Paolo Roversi, l'éternelle quête d'une beauté mystique fascinante
L’exposition Paolo Roversi qui vient de se terminer au Palais Galliera a dévoilé 50 ans de photographies et révélé comment l’artiste s’est emparé de la mode pour créer une œuvre unique. Italien, Paolo Roversi s’installe à Paris en 1973 où il travaille pour des magazines prestigieux et collabore avec des grands créateurs. Dès ses années d’apprentissage, le choix du studio sans décor ni accessoires superflus, de la chambre grand format Polaroid, appareil à soufflet qui nécessite de travailler lentement, définit sa manière de concevoir ses photos et son esthétique. Sa signature est reconnaissable : tonalités douces et sépia des noir et blanc à la lumière du jour, ou densité et profondeur à la lumière d'une lampe torche. Pour cette rétrospective, la première pour cet artiste vivant, 140 clichés ont été réunis : portraits intenses ou évanescents en noir et blanc des fidèles comme Kate Moss, Kirsten Owen ou Natalia Vodianova, nus sublimes, clichés de mode mêlant flou et touches de couleur, qui témoignent du style du photographe aimant faire poser ses modèles en studio, jusqu'à faire naître l'émotion et créer des moments uniques. Dans son studio, le soleil n’entre pas directement, il se réverbère sur la façade blanche des immeubles en vis-à-vis, à deux pas du parc Montsouris, dans le 14e arrondissement. Cette lumière est une gaze étale dans laquelle l’Italien de Paris cisèle ses contrastes. Quand il commence à se faire un nom au panthéon de la mode parisienne, au tournant des flamboyantes années 1980, Paolo Roversi avance à contre-courant. Depuis les années 1960 de Frank Horvat, les photographes s’épanouissent en extérieur, emmènent leurs modèles dans la rue et donnent à leurs clichés des airs de documentaires sur l’époque. Dans son studio parisien, il s’invente un monde qui se défie du naturel. Les cadences infernales de la mode l’effleurent à peine, il prend le temps de l’inspiration, de la respiration, pour travailler à la chambre et étirer les temps de pose, qui parfois laissent la part belle aux flous ou aux dédoublements de silhouette. Face à la démultiplication des images, il fabrique des exemplaires uniques, singuliers, difficilement reproductibles. À 76 ans, il travaille moins aujourd’hui, en retrait toujours, très loin du tourbillon, mais avec la même curiosité et le même enthousiasme. Cette très belle exposition aura permis de mieux connaître le travail de ce grand portraitiste.