transparaître leur vérité, notamment les deux principaux, dans un bouleversant mélange de candeur, fragilité et désarroi. Le film s’ouvre sur un jeune homme de 17 ans qui finit de dresser un cheval, tout en respectant sa liberté et son côté sauvage pour ne pas briser son esprit, comme il nous l’explique en voix off. Puis après avoir partagé quelques moments complices avec sa sœur de 13 ans, il va livrer de l’alcool clandestin et prohibé à des habitants de la réserve pour le compte du trafiquant local. Avec l’argent gagné, il espère partir un jour à Los Angeles avec sa copine. Cette chronique très touchante, qui met en exergue la justesse et la sensibilité d’une jeune cinéaste à suivre, porte un regard douloureux et mélancolique à la fois sur la perte de l’innocence et de certaines illusions qui accompagne le passage de l’adolescence à l’âge adulte, mais surtout un inoubliable témoignage sur une communauté indienne qui se cherche toujours un avenir digne de ce nom, sept générations après le massacre de Wounded Knee.

 

                                                                                                                      

Les chansons que mes frères m’ont apprises – Un film de Chloé Zhao avec John Reddy, Jashaun St. John, …- Diaphana vidéo – 1 DVD : 19,99 €.

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La farce pour cacher les blessures

Publié le par Michel Monsay

La farce pour cacher les blessures

Après un premier film au joli succès critique qui a obtenu le Prix Louis Delluc de la première œuvre, la jeune cinéaste de 34 ans a voulu rendre hommage au milieu dans lequel s’est déroulée son enfance, le théâtre itinérant. Le résultat est impressionnant à plusieurs niveaux. D’abord, ce film déborde d’énergie, de folie, d’exubérance, d’émotions à fleur de peau. Il nous montre avec une émouvante sincérité la vie de ces artistes dans toute leur démesure, leur soif de croquer l’instant présent mais aussi dans leurs doutes, leurs engueulades, leurs fêlures. Magnifiquement filmée, on pense parfois à Fellini, Kusturica ou Gatlif, cette œuvre généreuse, solaire, trouve toujours la bonne distance pour mettre en valeur les personnages à travers des plans d’une beauté et d’une puissance inouïes. Il faut dire que les comédiens sont tous bouleversants d’authenticité, une grande partie est issue du théâtre itinérant ou du cirque, dont les parents et la sœur de la réalisatrice. Et  au beau milieu de cet esprit de troupe dans lequel ils se sont complètement fondus, le trop rare Marc Barbé et l’excellente Adèle Haenel, César de la meilleure actrice 2015, qui élargit ici encore un peu plus sa palette de jeu et nous touche plus que jamais. Le film démarre lors d’une représentation d’un spectacle inspiré de Tchekhov, mêlant théâtre et cabaret, donné sous un chapiteau par une compagnie itinérante. La caméra dans un mouvement enivrant nous entraîne dans un formidable plan-séquence au cœur de la représentation, puis nous fait vivre les coulisses, et capte ensuite la proximité voire la complicité avec le public. Alors que l’on suit le numéro d’une artiste, qui nous charme en même temps que son partenaire, hissée par une corde à quelques mètres au-dessus de la piste, une négligence de celui qui doit l’assurer provoque la chute de la jeune femme. En suivant au plus près ces hommes, femmes et enfants dans leur quotidien de ville en ville, sur les routes, dans leurs campements, dans cette vie hors normes, ce film merveilleux et puissant, tendre et violent nous offre le privilège de partager l’aventure de ces artistes précieux.

                                                                                                                      

Les ogres – Un film de Léa Fehner avec Adèle Haenel, Marc Barbé, François Fehner, Lola Dueñas, Marion Bouvarel, Inès Fehner, …

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La pop magnifique d’un multi-instrumentiste à la voix de velours

Publié le par Michel Monsay

La pop magnifique d’un multi-instrumentiste à la voix de velours

Derrière le nom de ce groupe, qui signifie bon rétablissement en anglais, se cache un musicien allemand de 33 ans dont c’est le quatrième album. Fils d’un professeur de musique, il a commencé très tôt le violoncelle puis a continué à apprendre d’autres instruments, comme le piano et la guitare, ce qui lui permet aujourd’hui d’en jouer plusieurs sur ses disques. Cela ne l’empêche pas d’être entouré d’autres musiciens, dont sa sœur, pour nous offrir une pop d’une rare élégance qui se nourrit de classique, de folk et d’électro. Il a voulu dans son nouvel album explorer le thème de l’amour à sa manière en le déclinant sous toutes ses formes à travers onze morceaux tantôt envoûtants tantôt entraînants. Sa musique est traversée de nombreuses influences, de Divine Comedy au rock californien en passant par la pop anglaise des années 1980, on pense même à Leonard Cohen sur une chanson. Auteur, compositeur, multi-instrumentiste et interprète, Konstantin Gropper a tous les talents, dont une très belle voix grave qui nous touche autant dans les morceaux intimes, que dans les envolées lyriques d’une beauté parfois bouleversante ou sur des tempos très efficaces. Il se permet même une voix de tête fort bien maîtrisée sur une des chansons de cet album enthousiasmant, entièrement chanté en anglais. Cet artiste discret, qui ne recherche pas la lumière alors qu’il a tous les atouts pour que l’on parle davantage de lui, compose également des musiques de films. Son dernier album, on l’aura compris, est une petite merveille de douceur, de musicalité autant que de mélodies aux rythmes imparables. A déguster sans modération.

 

                                                                                                                      

Get well soon – Love – Caroline international – 1 CD : 14,99 €.

Publié dans Disques

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La beauté des rives de la Dordogne

Publié le par Michel Monsay

La beauté des rives de la Dordogne

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Elles l'adorent !

Publié le par Michel Monsay

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Que reste-t-il ?

Publié le par Michel Monsay

Que reste-t-il ?

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