Derrière un bel humour décalé, une réflexion aiguisée sur le couple, le désir d’enfant et l’amour
Ann Sirot et Raphaël Balboni, cinéastes belges à qui l'ont doit Une vie démente, un premier long-métrage aussi touchant que drôle, signent ici une comédie farfelue sur un jeune couple prêt à tout pour avoir un enfant. Insolite et joyeusement incorrect. Un mystérieux syndrome, dit « des amours passées », bloque la fertilité. Pour le surmonter, une seule solution, extravagante et dangereuse : Rémy et Sandra doivent recoucher, une fois avec chacun de leurs ex. Il s’agit là de questionner la norme hétérosexuelle qui régit et limite la liberté des couples. Avec ce paradoxe cocasse : pour fonder une famille, aboutissement consensuel de l’amour conjugal et de l’exclusivité sexuelle, les deux tourtereaux devront aller voir ailleurs. Nous voilà bien loin de la fiction à la française où les amants se plaisent à refaire le récit amoureux dans d’interminables tirades. Fidèle à son esthétique minimaliste, le couple de réalisateurs multiplie les astuces de mise en scène pour dédramatiser les infidélités du couple. Les scènes d’amour sont filmées comme des scènes de danse burlesques où la nudité n’est jamais sexualisée mais symbolique. Les répercussions de cette expérience absurde ne manqueront pas de redistribuer les cartes du tendre et d’interroger tout le monde sur ses propres désirs, tabous et transgressions. La touchante Lucie Debay et Lazare Gousseau occupent le devant de l’écran avec une joie quasi contagieuse. Ils débordent de gaité, tout en évoquant avec une très grande subtilité des sujets plus sombres qui peuvent traverser le couple. Sans oublier des personnages secondaires épatants, interprétés notamment par Nora Hamzawi et Florence Loiret-Caille. Derrière ce conte cocasse et moins léger qu’il ne paraît, Ann Sirot et Raphaël Balboni confirment leur talent de conteur dans un style frais et inimitable.
Le syndrome des amours passées est à voir ici pour 4 € en location ou sur toute plateforme de VOD.