Une réinvention flamboyante de l’univers de Dickens
Dans le classique de Charles Dickens Oliver Twist, Jack Dawkins était l'apprenti pickpocket le plus doué de la bande d'enfants voleurs du redoutable Fagin. Jusqu'à ce qu'il tombe aux mains de la police pour une modeste tabatière. Après avoir livré un vibrant réquisitoire contre une justice de classe, le gamin des rues du Londres victorien était expédié dans une colonie pénitentiaire en Australie, et le roman n'en faisait plus mention. Un vide dans lequel s'engouffre avec malice cette série qui imagine les péripéties du filou à l'âge adulte. Après être passé par la marine, Jack Dawkins est désormais un chirurgien très doué qui ampute, recoud, remet en place les fractures dans un XIXe siècle qui ne connaît ni l'asepsie ni l'anesthésie. Il excelle dans l’exercice grâce à ses mains habiles, aussi utiles équipées d’un scalpel que pour détrousser les passants dans sa jeunesse. Ni noble, ni lucrative, la chirurgie est loin de bénéficier de la considération dont elle dispose aujourd’hui. Au point de contraindre le héros à mener une double vie pour boucler ses fins de mois, d'autant qu'il a gardé un vice pour le jeu et se retrouve endetté après quelques parties de cartes. L'une des réussites de la série en huit épisodes est le personnage de la fille du gouverneur, rebelle et avant-gardiste, passionnée par la science, qui ambitionne d'être chirurgienne mais sa condition de femme l'en empêche. En filigrane émerge un état des lieux édifiant de la pratique de la médecine en 1850. Spectacle comme un autre : les curieux payent pour assister à une intervention sanglante. Les paris sur l'issue et la rapidité de la procédure sont ouverts. Le Renard, prince des voleurs, dont le titre n'est pas très heureux et surtout pas en cohérence avec le contenu de la série, rappelle aussi le statut de bagne à ciel ouvert de l'Australie, terre d'exil des criminels et des damnés britanniques. Elle permet également de faire un sort à l’image misérabiliste trop souvent associée à Charles Dickens, en rappelant combien son œuvre sociale est aussi traversée par un humour redoutable. Cette série australienne s’empare des motifs de l'auteur britannique, comme son horreur pour les injustices de la société victorienne, en empruntant un virage pop réjouissant. Rythmée, vive, dialoguée avec esprit et composée avec fantaisie, elle offre un terrain de jeu merveilleux à une troupe de comédiens qui se démène avec un bonheur manifeste et communicatif.
Le renard : prince des voleurs est à voir ici sur Disney + pour 5,99 € avec pub ou 8,99 € sans pub, un mois sans engagement.
Ci-dessous la bande-annonce en anglais, mais sur Disney + on peut voir la série en VO sous-titrée.