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Quand la beauté du style de Sorrentino rencontre l'émotion

Publié le par Michel Monsay

Quand la beauté du style de Sorrentino rencontre l'émotion

Grand Prix du jury à la Mostra de Venise, le nouveau film de l'excellent Paolo Sorrentino, est sans doute son plus intime puisqu'il nous raconte des souvenirs de son adolescence napolitaine dans un récit qui passe du cocasse au tragique. Avec une puissance visuelle que l'on adore depuis "La grande bellezza" et que l'on avait retrouvée dans la série "The young pope" puis "The new pope", le cinéaste se livre ici avec moins d'ironie et une sincérité inédite très touchante. En faisant basculer son film de la chronique familiale, mordante et chaleureuse, vers la mélancolie d’une errance dans Naples sublimée, il nous donne à éprouver sa blessure, le sentiment de perte et la solitude qui ont conditionné sa sensibilité d’artiste. Bel hommage au pouvoir du cinéma, qui à l'image de cet adolescent qui le découvre nous permet d'échapper à la réalité, ou en tout cas de l'appréhender avec un filtre qui nous la rend plus agréable.

A voir sur Netflix.

Publié dans Films

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Un chanteur populaire à l'autodérision et l'humour rares

Publié le par Michel Monsay

Un chanteur populaire à l'autodérision et l'humour rares

On pense tout connaître d'Enrico Macias : sa vie, ses chansons, son engagement pour la paix. Mais il existe des facettes plus inattendues de l'artiste : son autodérision, son humour et sa fantaisie. Des talents que  Maritie et Gilbert Carpentier ont mis en valeur dans leurs émissions de variétés, dès les années 1970, à l'occasion de parodies désopilantes. Ce goût pour la comédie lui a ouvert les portes du cinéma, à plus de soixante ans, dans le film «La vérité si je mens». Artiste œcuménique et virtuose, il chante dans toutes les langues. À la télé, il a su au fil du temps devenir ce qu’on appelle un bon client. Un invité qui n’hésite pas à donner de sa personne pour faire le show sur les plateaux. Cela fait 60 ans qu’on le voit occuper le petit écran, il fait partie de nos vies de téléspectateurs. Difficile, donc, de faire un documentaire sur le chanteur sans répéter ce que l’on a déjà entendu ailleurs. Difficile, oui, mais pas pour Mireille Dumas, spécialiste des récits de vedettes et qui a réussi dans ce film à éviter l’évidence. Par exemple, vous ne l’entendrez pas s’épancher sur l’Algérie ou sur l’exil puisqu’on sait déjà tout de son positionnement sur ces sujets. Ce doc qui s’appelle d’ailleurs "Enrico Macias, l’inattendu" ne tombe pas dans la caricature, il présente le chanteur pour ce qu’il est, un artiste populaire qui a donné toute sa vie pour le spectacle. Et puis, ce documentaire nous rappelle qu’Enrico Macias a réussi un coup de force. S’imposer comme un pilier de la grande famille de la variété française avec sa gueule d’oriental, son accent et sa culture. Il a réussi à faire en sorte que toutes les composantes de son identité soient des marqueurs de notre culture à tous. Rire et émotion sont au programme de ce documentaire qui m'a évoqué le souvenir de ma chère grand-mère.

A voir ici ou sur l’application FranceTv de votre télé.

Publié dans replay

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Plein les yeux

Publié le par Michel Monsay

Plein les yeux
Plein les yeux
Plein les yeux

Cette superbe exposition réunit plus de 200 chefs-d’œuvre d’art moderne français et russe ayant appartenu aux frères moscovites Morozov. La présentation de la collection Morozov, qui est un évènement à la Fondation Louis Vuitton, est la deuxième partie d'un diptyque consacrée à l'engouement, à la passion précoce, de deux familles de la haute bourgeoisie russe pour la révolution de l'art moderne, commencée en Europe et particulièrement à Paris, à la fin du 19e siècle. Après l'immense succès de l'exposition Chtchoukine il y a cinq ans, voici un autre grand collectionneur de l'art moderne qui, de Monet à Matisse ou de Cézanne à Gauguin, ou Picasso, pour ne citer qu'eux, a cru au talent de ces peintres bien avant que les musées français ou l'académie ne les regardent, et dont les toiles exposées ici sont d'une audace et d'une qualité extraordinaires. Un coup d’éclat pour le groupe LVMH et le fruit de longues discussions avec Vladimir Poutine, l’État français et les grandes institutions détentrices des tableaux. Également une volonté qui a su défier le Covid et l'attente de la réouverture des musées, sans parler d'une logistique à s’arracher les cheveux pour acheminer à Paris ces tableaux, qui pour la plupart sortent pour la première fois de Russie, parmi les plus beaux de leur époque, dont le prix est aujourd’hui incalculable.

Voici quelques photos de ces magnifiques tableaux, ainsi que celle d'un artiste inspiré par une œuvre de Cézanne. L'exposition se tient à la Fondation Louis Vuitton jusqu'au 22 février.

Plein les yeux
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Publié dans Expos

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Duu très grand Spielberg

Publié le par Michel Monsay

Duu très grand Spielberg

Steven Spielberg nous éblouit depuis 50 ans, de "Il faut sauver le soldat Ryan" à "La liste de Schindler" en passant par "Indiana Jones" ou "La guerre des mondes" pour ne citer qu'eux, et pourtant en proposant une relecture de "West side story" on était un peu dubitatif, mais en voyant le résultat on se rend compte qu'il s'agit de l'un de ses meilleurs films. Il s’empare du spectacle de Broadway qui le hante depuis tant d’années pour exercer avec maestria son sens de la mise en scène, pour un savoureux mélange de mélodrame et de thriller, de romance et de film criminel. C’est vertigineux quand la comédie musicale est à la fois du grand cinéma sophistiqué et se met au service d’une peinture sociologique réaliste. Sans trop trahir le matériau d’origine, le cinéaste affirme son inventivité, avec une caméra mobile qui devient un personnage parmi les danseurs, et transforme chaque numéro de danse en enjeu émotionnel, que ce soit par la peur, l’humour, et les larmes. Le personnage de la veuve interprétée par Rita Moreno, qui jouait dans le film de Robert Wise de 1961, créé pour ce film, est à ce titre très émouvant. Il représente une mère adoptive, une femme qui a autorité sur les caïds. Le cinéaste a fait l'excellent pari de prendre des acteurs inconnus pour la plupart, jeunes et authentiques dans leurs rôles, qui en plus dansent merveilleusement et ne sont pas doublés pour le chant. La pièce originelle de 1957 signée Arthur Laurents devient ainsi totalement un film de Steven Spielberg. Les paroles de Stephen Sondheim demeurent quasiment intactes et leur modernité ne dépareille pas des préoccupations plus actuelles. Quant à la musique de Leonard Bernstein, elle est toujours éblouissante. Ce film, plus viscéral, violent et émouvant que l’adaptation de Robert Wise, est aussi plus politique. La confrontation sociale au cœur du récit ne s’embarrasse pas des artifices de la comédie musicale. Sans fard, elle révèle toute sa cruauté et son chaos. C’est d’ailleurs face à ce désordre du monde que l’harmonie amenée par le genre musical est un beau contrepoint, et fait exister une bouleversante utopie. Ce nouveau West Side Story est un pari fou, magnifiquement exécuté, animé d'une passion et d'une excitation qui traversent l'écran, autrement dit du grand cinéma hollywoodien comme on l'aime.

Publié dans Films

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Une admiration sans bornes pour Alex Honnold

Publié le par Michel Monsay

Une admiration sans bornes pour Alex Honnold

Avec cet extrait de 4 minutes du magnifique "Free solo", Oscar 2019 du meilleur documentaire, on se rend compte de l’extraordinaire exploit qu'a réalisé Alex Honnold. Le 3 juin 2017, pendant 3 heures et 56 minutes, l'alpiniste a grimpé à mains nues, seul et sans être assuré par aucun matériel, la célèbre voie Freerider d’El Capitan, paroi de 915 mètres située dans le parc national de Yosemite en Californie, une première historique. Cette voie est si difficile que personne ne pouvait imaginer qu'il était possible de l'escalader en solo intégral. C'est son incroyable modestie, son intelligence hors du commun et l’exceptionnelle maîtrise de ses émotions, peut-être encore plus que ses capacités physiques, qui le maintiennent en vie et font de lui l’unique grimpeur à avoir accompli une telle performance, qui ne sera probablement jamais répétée. La discipline du "free solo", ou solo intégral en français, compte peu de pratiquants. Et pour cause, l'erreur n'y a pas sa place : toute chute est mortelle. Certains considèrent que les risques encourus sont trop élevés et que cette pratique devrait être interdite. Pour d'autres, et Alex Honnold en fait partie, il s'agit de l'expression la plus pure de l'escalade. Le rocher et soi. Les images vertigineuses et au plus près du grimpeur sont superbes, mais ne sont pas recommandées aux personnes ayant le vertige.

Le film dans son intégralité est à voir sur Disney + ou My Canal.

Publié dans Chroniques

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Un thriller social magistral

Publié le par Michel Monsay

Un thriller social magistral

Décidément le cinéma iranien se porte très bien, après les excellents "La loi de Téhéran" en septembre et tout récemment "Le diable n'existe pas", voici la dernière œuvre du grand Asghar Farhadi. Il revient avec un film aussi puissant qu’implacable, Grand prix du Festival de Cannes. À travers l’ascension et la chute de Rahim, héros devenu paria, le cinéaste déroule une mécanique magistrale et atteint la puissance formelle et narrative du grandiose "Une séparation", Oscar, Golden Globe et César du meilleur film étranger et Ours d'or à Berlin. Avec "Un héros", il nous offre un conte magnifique et très humaniste, qui narre l’influence croissante des outils modernes de communication dans nos vies. Asghar Farhadi s'est inspiré de faits divers lus dans la presse pour bâtir une chronique sociale qui se transforme peu à peu en thriller moral étouffant et kafkaïen qui dit beaucoup de choses sur la société iranienne et qui impressionne par l'intelligence redoutable de son scénario et la précision de sa mise en scène. Le mensonge et ses pièges, les arrangements avec la probité, la relativité de la justice, les réputations interchangeables sur les réseaux numériques tout-puissants en Iran comme ailleurs, autant de thèmes universels que le cinéaste prend soin d'inscrire dans les réalités contemporaines de son pays pour tisser cette histoire où l'ambiguïté règne en maître. Asghar Farhadi orchestre ce jeu de dupes avec une invention et une finesse constantes mais aussi un réalisme dont il a le secret, et dirige dans le rôle principal un acteur admirable, Amir Jadidi, dont le sourire énigmatique contribue à l'ambivalence du récit. Tous les comédiens d'ailleurs sont très bien, comme toujours chez le cinéaste iranien, remarquable directeur d'acteurs. Maître de l’ellipse, de la parabole et du trompe-l’œil, Asghar Farhadi suit le destin de son héros, qui s’illustre puis se perd, pour mieux dénoncer tout ce qui ronge, enlaidit et désespère la société iranienne. Du grand art.

Publié dans Films

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Un antidote à la déprime ambiante

Publié le par Michel Monsay

Un antidote à la déprime ambiante

Après un premier one-man-show très réussi, Molière de l'humour 2017, Vincent Dedienne, que l'on a vu entre-temps au théâtre et au cinéma sans oublier ses chroniques très mordantes à la radio et la télé qu'il a arrêtées aujourd'hui, revient avec un second spectacle, qu'il présente ainsi : «Après avoir fait le tour de mon nombril, j’ai décidé de tourner un peu autour des vôtres... Si ça chatouille, tant mieux». Vincent Dedienne ne se contente pas de tourner autour, il y enfonce une plume acérée et vénéneuse, assis ou virevoltant autour d'un piano qui sert à tout sauf à la musique. Il nous présente une imparable galerie de portraits qui font mouche, y compris, preuve du talent de l'humoriste, quand il s’agit d’archétypes, tel celui du chorégraphe qui tyrannise ses élèves. Parmi ces personnages, il y a celui qui savoure les enterrements de célébrités, celle qui voue sa belle-mère aux gémonies, une riche bourgeoise qui écrase sa femme de ménage de tout son mépris social, une voyagiste fascinée par Xavier Dupont de Ligonnès, un comédien plus préoccupé par ses placements de produits que par son film, un CRS facho « redresseur » de chansons françaises, un présentateur de flash d'infos cocaïné qui tyrannise ses collègues, ou un chanteur fou amoureux de lui-même qui se contorsionne perché sur le piano. Telle une bande de pieds-nickelés, tous ont la fâcheuse manie de se prendre les pieds dans le tapis, poussés par un Vincent Dedienne qui se plait à les tourner gentiment en ridicule au fil de ce qui prend progressivement l’allure d’un jeu de massacre. Son écriture incisive et virtuose coule comme un jaillissement ininterrompu. Les formules font mouche, les mots sont cruels, les tableaux sont désopilants d'absurde, et parfois glaçants. Les obsédés du politiquement correct en seront pour leurs frais. Si l'on rit quasiment de bout en bout, la nostalgie n'est jamais très loin chez Vincent Dedienne, dont l'humour à la fois tendre, poétique et loufoque, qui n’est pas fait de punchlines mais de situations, de réflexions et de dérision sur notre époque, est une fois encore, autant dans l'écriture que dans l'interprétation, de haute volée.

Le spectacle est à voir au Théâtre des Bouffes du Nord jusqu'au 29 janvier, puis en tournée.

Publié dans Spectacles

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Un rock joyeux, indolent et décalé

Publié le par Michel Monsay

Un rock joyeux, indolent et décalé

Une intro basse-batterie parfaite, un refrain martelé tout du long et le petit air fripon de Rhian Teasdale et Hester Chambers, les deux guitaristes chanteuses, voilà la recette simplissime qui a permis au groupe anglais Wet Leg d’écrire l’un des morceaux les plus irrésistibles de l’année. À confirmer avec un premier album prévu en avril 2022. Avec un dispositif sonore minimal (basse, batterie, guitare), leur tout premier single : Chaise Longue, est un bijou d’ironie grinçante et un véritable manifeste pour le droit à la paresse. Accompagné d'un clip à l'humour décalé, façon La petite maison dans la prairie, ce morceau a fait de ces deux jeunes femmes originaires de l’île de Wight la sensation rock du moment.

Publié dans Chroniques

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Superbe BD qui nous plonge au cœur des années folles dans les pas d'une femme libre

Publié le par Michel Monsay

Superbe BD qui nous plonge au cœur des années folles dans les pas d'une femme libre

On se souvient peu aujourd’hui de Kiki de Montparnasse, née Alice Prin, bien qu’elle apparaisse sur des célèbres photos de Man Ray comme Le Violon d’Ingres et Noire et Blanche, où le visage de Kiki en gros plan côtoie un masque africain. Elle fut pourtant une touche-à-tout magnifique, à la fois modèle, comédienne, chanteuse de cabaret, peintre, écrivaine... et amoureuse. Cette bande dessinée extrêmement bien documentée décrit l’époque où le quartier de Montparnasse était à son apogée car il attirait à la fois les artistes peintres (Picasso, Soutine, Modigliani, Foujita, Utrillo entre autres) et les collectionneurs, mais aussi les écrivains comme par exemple Cendrars, Aragon, Cocteau ou Hemingway. Kiki les a tous fréquentés en tant que modèle et/ou amie, et fut pendant plusieurs années la compagne de Man Ray. Cet ouvrage est aussi et surtout la biographie d’une femme exceptionnelle. Alice Prin a très tôt appris à se débrouiller seule tout en restant remarquablement loyale en amitié comme en amour. Devenue Kiki, elle assumait pleinement ses mœurs et son besoin de liberté, une femme sans attaches ni tabous, qui a vécu sa vie comme une rébellion joyeuse de chaque instant. Elle était d’une grande ouverture d’esprit, acceptait les gens pour ce qu’ils étaient et vivait au gré de ses rencontres et des opportunités qui se présentaient. Le dessin précis, sensuel et attrayant de Catel donne vie à cette personnalité attachante, alors que Bocquet a réussi à recréer la vie de bohème de cette époque, utilisant un langage qui fleure bon les années folles tout en effectuant un choix judicieux dans les événements qui émaillèrent la vie de Kiki. On se passionne pour l'histoire de cette femme en avance sur son temps, charismatique, qui au-delà de la liberté sexuelle et sentimentale qu'elle s'est accordée, s'est imposée par une liberté de ton, de parole et de pensée qui ne relève d'aucune école autre que celle de la vie. Que l'on appelle cela bande dessinée ou roman graphique, ce livre est un régal, qui en plus est complété par 40 pages de chronologie de la vie de Kiki et de mini biographies des nombreux artistes évoqués.

Publié dans Livres

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