Des canaux débordant d'emballages, des décharges inondées de sacs : en Thaïlande, l'un des plus grands pollueurs des océans au monde, les déchets plastiques ont explosé depuis la pandémie avec le boom des livraisons des repas à domicile.

Au Gabon, ce n'est guère mieux ! Malheureusement, on pourrait multiplier les exemples de ces comportements égoïstes et meurtriers de sous-hommes qui polluent impunément la planète. Que faire devant un tel désastre et avant qu'il ne soit trop tard, si ce n'est éduquer, sensibiliser et sortir d'un modèle de croissance et d'économie dont nous venons de voir une nouvelle fois les limites.

Les promesses du Président pour revaloriser les conditions d'exercice des soignants, les belles paroles durant l'épidémie pour glorifier ces hommes et ces femmes qui sauvaient des vies au péril de la leur pour des salaires de misère la plupart du temps et des journées interminables, les applaudissements chaque soir pour les remercier, tout ça pour en arriver à une énième concertation et toujours pas de mesures concrètes et dignes de ce que l'on doit à ces héros. Mais les qualifier de héros, c'est une manière d'étouffer les revendications qui existaient bien avant le Covid, un héros ne se plaint pas ! Comment ne pas comprendre la colère de tous ces soignants devant une telle hypocrisie ? C'est proprement indigne de la part du Président et du gouvernement de ne pas avoir pris tout de suite les mesures nécessaires afin que ces hommes et ces femmes puissent exercer leur métier dans de meilleures conditions, et les obliger de ce fait à manifester de nouveau pour obtenir ce que la société leur doit. Est-ce ainsi qu'on les remercie ?

Prolongée jusqu'au 27 septembre, cette très belle exposition du Musée du Quai Branly, consacrée à la passion d'Helena Rubinstein pour l'art africain, réunit 65 pièces d'exception datant du XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Grande collectionneuse d'art extra-européen, elle posséda 400 oeuvres de grande valeur, cette femme d'affaires et pionnière des cosmétiques apporta un regard féminin dans un univers très masculin. En plus de décorer abondamment ses appartements de Paris, New-York et Londres avec ces masques, figures, statues et autres objets, elle en met dans ses salons de beauté du monde entier pour sensibiliser sa clientèle. Un an après sa mort à 93 ans en 1965, des ventes aux enchères historiques à New-York ont dispersé toutes ces merveilles. Cette petite femme de 1 mètre 47, partie de rien dans le quartier juif de Cracovie, a non seulement bâti un empire cosmétique mais a aussi été visionnaire en matière d'art grâce à un flair sans pareil et a contribué à la reconnaissance des arts africains dès le début du XXe siècle. C'est toujours un bonheur de déambuler au milieu des chefs-d'oeuvre du musée du Quai Branly et dans ses magnifiques jardins, et une fois de plus le musée propose une exposition temporaire de grande qualité qui nous permet d'admirer cet art africain magnifique sélectionné et acheté par l'impératrice de la beauté, comme la nommait Cocteau, mais aussi de découvrir de nombreuses photos d'oeuvres, d'intérieurs des appartements impressionnants d'Helena Rubinstein, et des portraits. Démarrée en novembre dernier, cette exposition nous a sagement attendu durant le confinement pour permettre à ceux qui n'avaient pu s'offrir ce merveilleux voyage à travers l'Afrique des siècles derniers de venir en prendre plein les mirettes.

L'édito de Laurent Joffrin analyse et résume parfaitement la protestation qui gronde à travers le monde en l'associant à celle de #MeToo qui vise elle aussi à obtenir une réelle égalité dans les actes et non pas seulement dans les paroles et les postures. Cet excellent journaliste, également directeur de la rédaction de Libération après l'avoir été au Nouvel Obs, que j'ai eu le plaisir de rencontrer il y cinq ans, trouve ici les mots justes pour exprimer ce vers quoi il faut aller. En le photographiant il y a cinq ans, on voit déjà derrière lui la Une d'un ancien Libération titrant "Tous égaux" !

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Il y a deux ans, Clara Luciani sortait son premier album avec notamment l'excellente chanson "La grenade". Il y a quelques mois, elle recevait à juste titre la Victoire de la musique de la meilleure artiste interprète féminine. Après avoir été membre de groupes comme La Femme et Nouvelle vague, elle s'est affirmée en solo comme l'une toutes meilleures chanteuses de la nouvelle génération avec sa voix grave, son énergie musicale, sa rage contenue, son féminisme sauvage, son impertinence, son charisme. On a vraiment hâte d'entendre la suite, réécoutons en attendant "La grenade".

Deux reprises très intéressantes de morceaux d'exception. D'abord le sublime "Creep" de Radiohead revisité par une jeune anglaise de 19 ans. Son interprétation donne la chair de poule. D'un père nigérien et d'une mère franco-tchadienne, Arlo Parks qui est née à Londres a appris le français avant l'anglais, et s'est nourri durant son enfance de chansons françaises (Piaf, Brel), de jazz et de soul. A l'entendre, on ne peut que lui prédire un très bel avenir.

Le second bonheur est une reprise du très beau morceau de Tracy Chapman, "Fast car", par le groupe de soul américain Black Pumas, qui avait sorti l’année dernière un excellent premier album. Les paroles poignantes de cette chanson d'espoir de devenir quelqu'un sont puissamment interprétées par le chanteur Eric Burton, qui a parcouru le pays comme artiste de rue avant d'en arriver là.

Élu en 2013 au fauteuil 2 de l'Académie française, l'écrivain haïtien Dany Laferrière explore ce qu'est le racisme à travers l'Histoire jusqu'à aujourd'hui avec le verbe et l'humour qui le caractérisent. A méditer !

Voici le texte

Je m'associe totalement à cette tribune publiée dans Libération. Notre métier, déjà fragilisé par les dégâts du numérique et des banques d'images gratuites ou peu chères, risque de ne pas se relever de cet arrêt brutal de toute activité et d'une reprise qui pourrait être longue à venir. Nous sommes, à l'image des raseteurs de cette course camarguaise, en panique.