Entre chaos et humour
George Miller reprend du service pour la cinquième fois à la tête de la saga Mad Max, qu'il a inaugurée en 1979, avec une fraîcheur et une énergie de jeune homme, à 79 ans. Furiosa comporte son lot d'actions, de poursuites et d'idées de mise en scène, mais c'est aussi un film plus féminin que les précédents où Max est totalement absent. Ce qui n'empêche pas une orgie de pirates de l’asphalte et un carnaval punk de cuir et de prothèses… George Miller se jette joyeusement dans la roue du grand guignol, s’autorisant même davantage d’humour avec le personnage de despote complètement secoué interprété par Chris Hemsworth, une sorte de leader populiste, cabotin en diable. Les cascades défient encore plus les lois de la pesanteur, Anya Taylor-Joy, en amazone mutique mais flamboyante, assure un bon nombre d'entre elles avec une belle énergie et face à elle, Chris Hemsworth s'en donne à cœur joie en salaud de fin du monde. À travers la Terre verte, le jardin d’Éden disparu que l'on voit au début du film, le metteur en scène nous offre ensuite une projection du reflet de notre planète ou de ce que nous en avons fait. Sa saga sculpte une humanité rendue sauvage par la raréfaction des ressources. On s'étripe pour du pétrole, on s'éviscère pour de l'eau potable. Le commerce n'existe plus, tout échange n'est que piraterie. Sur la Terre cramée, la démocratie est morte avec l'environnement. Des despotes ont embrigadé les plus désespérés, transformés en kamikazes à grand renfort de discours grandioses et de promesses illusoires. Du côté de la réalisation, les impressionnantes scènes d’action sont très découpées mais restent toujours lisibles, loin du hachis de la grande majorité des blockbusters. Ancien médecin, le cinéaste sait mieux que personne conjuguer avec maestria mécanique et organique, ce qui rend Furiosa bien plus vivant qu’un Marvel.