Le corps en mouvement dans l'œil d'André Steiner
Quelques uns des plus grands photographes de la première moitié du XXᵉ siècle sont hongrois, à l'image de Robert Capa, André Kertesz, Brassai, mais il ne faut pas oublier d’ajouter André Steiner (1901-1978), pionnier de la photographie sportive auquel le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme à Paris rend aujourd’hui hommage dans le cadre de l’Olympiade culturelle. L’occasion d’une exposition réunissant une soixantaine de tirages des années 1930 figurant des corps de femmes et d’hommes souvent saisis en pleine action, parfois nus, rarement alanguis, magnifiés par une contre-plongée ou sculptés par la lumière. C'est comme un manifeste pour ce militant communiste. Contre le laisser-aller du corps bourgeois, André Steiner exhibe ostensiblement un corps redressé, à la recherche de la perfection du geste. Pour lui, l’engagement politique était indissociable de l’aventure esthétique. C’est en 1924 qu’André Steiner prit un Leica entre ses mains, alors qu’il se formait pour devenir ingénieur dans une prestigieuse école de Vienne, en Autriche. Quatre ans plus tard, le voilà obligé de fuir pour échapper à l’antisémitisme. Direction Paris, où il abandonne le métier d’ingénieur du son pour la photographie, travaillant autant pour des magazines prestigieux que pour des revues légères où ses nus à la fois délicats et puissants font merveille. Il montre une capacité à inscrire les corps dans l’espace, au sol comme dans les airs, par ses compositions originales pour l'époque, par ces plongeurs ou danseuses qui dessinent des arabesques dans l’atmosphère, par ces athlètes aux muscles bandés dont les portraits relèvent de la statuaire antique sans jamais être passéistes. Belle découverte que ce photographe qui a exalté dans les années 1930 l'image d'un corps puissant, sportif et libre.
André Steiner, le corps entre désir et dépassement est à voir au Musée d'art et d'histoire du judaïsme jusqu'au 22 septembre.
Ci-dessous, en plus des belles photos d'André Steiner, trois magnifiques pièces du Musée : un Chagall, un Vuillard et un dessin d'Alphonse Levy.