Une comédie charmante où affleure la mélancolie

Publié le par Michel Monsay

Une comédie charmante où affleure la mélancolie

Au Havre, l’étonnante rencontre entre un juge déprimé et sa chauffeuse inculte. Sauf que la pertinente inculte et l’émouvant bourgeois ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre. Il a la culture et la stature, elle le sourire et l’énergie malgré de cruelles réalités sociales. Prenez du fuchsia et du gris, liez-les et laissez agir : ce principe de comédie fonctionne depuis la nuit des temps hollywoodiens, et Jean-Pierre Améris, réalisateur cinéphile, ne fait pas semblant de l’ignorer. Il le revisite avec une douceur pimpante et une pointe de mélancolie dans la lumière bleutée et les lignes de fuite du Havre. Bienveillant, il s’attache à des micro détails qui dessinent une sociologie exacte, jamais hautaine, entre ceux qui maîtrisent le bon vocabulaire et les autres. La fille au presque prénom de star n’a jamais entendu parler de François Truffaut, au grand dam d’un amoureux cinéphile (Victor Belmondo, délicat). Le réalisateur use de ce fossé culturel dans toutes ses dimensions, de la honte rageuse au ping-pong verbal insolent jusqu’au déclic d’émancipation. Et, contre toute attente, c’est au tristounet M. le juge que le filme offre une dernière histoire d’amour… Après Benoît Poelvoorde qu'il a dirigé dans Les Émotifs anonymes et Famille à louer, Jean-Pierre Améris trouve en Michel Blanc un nouvel alter ego, touchant de mélancolie renfrognée, de pâleur qui ne demande qu’à reprendre des couleurs. Louane Emera ne se laisse pas impressionner et renvoie la balle avec un naturel emballant. Une jolie comédie sur des manques toujours possibles à combler.

Marie-Line et son juge est à voir ici en location pour 2,99 € ou sur toute plateforme de VOD.

Publié dans replay

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