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Effacer l'historique

Publié le par Michel Monsay

Effacer l'historique

Pour leur neuvième long-métrage, le duo Benoît Delépine et Gustave Kervern ont reçu l'Ours d'argent du 70e anniversaire du festival de Berlin. Tourné en 16 mm ce film, à l'image granuleuse comme pour résister à la technologie de pointe, est sans doute le meilleur du duo, le plus abouti, celui où ils vont au bout de leur critique féroce de la mondialisation, de cette société hyper connectée, de ces géants du Net qui gouvernent nos vies, et de la puissance parfois destructive des réseaux sociaux. Les gilets jaunes ne sont pas loin, c'est d'ailleurs sur un rond-point que les trois personnages centraux de cette comédie autant hilarante qu'inquiétante se sont connus. Cette France périphérique, qui souffre d'isolement, de surendettement, de misère existentielle, d'uberisation de l'emploi, des ravages de l'intelligence artificielle, est magnifiquement représentée par Blanche Gardin, Denis Podalydès et Corinne Masiero, tous trois excellents en victimes de ce monde absurde et déshumanisé. Cette réconfortante amitié et solidarité entre les trois compères agit comme une bulle d'oxygène teintée de poésie sur leur réalité déprimante. Ce film jubilatoire au goût amer, ponctué de situations et de répliques burlesques, nous fait passer constamment du rire à l'émotion grâce au talent, à la liberté, à l'audace et au profond humanisme des deux cinéastes, qui derrière la satire désespérée laissent entrevoir malgré tout un peu d'espoir.

Publié dans Films

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