Delgres
Après avoir joué avec des pointures internationales, Peter Gabriel, Gilberto Gil, Neneh Cherry pour ne citer qu'eux, le guitariste Pascal Danaë nous avait enchanté avec un premier trio en 2014, Rivière noire, un délicieux métissage de musique brésilienne et africaine. En 2018, il crée un second trio, Delgres, où accompagné d'un batteur et d'un joueur de soubassophone (cuivre avec un large pavillon surélevé), on le retrouve à la guitare et au chant dans un blues-rock créole euphorisant. Avant un second album prévu pour l'année prochaine, voici en avant-première un nouveau morceau de toute beauté dans la même veine fiévreuse et habitée, qui rend hommage aux travailleurs qui doivent se lever à 4 heures du matin pour faire vivre leur famille, aux sans-grade. Un texte fort, qui puise son inspiration dans l’histoire personnelle du père de Pascal Danaë, arrivé des Antilles en 1958 pour travailler en métropole. Tourné dans le port du Havre, le très beau clip témoigne de l'aspect généreux et vivifiant de cette musique.
Working men's club
Ce quatuor anglais, qui vient de sortir un premier album très réussi, mélange de rock industriel, de funk, d'électro et de new wave, est une des plus belles surprises musicales de cette rentrée. Le groupe se compose de trois gars et une fille, ils viennent du Yorkshire, ont 20 ans et déjà une belle maturité dans les compositions. L'Angleterre reste toujours un vivier incomparable de nouveaux artistes pop-rock, et cela dure depuis 60 ans. Écoutez ce morceau très représentatif du son de ce groupe, à la fois très dansant et d'où ressort la belle voix de son jeune leader, Syd Minsky-Sargeant, auteur compositeur et interprète :
Antoinette dans les Cévennes
Alors que l'automne commence à s'installer sérieusement, cet excellent film nous replonge dans les délices de l'été et qui plus est dans les magnifiques décors des Cévennes. Tournée en Scope, ce qui donne une ampleur, un lyrisme et une image d'une grande beauté, l'histoire d'Antoinette se déploie comme une comédie existentielle qui passe intelligemment du burlesque à l'émotion. C'est aussi le très beau portrait d'une femme enthousiaste, impulsive, pétillante, puérile, amoureuse, parfois pathétique mais si touchante, si humaine. Difficile de ne pas fondre pour ce personnage, mais aussi pour Laure Calamy qui l'incarne divinement bien, elle est tout autant irrésistible pour sa drôlerie, sa sensualité, que pour sa capacité à nous émouvoir dans toutes sortes de situations. Le grand public l'a découverte il y a 5 ans dans la première saison de la série "Dix pour cent" mais elle tourne régulièrement depuis une dizaine d'années, a obtenu un Molière en 2018 pour "Le jeu de l'amour et du hasard", et nous avions été impressionnée par sa performance dans le film "Ava" il y a 3 ans. Le rôle d'Antoinette lui apporte un écrin à la dimension de son talent, et les autres comédiens qui l'entourent ne sont pas en reste, y compris l'âne. Ce film en mouvement regorge de très beaux plans sur le chemin Stevenson, notre héroïne suit en effet les traces de Robert Louis Stevenson, l'auteur de "L'île au trésor" avait arpenté les mêmes sentiers plus d'un siècle auparavant, et avait écrit en 1879, "Voyage avec un âne dans les Cévennes". Cette comédie décalée, imprévisible, brouille les pistes et nous emmène au gré des rencontres vers des moments tendres, cocasses, touchants, dérangeants, pour en faire au final un film réjouissant qui nous fait un bien fou.
Kenzo Takada, la perte d'un grand créateur
Cette saleté de virus, qui continue de tuer et nous gâche la vie depuis le mois de mars, aura eu raison du grand couturier Kenzo, qui est mort hier à l'âge de 81 ans. Ce japonais qui avait choisi Paris pour faire carrière, y étais arrivé en 1965 et y a vécu jusqu'à sa mort. Kenzo a enchanté le monde de la mode dès les années 70 jusqu'en 1999, même s'il avait revendu sa marque à LVMH en 1993, il avait conservé la direction artistique durant six ans avant de se retirer. Ses créations colorées, fleuries, originales, intemporelles, métissées, souvent de toute beauté, ont toujours suscité en moi beaucoup d'admiration, puis de tristesse lorsque cet artiste génial a décidé d'arrêter. Cette tristesse est aujourd'hui infinie avec sa disparition, et me reviens en mémoire un homme charmant qui m'avais reçu en 2011 avec une grande gentillesse dans son magnifique appartement face Au Bon marché, où j'avais été ébloui par son sens inné du bon goût. Voici le portrait que j'avais écrit, suite à l'interview qu'il m'avait accordée. A lire ici
Ne change rien Vincent !
Une interview de cet acteur que l'on aime tant ... Ça me rappelle lorsque je l'avais interviewé il y a huit ans, un moment de bonheur intense ! A lire ici