Des traces d’humanité dans un pays gangréné par la peur
Peu connu en France mis à part des cinéphiles, Christian Petzold, réalisateur de 52 ans, est pourtant le chef de file d’un renouveau du cinéma allemand depuis une dizaine d’années. Il a été récompensé de manière unanime au dernier Festival de Berlin par l’Ours d’argent de la meilleure mise en scène pour « Barbara », son 6ème long métrage. Avec une grande subtilité, un réalisme épuré, et sans le manichéisme habituel pour dépeindre la vie en Allemagne de l’Est, le cinéaste parvient à la fois à recréer cette atmosphère étouffante de suspicion généralisée avec une tension palpable de tous les instants, et en même temps à donner à ses deux protagonistes, une profondeur, l’espace possible à des sentiments, à une confiance. Pour les incarner, outre un comédien allemand qui joue intelligemment l’ambigüité et le désir refoulé de son personnage, il a confié le très beau rôle de Barbara à Nina Hoss, son actrice de prédilection. Elle y est belle, intense, toute en retenue et très émouvante derrière sa froideur de façade. En 1980, Barbara une pédiatre qui travaillait dans un grand hôpital de Berlin-Est, arrive en autocar dans une bourgade perdue de RDA. Soupçonnée de vouloir passer à l’Ouest, elle a été incarcérée puis mutée en province. Le médecin-chef de l’établissement l’accueille avec bienveillance, mais Barbara se montre méfiante tant à son égard qu’avec toutes les personnes qu’elle est amenée à côtoyer, excepté les malades. Construit comme un thriller, ce film marquant qui est une très fine analyse des rapports humains en pareilles circonstances, montre aussi une Allemagne de l’Est qui n’est pas totalement grise et menaçante.
Barbara – Un film de Christian Petzold avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, … – Pyramide vidéo – 1 DVD : 19,99 €.