La force émotionnelle et politique du cinéma de Ken Loach
En 2014, l'immense cinéaste Ken Loach signait un de ces vigoureux manifestes politiques, attachant, généreux, habité, et typique de notre humaniste préféré. Dans Le vent se lève (Palme d'or en 2006), Ken Loach filmait les convulsions de l'indépendance en Irlande au début des années 1920, alors que Jimmy's Hall se déroule en 1932, dans un jeune pays verrouillé à la fois par l'IRA et la trop puissante Église catholique. Ce film ne cède pas un pouce sur le terrain des idées tout en faisant une place inattendue à des sentiments et des sensations, la nostalgie, le plaisir, le découragement, plutôt inhabituels dans l'univers de Ken Loach. Le cinéaste dénonce ici l'influence délétère de la religion dans la vie publique et ne manque pas de relever la collusion d’intérêts de l’Église avec le pouvoir et les riches propriétaires fonciers. Tout cela pour interdire l'existence d'un foyer rural, formidable lieu de vie communautaire où l’on peut venir danser, écouter de la musique, étudier, s’initier à toutes sortes d’activités, échanger et débattre du sort réservé aux paysans pauvres. Moins violent que Le Vent se lève, tour à tour grave, drôle, enlevé, inquiet, tragique ou emmené sur les berges d’une romance inaccomplie, Jimmy’s Hall, avec ses paysages d'une mélancolique beauté, est avant tout un beau film, inspiré et inspirant, travaillé par cette question de l’amour et de la haine, de la justice et de l’émancipation des faibles. Merci encore une fois à Arte, non seulement pour sa programmation mais aussi pour nous offrir la possibilité de voir des films en replay, c'est la seule chaîne non payante à le proposer.
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