Le courage récompensé
La militante et journaliste iranienne de 51 ans, Narges Mohammadi, a reçu le prix Nobel de la paix ce 6 octobre, alors qu’elle se trouve derrière les barreaux en Iran, où elle est injustement incarcérée depuis 2021 en raison de ses activités militantes en faveur des droits humains et son combat contre l'oppression des femmes. Depuis des années, elle déploie toute son énergie pour attirer l’attention sur la situation désastreuse des droits humains en Iran. Même depuis sa cellule, elle a condamné la répression sanglante des manifestations d’ampleur nationale, appelé à abolir la peine de mort et à interdire le placement à l’isolement, et dénoncé les violences sexuelles infligées aux manifestantes en détention. Dans une démarche cruelle illustrant l’inhumanité au cœur des méthodes visant à réprimer les voix critiques, les autorités iraniennes soumettent Narges Mohammadi depuis des années à des violations des droits humains : torture, menaces de mort et privation de soins médicaux spécialisés notamment. Elles vont jusqu’à l’empêcher de voir ses deux enfants. Malgré l’immense prix à payer, les manœuvres incessantes pour la réduire au silence et la perspective d’une vie derrière les barreaux, Narges Mohammadi continue avec courage de réclamer le changement pour toutes les femmes, tous les hommes et tous les enfants d’Iran. La reconnaissance que lui accorde le comité du prix Nobel adresse un message clair aux autorités iraniennes : la répression contre les détracteurs et les défenseurs des droits humains pacifiques ne passera pas inaperçue. La communauté internationale doit redoubler d’efforts et se mobiliser pour la libération immédiate et inconditionnelle de Narges Mohammadi, et celle de toutes les femmes et de tous les hommes injustement incarcérés pour avoir exercé sans violence leurs droits fondamentaux, notamment dans le sillage du mouvement ” Femme, Vie, Liberté ” de 2022. Narges Mohammadi a reçu au parloir de la sinistre prison d’Evin à Téhéran la visite de sa sœur, et elle lui a dicté le message suivant : «Je n’arrêterai jamais de lutter pour l’instauration de la démocratie, de la liberté et de l’égalité. Il est certain que le prix Nobel de la paix va me rendre plus résistante, plus déterminée, plus optimiste et plus enthousiaste sur cette voie, et il va accélérer mon pas. Je resterai en Iran, je continuerai ma lutte civique pour les opprimés et contre nos institutions répressives, même si je dois passer le reste de ma vie en prison. Aux côtés de toutes les mères courageuses d’Iran, je continuerai à me battre contre les incessantes discriminations, tyrannies et oppressions sexistes par ce gouvernement religieux répressif jusqu’à la libération des femmes.»