Un cinéma féminin rageur et puissant

Publié le par Michel Monsay

Un cinéma féminin rageur et puissant

Après la sensation horrifique Saint Maud, Grand Prix du festival de Gérardmer, mais malheureusement torpillée par le Covid-19 et les confinements qui l'avaient obligée à sortir directement en VOD, la réalisatrice anglaise Rose Glass traverse l'Atlantique pour filmer un thriller rural ancré à la fin des années 80. Dans l’Histoire américaine, 1989 marque la fin de huit ans de présidence reaganienne qui auront largement imprégné le cinéma populaire états-unien, au moyen d’une imagerie célébrant la puissance du corps masculin, dans ce qu’il a de plus primaire, la grande époque des Rambo, Rocky et autres Terminator. Dans ce contexte, les deux héroïnes, remarquablement interprétées par Kristen Stewart et Katy O'Brian, occupent l’écran du début à la fin, dans une lutte nerveuse contre le patriarcat aveugle et les violences commises contre les femmes. Le Mal domine les relations et les personnalités de l’ensemble des protagonistes. Cependant, Love Lies Bleeding n’a rien du film manichéen. Tous les personnages sont habités par des démons intérieurs qui les rongent et les poussent à des comportements paroxysmiques. On serait tenté de penser au célèbre duo de Thelma et Louise en regardant les déambulations désespérées des deux jeunes femmes pour échapper à la violence et à leur destin, ou encore, d’une certaine façon, à celui de Sailor et Lula qui tente de fuir la brutalité d’un clan familial. Les deux films de Rose Glass sont des cocktails vénéneux, des catalogues de substances addictives et potentiellement mortelles, mais dont le sevrage est impossible : cigarette, stéroïdes, fanatisme religieux, emprise amoureuse et criminalité. Love Lies Bleeding est un film noir, poisseux, sexy, sanglant et culotté, qui serpente entre la romance lesbienne, le thriller psychédélique et même le fantastique.

Publié dans Films

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