Avec Barnier, la bétonisation avance, et l’écologie recule encore
La France moche est de retour. Cédant à deux sénateurs, le Premier ministre vient d’annoncer qu’il renonçait à lutter sérieusement contre l’étalement urbain, en abandonnant l’objectif de diminution de 50 % de l’artificialisation des sols d’ici à 2030. En clair, les mauvais maires pourront continuer à dévorer espaces agricoles et forêts en autorisant la construction anarchique de lotissements, de zones commerciales et de hangars logistiques. Ils auront même le droit de bétonner les jardins. Ce choix, s’il se confirme par le vote d’une loi, est catastrophique. La France est déjà championne d’Europe de l’étalement urbain. Chaque année, depuis des décennies, elle couvre de bitume, de parpaings et de tôle l’équivalent de deux fois la surface de Paris intra-muros. Avec pour conséquences la dépendance à la bagnole, la dévastation des paysages, le recul de la souveraineté alimentaire, la pollution de l’eau, la vulnérabilité aux inondations, la chute de la biodiversité. La loi sur le ZAN, « zéro artificialisation nette », votée en 2021, commençait à peine à produire ses effets. Elle avait déjà été assouplie pour permettre l’installation d’usines. Avec Barnier, elle risque de subir un nouveau recul, si grave que même Christophe Béchu, ex-ministre macroniste de l’Écologie, a dénoncé sur Sud Radio la « démagogie » du Premier ministre : « Ce n’est pas le sens de l’intérêt général. Nous ne devons pas relancer la bétonisation et l’artificialisation, mais, au contraire, diminuer le rythme. » Certes, une partie du pays a besoin de logements. On peut les bâtir plus intelligemment qu’en détruisant des champs et des jardins. La France a surtout besoin de rétablir un équilibre entre les départements où l’on s’entasse et ceux qui se vident, entre les villes et les campagnes. En protégeant ce qu’il reste de biodiversité. Macron et son gouvernement de bras cassés ne sont pas, loin de là, à la hauteur de cet enjeu capital. Au secours !